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Matières Fécales
La maison Matières Fécales n’est pas une simple marque : elle est un manifeste.

Les débuts de Matières Fécales
Fondée à Paris en 2025 par Hannah Rose et Steven Raj Bhaskaran, la maison Matières Fécales naît de leur rencontre à Montréal en 2014 et d’un long compagnonnage créatif. Ensemble, ils inventent un langage de mode qui repousse les frontières, mêlant esthétique post-humaine, transgression assumée et récit intime. Le vêtement devient performance, le corps devient surface d’expression, et le luxe se redéfinit dans un univers à la fois dramatique et sculptural.
Le duo, connu pour sa liberté de ton et son goût de la provocation poétique, s’impose d’abord sur les réseaux sociaux, où ses images, entre surréalisme et mysticisme industriel, captent l’attention d’une nouvelle génération sensible à la mode conceptuelle. Leur démarche s’éloigne de la production de masse pour privilégier la création d’objets rares, hybrides, parfois dérangeants, toujours porteurs de sens. Matières Fécales s’inscrit ainsi dans une filiation artistique plus que commerciale : chaque collection agit comme une métaphore du monde contemporain, où l’humain et la technologie s’entremêlent, où la beauté cohabite avec la dystopie.
Une genèse hors cadre
Hannah et Steven se rencontrent dans une école de patronage à Montréal. Très vite, ils questionnent les codes de l’industrie et décident d’y répondre par une esthétique radicale. Dès lors, ils bâtissent une signature personnelle : mix de couture technique, de recyclage, de pièces uniques, et d’un univers visuel inspiré par la scène underground.
Une esthétique performative et couture

Le style de Matières Fécales s’inscrit à la croisée de plusieurs mondes. D’un côté, l’héritage de la haute couture, de l’artisanat et des volumes dramatiques ; de l’autre, une esthétique techno-gothique, brutale, qui réinvente la silhouette. Les matériaux sont travaillés comme des composants de récit : organzas transparents, drapés sculpturaux, coupes asymétriques, éclairages sombres. Le corps se transforme, se déploie, se métamorphose.
Au printemps-été 2026, la collection baptisée « HANNAH » symbolise ce désir d’éclosion. Dans un décor d’aube faite de roses et de feuillages, la maison passe de la nuit profonde à l’aurore promise. Silhouettes hautes, tailles marquées, épaules sculptées, transparences suggestives : chaque détail est une phrase visuelle.
L’entrée sur la scène mondiale
En 2025, la marque fait son entrée officielle dans le calendrier de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode (FHCM), rejoignant ainsi les maisons de la Paris Fashion Week. Cet affranchissement marque une étape essentielle : la reconnaissance de leur travail par le système lui-même. Pour autant, Matières Fécales conserve son esprit d’origine : celui de la dissidence créative, de l’urgence esthétique et de l’énergie brute.
Le corps-œuvre : au-delà de l’habit

Une maison à l’esprit durable
Matières Fécales cultive une temporalité autre. La couture est maîtrisée, les volumes réfléchis, les matériaux expérimentés. Le recyclage, la réinterprétation, l’artisanat sont des axes forts. Ainsi, la marque essaie de concilier le geste radical et la qualité pérenne : chaque modèle peut traverser les saisons, être réinventé, récupéré, revisité.
Émotions, symboles et récit
Chaque collection de Matières Fécales se lit comme un récit. « HANNAH » rend hommage à la relation créative entre les deux fondateurs, mais aussi à leur univers commun : “Après la nuit, vient l’aube.” Le décor, la musique, la scénographie participent tous à la narration. La mode devient récit visuel, expérience intime à partager.
Cette dimension narrative donne à la marque une rare profondeur : elle ne propose pas seulement des vêtements mais une mythologie contemporaine. Elle parle à “celle qui porte” autant qu’à “celle qui regarde”. Le vêtement devient miroir mais aussi fenêtre, reflet d’un désir, projection d’un imaginaire.
L’influence d’un nom provocateur

Le nom Matières Fécales, volontairement choquant, ne se limite pas à la provocation gratuite : il interroge l’industrie. Il remet en cause la surface lisse des vitrines, questionne le luxe, le code, la consommation. En choisissant cette appellation, les fondateurs affirment une distance critique : la mode n’est pas un divertissement léger, mais un champ de bataille esthétique et social.
L’avenir d’une maison ouverte
Alors que Matières Fécales s’inscrit désormais parmi les maisons à suivre, son avenir reste tourné vers l’expérimentation. Parce que ses créateurs ne veulent pas seulement s’inscrire dans le calendrier mais le bousculer. La mode ne sera plus un simple miroir du monde mais un levier pour le repenser.
Ils explorent l’art, la musique, la performance, la couture — tout se croise dans leur univers. Le vêtement devient installation, le défilé devient théâtre. Et puisque le luxe change, ils proposent un luxe radical, libre et engagé.
Matières Fécales n’est pas seulement une maison de mode : elle incarne une révolution douce. Elle remet la beauté sur ses pieds, la performance dans la couture, la subversion dans l’étoffe. Et dans ce monde trop souvent formaté, elle rappelle que la mode peut être à la fois audacieuse, poétique et libératrice.