Chanteur

Damso

Le Belge Damso est le rappeur francophone le plus écouté au monde. Actif depuis 2006, il a peu à peu gravi les échelons : il fut, un temps, le protégé de l’icône du rap Booba, avant de tracer son propre chemin et de s’emparer lui-même du statut de superstar. Son dernier album, “QALF Infinity”, sorti en avril 2021, a battu des records sur la plateforme de streaming Spotify avec seize millions d’écoutes en un jour. Avant de lancer la carrière d’autres artistes, Damso a collaboré avec les plus grands noms du rap français. En 2015, lorsqu’il est signé sur le label 92i – cofondé par Booba –, il collabore en toute logique avec ce dernier. Mais William Kalubi Mwamba, de son vrai nom, a également travaillé avec Hamza, Vald, Lacrim, Orelsan, Nekfeu, Laylow, Aya Nakamura… et même la chanteuse pop Angèle, qu’il a lui-même propulsée sur le devant de la scène en invitant la sœur cadette de Roméo Elvis pour ses premières parties dès 2017. Aux Victoires de la musique, en 2019, il réalise une belle performance : il est nommée, avec son featuring pour Orelsan sur le titre “Rêves bizarres”, dans les catégories “chanson originale” et “création audiovisuelle”, mais c’est surtout avec son troisième album studio “Lithopédion” qu’il triomphe en remportant le trophée envié d’“album rap de l’année”.

Damso par Thibaut Grevet pour Numéro magazine

L’enfance de Damso dans un pays en crise, le Zaïre

 

Né en 1992 au Zaïre (l’actuelle République démocratique du Congo), d’une mère sociologue et d’un père cardiologue, Damso ne connaît pas ce que l’on pourrait appeler une enfance heureuse. Avant de quitter le pays à l’âge de 9 ans, il grandit dans un pays en guerre, où les tirs, les pillages et le bruit de l’impact des balles sur un corps humain font partie du quotidien. Arrivé très jeune en Belgique, il s’installe d’abord, avec sa famille, à Kraainem, en périphérie de Bruxelles. Là, il connaît le racisme, la violence constante et les insultes de “sale Noir”…  À 22 ans, il rejoint la capitale belge et vit pendant trois ans dans le quartier congolais de Matonge. C’est là qu’il commence le rap avec des amis, pour le plaisir, avant d’être repéré par la superstar et ex-membre du duo Lunatic, Booba…

 

 

Les débuts ultra prometteurs de Damso grâce à Booba

 

En 2015, Damso explose sur les devants de la scène musicale à la sortie de “Poséidon”, un morceau apparaissant sur la mixtape “OKLM” de Booba. L’engouement est immédiat. Damso entre dans le collectif de musique 92i, qui est aussi un label affilié à Universal Music. Ce contrat lui permet de publier, en 2016, son tout premier album, “Batterie Faible”, aujourd’hui considéré comme un classique du rap. Avec ses paroles crues et souvent pessimistes, sa vision de la vie souvent nihiliste et ses allusions à la dépression, à l’inceste, à la pédophilie et aux failles des régimes politiques, Damso se démarque très vite des autres rappeurs apparus dans les années 2010, dont PNL ou Ninho. Eux ont pour habitude de se vanter sur les sommes d’argent mirobolantes qu’ils gagnent, Damso, lui, préfère rapper sur ses relations contrariées avec les femmes…

 

 

Damso par Thibaut Grevet pour Numéro magazine

Damso, un rappeur parfois controversé

 

Ce sont justement ses textes sur la gent féminine qui lui valent, dès 2017, de se retrouver au cœur d’une polémique retentissante. En effet, son morceau “Amnésie”, où il évoque et où il raconte le suicide de l’une de ses anciennes petites amies et raconte qu’il “fume pour oublier qu’[il l’a] tuée” fait le buzz. Il est ensuite taxé, pour les paroles de son deuxième album “Ipséité” (2017), de misogyne, et accusé, par le Conseil des femmes francophones, de faire l’apologie de la violence et du sexisme… Des reproches qui lui valent, en 2018, d’être écarté par la Belgique après que le pays lui ait demandé de composer l’hymne des Diables Rouges pour la Coupe du monde de football. Depuis, le fan de Mylène Farmer a décidé de prendre le contre-pied de ces accusations et de lire des autrices féministes, dont Simone de Beauvoir, Virginie Despentes et Hannah Arendt…

 

 

La consécration de Damso en tant que rappeur francophone le plus écouté au monde

 

Malgré ces accusations, Damso, avec ses cinq albums plusieurs fois certifiés disques de diamant, s’est hissé au rang de rappeur francophone le plus écouté au monde. En plus de s’être bâti une solide fan base et une réputation, au fil des années, de sage et de géant à la sérénité olympienne, le Belge attire les plus grandes stars de l’industrie musicale. Tous ont envie de collaborer avec le rappeur qui n’hésite pas à se confier, dans ses titres, sur sa difficulté, lorsqu’il était jeune, à s’insérer dans la société – lui qui a connu l’opulence dans son pays d’origine, la République démocratique du Congo, avant de côtoyer l’extrême pauvreté en Belgique. C’est avec l’une de ses homologues, Angèle, dont il a lancé la carrière en 2017 lorsqu’il l’a invitée à faire ses premières parties, qu’il collabore, en 2021, sur le titre “Démons”, présent sur l’album de la chanteuse déjà devenue une pop star. Le morceau se classe tout de suite en tête des charts. L’artiste a aussi travaillé avec des vétérans du rap, comme Disiz et Lacrim, des superstars qui explosent, elles aussi, tous les records, comme Aya Nakamura et Nekfeu et même des artistes internationaux comme Selah Sue. Et tandis qu’il est actuellement en tournée pour son dernier album QALF Infinity, Damso, qui possède d’ailleurs, comme Frank Ocean, sa propre radio sur Apple Music intitulée TheVie (du nom du label et collectif qu’il a lancé avec son manager Ritchie Santos) projette, ensuite, de partir faire le tour du monde en camping-car avec son fils Lior (“lumière” en hébreu) pour s’évader de son quotidien de célébrité – qu’il compare d’ailleurs à un “milieu carcéral”.