
13
Penélope Cruz
À l’intersection du cinéma d’auteur européen et des tapis rouges internationaux, Penélope Cruz incarne une présence incandescente — farouche et élégante. Actrice oscarisée, muse inséparable de Pedro Almodóvar, égérie insaisissable de Chanel, elle compose une trajectoire où le glamour s’incline devant la gravité. Son nom, désormais, ne désigne plus seulement une filmographie : il devient une manière d’habiter le monde.
Publié le 13 juin 2025. Modifié le 16 juin 2025.
Les débuts de Penélope Cruz
Au croisement du réalisme sensoriel et du mélodrame incandescent, Penélope Cruz éclot à l’écran avec une intensité rare. Née à Alcobendas, en banlieue madrilène, elle se forme d’abord à la danse classique. Elle bifurque ensuite vers le théâtre et le cinéma. Très vite, son regard profond, chargé de silences, impose une présence qui transcende les mots. C’est Pedro Almodóvar qui, le premier, saisit la richesse de cette énergie latente. Dès Carne Trémula (1997), il en révèle la sensualité grave, la faille lumineuse.
Ensemble, ils bâtissent un langage unique. Un lien organique irrigue Tout sur ma mère, Volver — qui lui vaut le Prix d’interprétation à Cannes —, puis Douleur et Gloire. Elle devient une matière vivante, où Cruz incarne les obsessions du cinéaste avec une justesse viscérale. Tantôt amante endeuillée, tantôt mère sacrifiée, elle traduit les blessures de l’intime avec une grâce à vif. Leur relation rappelle les duos mythiques Ullmann/Bergman ou Deneuve/Truffaut. Elle s’ancre dans une mémoire ibérique, baroque, charnelle.
Hollywood : entre pouvoir, rôles et reconnaissance

Après l’Espagne, Hollywood s’ouvre à Penélope Cruz. En 2009, elle bouleverse les pronostics et reçoit l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle pour Vicky Cristina Barcelona de Woody Allen. Première actrice espagnole oscarisée, elle entre dans la légende. Malgré cela, elle ne renie ni Madrid ni ses racines.
Comme ses rôles, l’actrice navigue entre les langues — espagnol, anglais, italien, français — avec une aisance désarmante. Cette polyphonie nourrit son magnétisme. Elle passe de Ridley Scott à Asghar Farhadi. Elle s’aventure du thriller au drame familial, sans jamais perdre sa vérité.
Javier Bardem : l’amour comme allié de jeu
Peu de couples incarnent aussi puissamment la fusion entre vie privée et cinéma. Penélope Cruz et Javier Bardem, révélés ensemble dans Jamón Jamón, forment une constellation à part dans le firmament du cinéma espagnol. Dans Loving Pablo ou Everybody Knows, leur alchimie épouse l’écran. Leurs rôles s’entrelacent. Ensemble, ils conjuguent passion, tragédie et politique. À deux, ils composent une partition à la fois intime et mythologique.
Une icône de mode entre classicisme et audace

Aussi magnétique sur tapis rouge que face caméra, Penélope Cruz est, depuis plus d’une décennie, l’une des figures iconiques de Chanel. Sous l’œil de Karl Lagerfeld, elle incarne une féminité cinématographique. Entre madone baroque et héroïne hitchcockienne, elle trouve sa place. À Cannes, aux Oscars, dans les éditoriaux de mode, elle cultive une silhouette reconnaissable entre toutes. Robes couture, lignes épurées, noirs profonds, éclats de nacre : là où d’autres crient, elle chuchote la distinction. Sa beauté se pense. Elle ne s’impose jamais.
Penélope Cruz alterne les rôles d’auteur exigeants, comme Madres paralelas, et les productions plus exposées, comme Ferrari de Michael Mann. Elle circule entre l’Europe et les États-Unis. Ainsi, elle compose une filmographie singulière et exigeante.
Discrétion, engagement, résonance
Peu friande des médias, l’artiste choisit ses apparitions. Elle choisit également ses rôles, ses causes. Elle trace une ligne claire. Entre engagement artistique et élégance éthique, elle incarne une modernité silencieuse. Elle avance. Elle ne se retourne pas. Rare sont les actrices à conjuguer, avec une telle justesse, magnétisme pur et densité dramatique. Penélope Cruz, au cœur du cinéma européen, incarne une forme de liberté en mouvement. À la croisée des langues, des genres, des mythologies, elle ne suit aucune mode. Elle impose son propre rythme. Elle est, simplement, une présence. Inaltérable. Insaisissable. Inoubliable.