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Lanvin
En 1889, Jeanne Lanvin fonde une boutique de chapeaux à Paris, à seulement 22 ans.

Une maison née de l’amour maternel
Rapidement, elle impose sa vision. En observant sa fille Marguerite, elle imagine des tenues pour enfants. Dès 1908, elle lance une première collection dédiée à l’enfance. L’année suivante, elle entre à la Chambre syndicale de la couture. Ainsi, la maison Lanvin devient officiellement une maison de couture.
Dès le début, la créatrice conjugue raffinement, émotion et audace. Son amour pour sa fille nourrit chaque silhouette. Grâce à cela, elle développe un style reconnaissable, délicat, orné de broderies et de coupes poétiques. Ainsi, Lanvin impose une féminité douce et puissante à la fois.
Une croissance rapide et des débuts multiples

Tout au long des années 1920, Jeanne Lanvin élargit ses champs d’action. Elle ouvre des ateliers, développe une ligne masculine, lance un département sport. En 1923, elle crée même sa propre usine de teinture. Puis, en 1924, elle fonde Lanvin Parfums. Trois ans plus tard, elle crée “Arpège”, inspiré par sa fille, devenu depuis une icône olfactive.
Parallèlement, Lanvin s’exporte. La maison multiplie les boutiques à l’international. Buenos Aires, Barcelone, Cannes… Elle affirme une allure française, mais déjà mondiale. Cela dit, Jeanne Lanvin conserve toujours une direction artistique cohérente. Chaque nouvelle branche reste fidèle à sa vision initiale.
Un style nourri d’architecture et de musique

En s’entourant d’artistes, Jeanne Lanvin élève la mode au rang d’art appliqué. Elle puise dans l’architecture, la musique, la peinture. Grâce à ces influences, ses créations évoquent parfois des lignes de cathédrale ou des motifs d’opéra. Elle s’illustre ainsi comme une pionnière de la transversalité artistique dans la mode.
Par exemple, son attachement à la musique guide l’élaboration de certaines robes. Elle collabore avec des décorateurs, des verriers, des illustrateurs. Tous participent à construire un univers fort. Son logo même, une silhouette mère-fille stylisée, devient rapidement un emblème émotionnel et graphique.
Après Jeanne, la transmission puis les turbulences

À la mort de Jeanne Lanvin en 1946, sa fille Marie-Blanche prend la relève. Pendant quelques décennies, la maison poursuit ses activités sans grands bouleversements. Néanmoins, les années passent, et les directions changent. Dans les années 1990, Lanvin connaît des périodes d’instabilité.
En 1996, le groupe L’Oréal acquiert la maison. Toutefois, cette phase industrielle dilue un peu l’essence originelle. Malgré des tentatives de repositionnement, le souffle créatif semble en retrait. Ce n’est qu’en 2001 que la donne change radicalement.
Alber Elbaz, la renaissance poétique

En octobre 2001, Alber Elbaz arrive à la tête de la direction artistique. Son approche sensible, joyeuse et féminine insuffle un second souffle. Ses silhouettes, drapées, légères, élégantes, reconnectent avec l’esprit de Jeanne. Rapidement, Lanvin retrouve sa place sur la scène internationale.
Pendant 14 ans, Elbaz fait briller la maison. Il réconcilie la couture avec la sensualité contemporaine. Ses robes de soirée deviennent cultes. Il mise sur des volumes fluides, des matières nobles, un humour discret. En 2010, sa collaboration avec une grande enseigne de prêt-à-porter marque les esprits. Cela illustre son désir d’ouvrir le luxe à d’autres récits.
Une transition difficile et des directions éphémères

En 2015, Alber Elbaz quitte brutalement la maison. Ce départ crée un vide créatif. Dès lors, plusieurs directeurs artistiques se succèdent : Bouchra Jarrar, Olivier Lapidus, Bruno Sialelli pui le 27 juin 2024, Lanvin dévoile l’arrivée de Peter Copping à la direction artistique de la maison. En 2018, elle est rachetée par le groupe chinois Fosun. Ce tournant vise à renforcer son développement international, notamment en Asie. Dès lors, une nouvelle stratégie se met en place. L’objectif est clair : moderniser sans trahir.
Un héritage en mouvement
Depuis les années 2020, Lanvin tente de concilier tradition et innovation. Les collections rendent hommage à Jeanne tout en intégrant des influences street, digitales, ou sportives. Les archives sont régulièrement réinterprétées. Certaines pièces historiques sont recréées ou exposées, témoignant de l’importance accordée à l’histoire.
En 2024, pour les 100 ans du département parfums, la maison revisite des flacons anciens. De plus, elle prépare des collaborations culturelles. Expositions, projets éditoriaux, capsules créatives : Lanvin multiplie les formes d’expression.
Vers un luxe plus ouvert et responsable
Aujourd’hui, Lanvin veut incarner un luxe ancré dans son époque. Cela implique une attention portée à l’inclusivité, à l’écoresponsabilité, à la narration. En ce sens, certaines campagnes mettent en lumière des talents issus de milieux variés. D’autres explorent l’univers queer ou les identités hybrides.
La maison développe une réflexion sur les matières, l’empreinte carbone, le rythme des collections. Sans renier l’élégance, elle interroge sa pertinence dans un monde en mutation. Elle cherche à produire moins, mais mieux. À dire plus, avec moins de mots.
Un avenir fidèle à ses racines
Lanvin n’est pas qu’un nom. C’est une mémoire. Une émotion. Une ligne de conduite. Grâce à Jeanne Lanvin, la maison a construit une identité rare, à la fois tendre, structurée, et moderne. Aujourd’hui encore, cette vision persiste.
Entre respect du passé et projection vers demain, Lanvin trace une voie singulière. Ni passéiste, ni opportuniste, elle revendique un luxe lent, éclairé, et profondément humain. Et dans cet équilibre délicat, elle continue d’écrire l’une des plus belles pages de la mode française.