L’artiste Kehinde Wiley convoque les visages du monde entier à Cannes
Jusqu'au 1er novembre prochain, le portraitiste officiel de Barack Obama Kehinde Wiley nous donne rendez-vous au Centre d’Art de La Malmaison à Cannes pour sa toute première exposition personnelle de cette envergure en France. Intitulée “Kehinde Wiley : Peintre de l’épopée”, l’exposition retrace le travail plastique de l’artiste peintre américain et son regard incisif sur les représentations du pouvoir dans l’histoire de l’art.
On ne présente plus, ou presque, l’œuvre de Kehinde Wiley. Dans de grands formats qu'il agrémente de couleurs saillantes et de motifs baroques, l’artiste américain réalise des portraits ultra-réalistes d’hommes et de femmes du quotidien. Vitraux, huiles et émaux sur toile… au total trente œuvres siègent actuellement au Centre d’Art de La Malmaison à Cannes pour une exposition dédiée au peintre californien, visible jusqu’au 1er novembre prochain. Intitulée Kehinde Wiley : Peintre de l’épopée, l’exposition est la première de cette ampleur hors galerie pour le portraitiste en France, exclusivement conçue autour de son travail à travers une sélection de 25 oeuvres.
Né à Los Angeles il y a 43 ans dans un milieu défavorisé, Kehinde Wiley a toujours fait de l’art un outil pour conter des histoires. Une esthétique inimitable et un talent certain qui lui ont ouvert les portes de la prestigieuse université de Yale dont il est diplômé, des plus grandes institutions artistiques et politiques – il réalise le portrait officiel de l’ancien président Barack Obama en 2018 et est fait chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2020 – mais lui ont également valu le soutient infaillible du galeriste baron de l’art contemporain new-yorkais Jeffrey Deitch. Puisant son inspiration dans les toiles des grands maîtres de la Renaissance et du classicisme, tels que David, Le Titien ou encore Ingres, et dans les productions artistiques populaires des quatre coins du monde, Kehinde Wiley cultive un art narratif alternatif où l’histoire personnelle se mêle à la Grande Histoire.
C’est ce qu'illustre notamment son huile sur toile intitulée Bonaparte in the Great Mosque of Cairo (2012), qui met en scène un jeune homme noir, debout en majesté dans son jean gris et sa veste molletonnée à fourrure noire, regard posé sur le visiteur, bras ouverts vers le ciel et tenant dans sa main droite un téléphone portable type Nokia. Réalisé en motif wax, l’arrière-plan vient à la fois soutenir et prendre doucement le dessus sur ce Bonaparte contemporain. Avec le vitrail St. Mary (2016), Kehinde Wiley pousse la réécriture d’un héritage culturel et religieux à son paroxysme. Dans la forme classique et ancestrale qu’est le vitrail, il dépeint une Vierge à l’enfant d’un nouveau genre, la mère étant vêtue d’une paire de jeans moulant et de bottes à talons, tandis que son fils Jésus s’est désormais métamorphosé en petite fille.
Parmi les œuvres exposées au Centre d'Art de La Malmaison, les visiteurs pourront également retrouver certaines des toiles présentées lors de l’exposition Tahiti – Kehinde Wiley à la Galerie Daniel Templon en juillet 2019, où se lit un véritable hommage à la communauté millénaire polynésienne des māhū. Toutes s’inscrivent dans le projet The World Stage lancé par le peintre en 2006, qui consiste en un tour du monde des représentations culturelles. Rio, Tel Aviv, Lagos, Dakar, New Delhi… Kehinde Wiley organise des castings sauvages et raconte des histoires ordinaires, si peu présentes des toiles classiques dont il s’inspire. Une épopée plastique qu'il poursuit encore aujourd'hui, promettant d'explorer prochainement de nouveaux territoires.
L'exposition Kehinde Wiley : Peintre de l'épopée, du 10 juillet au 1er novembre 2020 au Centre d'Art de La Mailmaison à Cannes.