Créatrice de mode

Wales Bonner

Née à Londres en 1992, Grace Wales Bonner fonde sa marque éponyme en 2014 après avoir étudié à Central Saint Martins. Dès ses débuts, elle impose une vision hybride de la mode : entre tailleurs impeccables et références afro-atlantiques. Sa démarche est aussi historique que sensorielle. Elle ne crée pas seulement des vêtements, elle orchestre un dialogue entre cultures.

Publié le 25 juin 2025. Modifié le 14 août 2025.

Les débuts de Wales Bonner

Née à Londres en 1992, Grace Wales Bonner présente son premier défilé en 2014, lors de sa remise de diplôme à la prestigieuse Central Saint Martins. Intitulée “Afrique”, cette collection rend hommage à la Blaxploitation, que la créatrice définit auprès de System Magazine comme “un mouvement des années 70 servant une meilleure représentation des personnes afro-américaines dans les médias”.
Dès cette première apparition, elle affirme l’identité et les valeurs de sa marque. Cette base solide va alimenter sa reconnaissance.

Un parcours jalonné de distinctions

Diplôme en main, elle participe aux concours les plus sélectifs et les remporte. Chaque saison consolide sa réputation, portée par un style précis et documenté. En 2015, elle est remarquée dans la catégorie designer menswear émergente des British Fashion Awards. Ce concours a vu passer des figures majeures comme Jonathan Anderson, lauréat en 2024. En 2016, elle remporte le prix LVMH Jeune Créateur, renforçant sa crédibilité à l’international.

Une esthétique hybride et culturelle

Son travail se distingue par un dialogue constant entre influences afro-atlantiques et héritage britannique. Elle mêle tissus nobles, tailleurs précis et références à la musique, à la littérature et à l’histoire. Chaque détail raconte une histoire. En 2021, le CFDA (Council of Fashion Designers in America) la sacre designer menswear internationale de l’année. Aujourd’hui, elle collabore avec de grandes maisons tout en conservant un langage esthétique unique. Ses pièces deviennent des manifestes visuels, ancrés dans la mémoire collective et ouverts sur le monde.

Wales Bonner : Un style narratif et conceptuel

Un langage inspiré par la mémoire diasporique

À travers ses collections, Grace Wales Bonner explore les héritages culturels et spirituels des communautés africaines, afro-américaines et afro-caribéennes. Nourrie par une riche mémoire diasporique, elle puise dans la littérature, la musique et l’histoire pour façonner un langage visuel singulier. L’écrivain Ishmael Reed occupe ainsi une place centrale dans sa collection automne-hiver 2019. Son nom apparaît brodé sur des tuniques, tandis que le titre de son ouvrage Mumbo Jumbo (1972) donne son nom à la collection. Chaque pièce devient un hommage à la force créative des figures noires.

De la mode aux espaces d’exposition

En 2019, elle inaugure A Time For New Dreams à la Serpentine Sackler Gallery, à Londres. Le titre, emprunté au recueil d’essais de Ben Okri, ouvre un espace où se croisent vidéos, photographies, musique, sculptures et performances live. Cette proposition interroge la place des symboles et des récits africains dans l’imaginaire contemporain. La même année, elle collabore avec Maria Grazia Chiuri pour la collection Resort 2020 de Dior. Ensemble, elles revisitent le tailleur Bar à travers le prisme de la culture nord-africaine. Présentée au Maroc, la collection associe broderies précieuses et tailleurs structurés, mêlant savoir-faire couture et inspiration nomade.

Wales Bonner : des collaborations notoires

L’année 2024 marque une accélération visible pour sa carrière, notamment par le biais de plusieurs collaborations remarquées. Baptisé Jewel, la collection Wales Bonner printemps-été 2025 prend place au sein de la bibliothèque Henri IV à Paris. Ce lieu historique, porteur d’héritage, entre en résonance avec le thème choisi par Wales Bonner : la célébration du tailoring de Grande-Bretagne. Dans le même souffle, Grace Wales Bonner s’associe au chapelier de renom, Stephen Jones, qui intègre un savoir-faire d’exception sur les accessoires, en particulier les broches en diamant aperçues sur diverses silhouettes. Parallèlement, sa nouvelle collaboration avec Adidas Originals, dévoilée fin mai 2025, ravive les classiques de la marque allemande avec des couleurs sobres et des détails nostalgiques. Les sneakers “Karintha Lo” connaissent un succès fulgurant.

Wales Bonner : Un rayonnement pluridisciplinaire

Par ailleurs, l’influence de Wales Bonner ne se limite pas à la mode. En avril 2025, elle organise donc Togetherness, un événement au Guggenheim de New York mêlant performances, films et conférences autour de l’héritage culturel diasporique. Pour célébrer les dix ans de sa marque, elle prévoit un défilé-anniversaire à Paris à l’automne 2025. Chaque initiative vient souligner son désir d’ancrer la création dans un contexte culturel riche et pluriel.

En parallèle de ses créations, elle lance un programme de recherche à l’Université des arts appliqués de Vienne : Between Critique and Hope, destiné à penser la mode comme outil d’émancipation intellectuelle et politique.Ainsi, l’esthétique Wales Bonner incarne l’alliage entre la modernité afro-caribéenne et les racines historiques de cet enchevêtrement culturel.

Sous le raffinement textile et la narration, Grace Wales Bonner impose une exigence nouvelle dans la mode. Elle dépasse l’esthétique pure pour construire un langage culturel. Chaque collection agit comme un récit vivant, reliant l’héritage diasporique aux influences contemporaines.

Elle défend une vision où le vêtement devient un acte politique. Ainsi, elle questionne les représentations, tout en réinventant les codes du tailoring. Son approche associe recherche historique, références littéraires et gestes artisanaux précis. En conséquence, ses créations portent une mémoire collective. Elles inscrivent son travail dans une temporalité longue, capable d’inspirer les générations futures autant que de marquer l’époque présente.