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Monica Bellucci
Elle marche comme on rêve, lentement, sensuellement, dans un flou maîtrisé. Monica Bellucci n’est pas seulement une actrice italienne — elle est une silhouette, un mystère, un éclat venu d’un autre temps. Des défilés de Dior aux plateaux de James Bond, de ses débuts à Rome à l’étrangeté numérique de Matrix, elle compose une œuvre où la beauté se fait acte de résistance, et le cinéma, une langue universelle.
Publié le 13 juin 2025. Modifié le 16 juin 2025.

Les débuts de Monica Bellucci
Avant les scripts, il y a eu les lumières. Le regard de Monica Bellucci se pose d’abord dans le prisme de la mode, muse instinctive des créateurs italiens, incarnation absolue de l’élégance méditerranéenne. Mais c’est à l’écran que sa présence prend racine, dès les années 1990, dans un cinéma italien encore nourri d’échos felliniens.
Dès lors, sa filmographie s’étoffe — entre thrillers psychologiques et drames charnels — dessinant le parcours d’une actrice internationale, à la croisée du rêve et de la gravité. Elle joue avec le temps comme avec les langues, glissant de l’italien au français, du français à l’anglais, avec cette lenteur calculée qui fait d’elle une énigme fascinante.
Il serait réducteur de n’y voir que beauté. Monica Bellucci possède cette rare capacité à traduire la mélancolie des femmes puissantes, usées par le désir ou l’Histoire. Dans Malèna (2000), elle incarne une icône silencieuse, regardée jusqu’à l’implosion. Une performance magistrale qui la consacre comme figure cinématographique universelle.
De l’Italie à Hollywood : une actrice plurielle

Monica Bellucci a su éviter les pièges de l’exotisme que réserve parfois Hollywood aux actrices européennes. Elle y entre par effraction, non pas en cédant aux stéréotypes, mais en imposant son propre rythme.
Dans Matrix Reloaded, elle devient Persephone, figure tragique au sein d’un monde digitalisé. Une apparition brève, mais marquante, entre latex et poésie. Puis, dans Spectre (2015), elle bouscule le mythe de la James Bond girl, devenant la première femme de plus de cinquante ans à incarner cette figure — signe, s’il en fallait, de sa singularité irréductible dans le système.
Une carrière internationale, en constante réinvention
Elle tourne avec Gaspar Noé, Emir Kusturica, Terry Gilliam, s’imposant comme actrice caméléon aux antipodes de toute catégorisation. À ce jour, sa carrière reflète un goût du risque rare, une tension permanente entre lumière et obscurité, entre Europe et ailleurs.
Pendant plus de dix ans, Monica Bellucci et Vincent Cassel incarnent un couple d’avant-garde dans le cinéma européen. Ensemble, ils tournent L’Appartement, Irréversible, Agents secrets — films où l’intensité émotionnelle se double d’une complicité évidente. Si leur séparation fut discrète, leur empreinte reste vive. En somme, leur histoire, entre rupture et alchimie, a marqué toute une génération, comme un conte moderne tissé de contradictions flamboyantes.
Sur les tapis rouges, une présence de marbre
Au Festival de Cannes, elle avance comme une vestale du glamour européen. Drapée de soie elle joue avec les codes tout en les transcendant. Le style vestimentaire de Monica Bellucci devient ainsi un langage en soi.
Une aura intemporelle dans l’histoire du cinéma européen
Monica Bellucci resplendit au fil des années. Elle ne cède ni aux diktats ni à la caricature. Elle évolue dans un cinéma dramatique européen qui lui offre des rôles complexes, souvent à contre-courant des productions hollywoodiennes.
C’est peut-être là, dans cette résistance douce, que réside sa force ultime : faire de la beauté un acte politique, du silence une puissance narrative. Et de chaque apparition, une œuvre miniature.
Elle avance, lentement, toujours plus loin
En 2025, Monica Bellucci renoue avec le fantastique en incarnant Dolores dans Beetlejuice Beetlejuice de Tim Burton, revisitant l’univers culte avec une gravité espiègle. Parallèlement, elle tourne Roma Elastica de Bertrand Mandico, entre Rome et Nice, film à la frontière du rêve et de l’expérimental.
Monica Bellucci est de ces rares figures qui ne s’expliquent pas — elles se contemplent, elles s’éprouvent. De ses débuts à Rome à ses métamorphoses hollywoodiennes, elle incarne une trajectoire à la fois constante et insaisissable. Une actrice, oui, mais surtout une présence. Un murmure persistant dans le tumulte de l’image.