Chanteur

MC Solaar

C’est le maître des maîtres du rap français : toutes les musiques de MC Solaar (de son vrai nom Claude M’Barali) ont été un succès depuis ses débuts dans les années 1990. Né en 1969, il se fait connaître à l’âge de 21 ans grâce à son premier single Bouge de là, dont le succès est tel qu’il se produira en première partie du groupe américain De La Soul à l’Olympia l’année suivante. Dès lors, MC Solaar enchaîne les réussites : son premier album Qui sème le vent récolte le tempo (1991) et son deuxième, Prose combat (1994), sont primés disque et double-disque de platine, de même pour son 6e, son 8e… et enfin son dernier, Géopoétique, sorti en 2017 après dix ans d’absence. Une carrière émaillée de triomphes, unique dans le paysage du rap français : car si le chanteur doit sa réussite à ses textes poétiques et rythmés, il s’inscrit totalement à contre-courant des autres rappeurs de sa générations comme le duo de rappeurs NTM ou encore Tupac aux États-Unis, dont les chansons visent à interpeler l’opinion publique quitte à la choquer.

Le rappeur MC Solaar en 2022 par Jean-Baptiste Mondino pour Numéro Magazine

MC Solaar, des bancs de la fac aux studios, récit d’une ascension

 

Né au Sénégal, MC Solaar grandit en région parisienne, où sa famille s’installe après avoir fui les troubles politiques du Tchad. Alors qu’il est étudiant en langues et philosophie à la faculté de Jussieu, il essaye ses premiers textes sur Radio Nova et rejoint le collectif de hip-hop Posse 501 réunissant des jeunes artistes du Val-de-Marne. Nourri par ses études et sa grande curiosité, le rappeur peaufine ses textes jusqu’à signer son premier tube, Bouge de là en 1990, puis Caroline en 1991, et continue par la suite de proposer des compositions dont l’inventivité et la richesse linguistique surprennent mais aussi, et surtout, plaîsent beaucoup : il impose la rhétorique dans ses vers slamés et y insuffle de la poésie avec une voix assurée. Pour son premier album, Qui sème le vent récole le tempo, le rappeur confie, dans une interview pour Numéro, avoir fait venir en studio “tous les rappeurs que j’avais connus dans le métro, dans le RER, dans les sound systems”, réunissant ainsi toutes ses inspirations dans un melting-pot inédit. S’enchaînent alors les tournées, d’Afrique de l’Ouest jusqu’en Russie en passant par l’Europe, ainsi que les collaborations, notamment outre-Atlantique avec le rappeur américain Guru en 1993 pour Le bien, le mal, ou encore en France pour la bande originale du film Disney Le Bossu de Notre-Dame avec la chanteuse Ophélie Winter (Un jour, 1996), dont il partage la vie entre 1995 et 2000.

 

Le rappeur MC Solaar en 2022 par Jean-Baptiste Mondino pour Numéro Magazine

MC Solaar versus Universal Music

 

Au sommet de sa gloire, MC Solaar entre en conflit avec sa maison de disques Polydor (filiale du groupe Universal Music) en 1997 concernant la sortie de son troisième album, qu’il envisage comme un double album, mais que la production publiera en deux temps : Paradisiaque (1997) et MC Solaar (1998). L’affaire est portée en justice par l’artiste, qui obtient gain de cause au bout de quatre années de procès. Dès lors, le contrat liant MC Solaar à la maison de disques est rompu. Polydor se voit interdire d’exploiter les trois premiers albums de l’artiste, mais MC Solaar lui-même perd les droits de commercialiser ses chansons. Depuis cette décision de justice, les albums Qui sème le vent récolte le tempo (1991), mais aussi Prose Combat (1994) – pour lequel MC Solaar a pourtant obtenu deux Victoires de la musique, celles d’Artiste interprète masculin de l’année et de Meilleur clip vidéo (avec le titre Nouveau Western) –, et enfin Paradisiaque (1997) sont restés introuvables dans les bacs et n’ont jamais été diffusés sur les plateformes de streaming. Ce n’est que le 9 juillet 2021 que leur réédition a été annoncée, au grand bonheur des fans de rap français. Ces démêlés juridiques n’ont pas empêché MC Solaar de poursuivre sa route pavée d’étoiles. En concert à l’Oympia le 11 mai 1998, il enregistre son premier album live Le Tour de la question (qui deviendra double-disque d’or). La même année, il reçoit la Grand médaille de la chanson française par l’Académie française. Sa renommée n’est plus à faire.