Artiste

Laure Prouvost

Laure Prouvost, née en 1978 à Croix, près de Lille, est une artiste visuelle qui vit et travaille entre Bruxelles, Londres et Anvers. Avec ses installations vidéo immersives, elle tisse poésie, humour et réflexions sur l’identité, le langage et le monde moderne.

Publié le 16 septembre 2025. Modifié le 6 octobre 2025.

Les débuts de Laure Prouvost

Laure Prouvost commence son parcours à Central Saint Martins à Londres, où elle obtient un Bachelor of Fine Arts en 2002. Ensuite, elle poursuit avec un Master of Fine Arts à Goldsmiths College en 2010. Ces institutions laissent une empreinte sur son approche expérimentale. De plus, Londres lui offre un terreau fertile pour explorer la vidéo, les installations et le récit fragmenté. Elle y développe une pratique qui brouille les frontières entre fiction et réalité, mémoire et invention.

Langage, immersion et univers poétique

Son travail combine la vidéo, le son, la performance, la sculpture et le textile. Elle compose des environnements immersifs où les mots se défont et se recomposent. Souvent, elle utilise le langage de façon non linéaire. Ainsi, elle évoque les rêves, l’incompréhension et les légendes personnelles à travers des récits visuels délirants mais cohérents. Elle interroge les mécanismes de la narration, les associations libres et la perception sensible. Elle construit un univers malicieux, où l’expression se déploie sans contraintes.

Œuvre phare : Wantee et le Turner Prize

En 2013, elle remporte le prestigieux Turner Prize grâce à Wantee. Cette installation vidéo, installée dans un décor de maison envoutant, imagine une relation fictive entre son grand-père et l’artiste Kurt Schwitters. Le titre provient de l’expression courante « want tea ? ». Wantee est également le surnom affectueux de la compagne de l’artiste dadaïste allemand, réputée pour lui proposer régulièrement une tasse de thé. Le jury vante la complexité et la force atmosphérique de l’œuvre, louant sa capacité à mêler objets, films et ambiances sensorielles. Ce prix marque un tournant dans sa carrière.

Représentation de la France à la Biennale de Venise

En 2019, elle représente la France à la 58ᵉ Biennale de Venise. Son installation Deep See Blue Surrounding You (ou Vois ce bleu profond te fondre) propose un voyage entre réalité et fiction. Elle nous emmène de territoires industriels du Nord aux paysages singuliers, en passant par des cabanes, des personnages divers et un poulpe comme symbole de mutation. Ce projet célèbre la pluralité des voix et questionne notre capacité à représenter un monde globalisé.

Immersion, rêve et multi-discipline

La pratique de l’artiste déploie des œuvres entre l’immersion et la rêverie. En assemblant vidéos, objets, textiles, dessins et films, elle entremêle le tangible et l’imaginaire. Elle transforme l’espace d’exposition en labyrinthe poétique. Le spectateur devient voyageur dans un récit fragmenté, parfois drôle, parfois déroutant, mais toujours profondément humain. Ses environnements cultivent une étrangeté familière, séduisante et subtilement subversive.

Expositions personnelles majeures

Ses expositions solo se déroulent dans des institutions internationalement reconnues. En 2019, le MUHKA à Anvers lui consacre une grande rétrospective (AM-BIG-YOU-US LEGSICON). À Palais de Tokyo à Paris, elle présente Ring Sing and Drink for Trespassing en 2018, spectacle d’images, vidéos et installations. Le New Museum de New York l’expose dès 2014. Plus récemment, en 2024, son installation Nest In You à la Galerie Nathalie Obadia à Paris attire les regards. De plus, des présentations importantes s’exposent au Bass Museum de Miami (2018) et à la Kunsthal Charlottenborg au Danemark (2021).

Œuvres publiques et permanentes

Laure Prouvost investit aussi l’espace public. En 2021, à Beaufort Biennale, elle crée Touching To Sea You Through Our Extremities, sur la plage de La Panne. En 2023, sa façade intitulée We Belong orne le KANAL-Centre Pompidou à Bruxelles. Ces projets donnent à voir son désir de dialogue entre art et quotidien. Ils prolongent ses installations immersives dans la ville.

Distinctions et reconnaissance

Elle remporte le Max Mara Prize for Women en 2011, avant le Turner Prize. Depuis, elle reçoit de nombreuses distinctions. Elle est nommée Chevalier de l’Ordre National du Mérite en 2016 et Officier des Arts et Lettres en 2019. Ces décorations soulignent sa contribution à l’art contemporain et sa place dans le tissu culturel français et international.

Thèmes et esthétique

La langue occupe une place centrale dans son œuvre. L’artiste joue avec l’ambiguïté, la traduction et les sons. Elle interroge la distorsion de sens et la perte de repères. Ses installations évoquent les rêves d’enfance, la famille, la géographie, l’histoire personnelle et collective. Elle mêle images quotidiennes (cartes postales, photos, objets trouvés) à des fictions poétiques. Ses formes font appel à la mémoire sensible, sans exiger une explication rationnelle.

Influence et héritage

Laure Prouvost incarne une génération d’artistes qui fusionne art visuel, performance, voix et poésie. Elle réinvente l’installation comme théâtre de la condition humaine. Son impact se mesure aussi bien chez les critiques, les institutions artistiques que les publics émerveillés. Elle invite à repenser notre rapport à l’image, au langage et à l’immersion. Son œuvre reste une invitation à suspendre temporairement notre logique linéaire.

Laure Prouvost crée des mondes singuliers, mêlant fantaisie, sensibilité et philosophie. Elle élabore un art vivant où le spectateur devient acteur d’un récit. Grâce à sa créativité poétique et son engagement esthétique, elle trace une voie unique dans l’art contemporain.