
8
Yves Saint Laurent
Yves Mathieu-Saint-Laurent, plus connu sous le nom d’Yves Saint Laurent ou YSL, est né le 1er août 1936 à Oran et s’est éteint le 1er juin 2008 à Paris. Grand couturier français, il a signé des collections de haute couture qui ont profondément marqué l’histoire de la mode au XXe siècle.
Publié le 8 juillet 2025. Modifié le 9 juillet 2025.

Les débuts de Yves Saint Laurent
Dès son premier souffle créatif, Yves Saint Laurent a bouleversé les codes établis. Non pas par violence, mais avec grâce. Toutefois, il n’a pas simplement habillé les femmes : il les a réinventées. Alors que la couture parisienne vivait encore à l’heure du corset et du clinquant, lui a su lui tendre un miroir. Un miroir dans lequel se reflétaient à la fois la rue, les muses et les mouvements d’émancipation.
Il faut dire que son ascension, dès l’adolescence, portait déjà les signes du génie. De fait, d’Alger à Paris, des cahiers griffonnés au studio Dior, tout allait vite. Trop vite, peut-être. Cependant, ce feu sacré, ce désir de créer, le portait au-delà des attentes.
Le prodige de Dior, l’enfant terrible du renouveau
Lorsque Christian Dior meurt subitement, en 1957, Yves Saint Laurent n’a que 21 ans. Pourtant, il prend la tête de la maison avec une audace vertigineuse. En effet, son premier défilé en tant que directeur artistique révèle une silhouette plus fluide, plus jeune, presque irrévérencieuse. Ainsi, il devance Mai 68 sans le savoir. Grâce à lui, la mode cesse d’être un carcan. Elle devient manifeste.
Mais bientôt, la guerre d’Algérie, les tensions politiques et les intérêts économiques l’éjectent du trône. En 1960, il est licencié. Ce que d’autres auraient vécu comme un échec, il le transforme néanmoins en promesse.
La naissance d’un empire à son image

Aux côtés de Pierre Bergé, son alter ego professionnel et compagnon de route, Yves Saint Laurent fonde sa propre maison de couture. D’emblée, la première collection, en 1962, est un coup d’éclat. Dès lors, tout s’enchaîne. Les smoking pour femmes, les sahariennes, les cabans — chaque vêtement devient une déclaration.
Il ne se contente pas de dessiner. En revanche, il provoque, dérange, désire. Et surtout, il impose une autre manière d’être femme. Plus forte, plus libre, plus androgyne parfois. D’ailleurs, il y a chez lui une lucidité rare sur les mutations sociales. Par conséquent, il sent les énergies, les ruptures, les tensions. Il les traduit en étoffes, en lignes, en silhouettes.
Yves Saint Laurent et les femmes : une déclaration d’amour
Loin de n’être qu’un couturier, Yves Saint Laurent a été un passeur d’âme. De surcroît, il a compris que les femmes ne voulaient plus simplement séduire, mais exister. Catherine Deneuve, Loulou de La Falaise, Betty Catroux, Paloma Picasso… elles ne furent pas que ses égéries. En réalité, elles furent ses doubles, ses éclaireuses, ses voix.
Chaque collection dialoguait avec son époque. Le vestiaire masculin réinventé pour les femmes, la transparence assumée, le corps révélé mais jamais réduit : autant de gestes politiques sous couvert d’élégance. Car derrière les brocards, les coupes impeccables et les références picturales, il y avait toujours un souffle militant. Discret, certes, mais viscéral.
L’art et l’ailleurs comme sources de vie

Il serait réducteur de parler de Yves Saint Laurent sans évoquer son amour de l’art. Mondrian, Matisse, Picasso, mais aussi l’Orient, l’Afrique, Marrakech. Ses créations ne sont pas de simples clins d’œil culturels : au contraire, ce sont des immersions profondes.
En effet, il transpose les aplats de Mondrian en robes géométriques. Il convoque les couleurs d’Yves Klein ou les textures de Braque avec une subtilité sans égale. En anticipant le métissage, la transversalité, l’hybridité, il s’inspire de tout sans jamais tomber dans l’appropriation. Ainsi, son vestiaire devient musée, manifeste, mosaïque. Il dit que la mode est aussi un langage plastique, un territoire d’influence croisée.
Les années sombres et la lumière persistante

Malgré les succès, les années 1980 et 1990 sont traversées par des tempêtes intérieures. Yves Saint Laurent, hypersensible, vacille. Les addictions, la dépression, la fatigue du génie pèsent lourdement. Néanmoins, même dans ces moments-là, il continue à créer. À éblouir. À imposer sa voix.
La rétrospective de 1983 au Metropolitan Museum de New York le consacre vivant. Une première. Pourtant, il sait que le temps change. Que la mode se mondialise, s’accélère. En 2002, il tire sa révérence. Le dernier défilé haute couture est un adieu en forme d’hommage. Un souffle suspendu.
Un héritage vivant, incarné, respecté
Aujourd’hui, la maison Yves Saint Laurent perdure. D’abord sous la direction d’Hedi Slimane, puis d’Anthony Vaccarello, elle reste l’un des piliers de l’esthétique contemporaine. Même si la ligne a évolué, même si les rythmes ont changé, l’esprit YSL demeure intact.
Le smoking noir, la blouse transparente, la palette de couleurs chaudes, les contrastes forts — tout cela continue d’habiter les collections. Non pas comme des reliques, mais comme des rémanences. Yves Saint Laurent n’a jamais été figé. Son œuvre vit, justement parce qu’elle respire encore avec son temps.
Il ne s’agit pas uniquement de vêtements. Mais d’une philosophie. D’un geste. D’un regard porté sur le monde et sur soi. Yves Saint Laurent a osé dire qu’on pouvait être fragile et puissant, élégant et rebelle, féminin et politique.
Il a offert aux femmes, et au monde, un langage de liberté. Non seulement à travers les tissus, mais également à travers une posture. Une audace. Un goût du risque. Et une inlassable curiosité pour la beauté — même imparfaite.
La permanence d’un souffle
On pourrait croire que la mode est éphémère. Que tout passe, tout se dilue. Mais certains noms s’ancrent. Ils deviennent repères. Yves Saint Laurent est de ceux-là.Il a traversé les époques sans jamais se trahir. Il a aimé sans mesure. Il a souffert sans le cacher. Et surtout, il a créé sans relâche. Aujourd’hui, ses créations, ses lignes, ses pensées résonnent toujours. Car derrière la mode, il y avait un homme. Et derrière l’homme, un feu. Qui ne s’est jamais éteint.