Chanteuse

Pinkpantheress

À peine sortie de l’adolescence, PinkPantheress invente une pop nostalgique, fraîche et incisive. Avec des maquettes de chambre et des extraits cultes, elle réinvente le rythme sur TikTok et impose un style radicalement intime, pourtant universel.

Les débuts de PinkPantheress

Victoria Beverley Walker, alias PinkPantheress, voit le jour le 19 avril 2001 à Bath, dans le Somerset. Fille d’une mère kényane travaillant comme aide-soignante et d’un père anglais professeur de statistiques, elle grandit dans un foyer imprégné à la fois d’affection et de rigueur intellectuelle. Elle a un frère aîné devenu ingénieur du son ; déjà, la musique s’invite donc au cœur de la famille. Très tôt, elle prend des cours de piano. Puis, à 12 ans, elle surprend un auditoire scolaire avec une interprétation habitée de « Stand by Me ». À 14 ans, elle devient chanteuse dans un petit groupe de reprises de rock, où elle instille déjà sa sensibilité. Peu après, elle entre à l’Université des Arts de Londres pour étudier le cinéma. Toutefois, elle abandonne en 2022, convaincue que la musique l’appelle plus fortement et qu’elle doit lui consacrer toute son énergie.

Des débuts numériques et une émergence fulgurante

À 17 ans, sous le pseudonyme PinkPantheress, elle commence à composer des morceaux sur GarageBand, allongée dans son dortoir. Progressivement, elle affine son style et partage ses premiers extraits en ligne. Puis, fin 2020, une courte vidéo postée sur TikTok explose avec plus de 500 000 likes. Dès lors, ses premiers singles — notamment « Break It Off » et « Pain », tous deux construits sur des samples de UK garage des années 1990 — deviennent viraux et atteignent le top 40 au Royaume-Uni. Par conséquent, son univers attire l’attention des labels. Signée chez Parlophone et Elektra, elle sort sa première mixtape, To Hell with It, en octobre 2021. Le projet, fait de mélodies courtes, de « bubblegum breakbeats » et d’une voix éthérée, inaugure sa patte reconnaissable : douce, sarcastique, obsessionnelle et profondément nostalgique.

De la promesse à l’album acclamé

Sélectionnée gagnante du vote BBC Sound of 2022, elle enchaîne ensuite les collaborations et les singles à succès. « Just for Me » et « Pain » marquent le début d’une série de tubes, confirmant sa singularité. En 2022 émerge Boy’s a Liar Pt. 2, remix avec Ice Spice, qui atteint le top 3 du Billboard Hot 100 et marque une percée mondiale. Dès lors, PinkPantheress n’est plus un simple phénomène TikTok : elle devient une voix incontournable de la pop actuelle. Son premier album solo, Heaven Knows, sort en novembre 2023. Produit avec une équipe variée, il propose des morceaux comme « Mosquito », « Capable of Love » et « Nice to Meet You ». Avec un savant assemblage de UK garage, de bedroom pop et de volupté beat, l’album incarne une mélancolie dansante, précisément dosée pour toucher les auditeurs.

Le retour affirmé avec Fancy That

Après avoir remporté le titre de “Producer of the Year” aux Billboard Women in Music 2024, elle ralentit ses tournées afin de préserver sa santé mentale. Cependant, en mai 2025, elle revient avec Fancy That, mixtape affûtée et confiante. En neuf pistes réparties sur 20 minutes, elle assume un son plus mature, ludique et stylé. Elle flirte avec la jungle et le garage, tout en mêlant des samples venus de Basement Jaxx, Panic! at the Disco ou Underworld. Chaque morceau se révèle affirmé, incisif, brillant par sa précision poétique et sa cohérence artistique.

Artiste et influenceuse de sa génération

Sa musique est souvent qualifiée d’« alt-pop » ou de “bedroom pop” pétrie de nostalgie. Elle puise dans le drum’n’bass, le garage UK et l’émo afin de créer un style nouveau, fait de confidences et de samples vintage. Son écriture brève et fragmentée refuse les longueurs, ce qui correspond parfaitement aux formats actuels. Elle cite parmi ses influences Imogen Heap, Lily Allen, Frank Ocean, Michael Jackson, mais aussi le punk emo et la K-pop. Par ailleurs, elle témoigne d’une conscience forte de son identité, en particulier vis-à-vis de ses origines mixtes, dans un paysage musical souvent standardisé. Son anonymat initial devient ainsi un outil de création plutôt qu’un ersatz de mystère.

Parcours scénique éclatant mais prudent

La jeune artiste se fait d’abord remarquer sur TikTok avant d’embrasser les scènes. Elle annule l’ouverture européenne de la tournée d’Olivia Rodrigo en 2024 pour prendre soin d’elle, démontrant un rapport lucide à la célébrité. Ensuite, elle se produit à Glastonbury 2025 avec son titre « Tonight », qu’elle dévoile dans un clip inspiré de la bohème Regency de Bridgerton, viral en quelques heures. Ainsi, elle opère une transition douce entre invisibilité sur les réseaux et présence scénique subtile mais affirmée.

Héritage naissant et position esthétique

Plus qu’un simple phénomène viral, PinkPantheress incarne une mutation de la pop. Elle propose une musique réduite à l’essentiel, synchronisée à l’ère des stories et des partages fugaces. Elle redonne donc du sens à la brièveté, aux silences et aux reprises décalées. Elle démontre aussi que l’émotivité peut s’exprimer dans un format court, instantané et mémorable. De plus, elle redessine le rôle des jeunes femmes de couleur en musique électronique, sans artifices et sans surenchère.

La douce révolution pop

PinkPantheress est plus qu’une artiste pop : elle est une voix de son temps. Par sa poésie, ses samples, ses contradictions possibles et sa discrétion affirmée, elle impose une forme d’émancipation mélodique. À seulement un peu plus de vingt ans, elle incarne déjà une génération d’artistes qui réinvente les codes de la musique en temps réel. Sa trajectoire remet en question la célébrité instantanée tout en y répondant avec élégance et sincérité. En définitive, sa révolution s’écrit comme une revisite douce, semblable à un sample nostalgique, mais percutante comme un breakbeat.