Avec Iron Claw, Jeremy Allen White et Zac Efron mettent la concurrence au tapis
Iron Claw, qui sort au cinéma ce mercredi 24 janvier 2024, raconte l’histoire vraie (et tragique) d’une famille de catcheurs des années 80, en proie à une malédiction. Avec son casting musclé (Jeremy Allen White, Zac Efron) et sa photographie vintage, cet uppercut est le premier grand film de ce début d’année.
par Violaine Schütz.
En 2009, le réalisateur Darren Aronofsky (Black Swan) frappait très fort avec un film sublime sur le spectacle sportif le plus télégénique au monde : The Wrestler. On y suivait la vie (miteuse) d’une ancienne star très abîmée du catch des années 80, Randy Robinson, se produisant, vingt ans après son moment de gloire, dans des salles de seconde zone et tentant de renouer avec sa fille. Le long-métrage, porté par la performance bouleversante de Mickey Rourke, offrait un parfait mélange d’émotion et de scènes de combat épiques.
Quelques années plus tard, Foxcatcher (2015) mettait en scène une autre montage de muscles au regard désarmant – Channing Tatum – en champion de lutte dans une histoire mêlant tragique et comique (la prothèse nasale de Steve Carell incarnant un milliardaire excentrique).
C’est cette alchimie – entre profondeur, testostérone et ambitions picturales – qu’essaie de reproduire le biopic Iron Claw du réalisateur indépendant Sean Durkin (Martha Marcy May Marlene, The Nest), qui sort ce mercredi 17 janvier au cinéma. Et le film bénéficie d’emblée d’un matériau de choix : une histoire vraie passionnante (déjà contée par de nombreux documentaires), celle du clan Von Erich.
Iron Claw est-il le meilleur film sur le catch ?
Dans les années 80, cette famille était composée de champions de catch professionnel. Mais si le succès était au rendez-vous sur le ring, une malédiction semblait poursuivre les Von Erich et les mettre KO un à un. Entraînés par un père ex-catcheur tyrannique (à qui l’on doit la prise de « la griffe de fer »), les quatre frères texans Von Erich vont avoir, toute leur vie, pour mission de remporter des prix que ce dernier n’a pas réussi à avoir. Pour lui, il n’y a qu’un seul but dans la vie : être le meilleur, peu importe ce qu’on y laisse côte santé (mentale).
Mais les drames (accident, coma, mort prématurée, suicide) vont marquer leurs destinées à la manière d’une tragédie grecque ou d’un true crime particulièrement sanglant. Face aux coups du sort, les frères vont rester unis, trouvant un grand réconfort en s’amusant et en luttant ensemble tels d’éternels enfants. Un lien indélébile, malgré l’esprit de compétition (entretenu par le père, chantre de la virilité toxique), qui est l’une des grandes forces d’Iron Claw.
Un casting poids lourd avec Jeremy Allen White, Zac Efron et Lily James
L’autre atout charme d’Iron Claw, c’est son casting poids lourd. Tous les acteurs choisis par Sean Durkin impressionnent. Zac Efron, métamorphosé en lutteur à la masse musculaire spectaculaire , fait complètement oublier le joli garçon lisse d’High School Musical et Jeremy Allen White, héros multi-récompensé de The Bear, égérie Calvin Klein dénudée et chouchou d’Hollywood, a pris 18 kilos de muscles pour l’occasion et tient ici son meilleur rôle à ce jour. Quant à Harris Dickinson (Sans filtre), Lily James (Pam and Tommy, Baby Driver), Maura Tierney (The Affair) ou encore le ténébreux Holt McCallany (Mindhunter)… Tous brillent dans le registre de la comédie comme dans celui du pathos.
Il faut ajouter à ces réussites une photographie vintage à la fois kitsch et sublime et des séquences de catch très réalistes (et souvent hilarantes) ainsi que des moments de pure romantisme (entre le maladroit et timide Zac Efron et l’irrésistible et très frontale Lily James), qui font de cette production A24 un petit bijou. Seul regret ? Que les ressorts psychologiques de l’éducation paternelle malsaine aux conséquences néfastes ne soient pas aussi traités avec autant de soin que les scènes de lutte, théâtrales à souhait. Pour le reste, Iron Claw est l’un des plus beaux films sur les dessous sombres du sport, du divertissement et du rêve américain ainsi que sur la masculinité toxique et l’emprise, que l’on ait vus ces dernières années.
Iron Claw (2024) de Sean Durkin, avec Zac Efron, Jeremy Allen White et Lily James, au cinéma le 17 janvier 2024.