Que nous réserve le nouvel album des Strokes ?
Plus de sept ans après la sortie de “Comedown Machine”, leur dernier album – soit une éternité dans le monde de la musique –, les Strokes reviennent avec “The New Abnormal”. Un opus qui oscille entre sonorités eighties et retour à l’essence même du groupe – le rock garage en vogue à l'aube des années 2000.
Par Lolita Mang.
2001 : voilà dix ans que le rock a lentement laissé place à l'électro dans le paysage musical. Une décennie avant la folie des “baby rockeurs”, les Strokes débarquent avec Is This It, un premier album qui devient instantanément culte – il s’écoule à plus d’un million six cent mille exemplaires. Presque vingt ans plus tard, de retour à Paris le temps d'une date à l'Olympia en février dernier, force est de constater que la recette veste en cuir et pantalons moulants fonctionne toujours : les mines dans le public sont épanouies, les tee-shirts sont trempés de sueur.
Avec des membres occupés à différents projets parallèles, le groupe n’avait plus rien sorti depuis l’excellent EP Future Present Past (2016). Le dernier long format, Comedown Machine, date quant à lui de 2013. Depuis, plus grand chose, jusqu’à un retour inattendu avec le très surprenant At The Door, comme tout droit sorti de l'univers de MGMT, où les synthétiseurs sont préférés aux guitares. À la réalisation du clip psychédélique qui accompagne le morceau, on retrouve avec une surprise feinte Mike Burakoff, réalisateur de la vidéo de When You Die de… MGMT. À peine quelques jours plus tard, les Strokes reviennent cette fois avec un titre bien plus rock : Bad Decisions, très inspiré du tube de Billy Idol de 1981, Dancing With Myself. Mais la ressemblance n’a rien d’étrange. Le chanteur des années 80 est aux crédits du morceau, aux côtés du producteur Rick Rubin (Kanye West, Eminem, Jay-Z…).
The New Abnormal se dévoile dans un premier temps avec une pochette qui emprunte directement à Jean-Michel Basquiat, et plus précisément encore, à la toile Bird on Money. Une première porte d’entrée dans la décennie 80, qui se retrouve dans quelques morceaux emblématiques du disque, comme Brooklyn Bridge to Chorus, avec encore une fois, ce fameux synthétiseur bondissant. La voix déjà corrosive de Julian Casablancas a eu le temps de vieillir, ce qui donne aux morceaux un aspect résolument authentique, comme un bon vin qui aurait pris le temps de maturer. Une fragilité dans le chant que cristallise l’ultime titre de l’album, Ode To The Mets, où la voix hésite et tremble, pour mieux se lamenter.
Le disque signe un retour aux sources pour Julian Casablancas et sa bande de mécheux. Débutant sur le solaire The Adults Are Talking, l’album revient aux textures rock qui ont fait le succès du groupe, brutes, effrontées et sans concession, menées par la guitare de Nick Valensi. Les riffs de guitare sont toujours rois, jusqu’au morceau le plus mélancolique de l’opus, Not The Same Anymore où Julian Casablancas se lance dans une tentative de séduction plus ou moins désespérée (“You are strange /But I like you”, “Tu es étrange/Mais je t'aime bien”), avant que le titre ne s’achève sur une batterie aux rythmes plus doux. The New Abnormal mêle ainsi le son râpeux et savamment poussiéreux des débuts du groupe avec des compositions plus douces, conçues comme des ballades presque pop, à l’image d’Eternal Summer.
The New Abnormal (2020) des Strokes, disponible demain.