Actrice

Les débuts de Garance Marillier

Entre contrôle et explosion, ses interprétations oscillent entre la fragilité et l’intensité, dessinant une carrière à la fois exigeante et bouleversante. Garance Marillier naît en février 1998 à Paris. Très jeune, elle s’intéresse au théâtre, à la musique et à l’expression artistique. Adolescente, elle pratique la batterie et le trombone, développant une sensibilité au rythme et à la dynamique. Ce goût pour le souffle, le silence et le mouvement se retrouve plus tard dans ses performances d’actrice.

Parallèlement, elle étudie à l’École du Jeu à Paris, où elle affine son art dramatique. Cet apprentissage structuré lui donne des outils pour incarner aussi bien le calme que la crise. Mais au-delà de la technique, c’est sa capacité à se nourrir de ses émotions qui impressionne. Elle s’autorise à explorer les zones grises de l’âme, refusant les stéréotypes. Cette approche sensible attire rapidement l’attention des réalisateurs, qui perçoivent en elle une intensité rare, capable de transformer chaque rôle en expérience viscérale.

La rencontre décisive avec Julia Ducournau

Son destin bascule en 2010 quand elle joue dans Junior, court métrage de Julia Ducournau. Cette première collaboration l’inscrit dans une communauté artistique exigeante. Puis, en 2012, elle apparaît dans Ce n’est pas un film de cow-boys, un autre court de Ducournau présenté à Cannes. Très tôt, Marillier construit une complicité forte avec la réalisatrice.

Cette relation aboutit en 2015 au rôle principal dans Grave. Elle y incarne Justine, une jeune femme qui découvre un appétit dérangeant à l’université vétérinaire. Le film est à la fois brûlant et métaphorique. Grâce à cette performance, Marillier impose d’emblée son nom sur la scène du cinéma d’auteur français.

Grave : un rôle traumatique et marquant

À la sortie du film, la critique salue son interprétation. Marillier donne vie à une héroïne en mutation, confrontée à l’extase du désir et aux limites du corps. Elle adopte une gestuelle précise, un regard affûté, une présence qui crève l’écran. Ce rôle lui vaut une nomination au César du meilleur espoir féminin. Ce statut lui ouvre des portes, mais aussi des attentes. Dès lors, chaque choix de film porte son poids. Elle ne peut plus être simplement observée : elle doit créer.

Choisir des rôles exigeants

Après Grave, Garance Marillier refuse les facilités. En 2018, elle rejoint la série dystopique Ad Vitam, où elle incarne une adolescente dans une société obsédée par l’obsession de la jeunesse. Son personnage est révolté mais tourmenté, dans un monde figé. Elle participe aussi à Pompéi (2019) dans le rôle de Billie, une jeune femme en crise. Elle y montre que la gravité peut surgir dans un décor classique. Puis, elle intègre le casting de Madame Claude (2021), film de Sylvie Verheyde, dans lequel elle incarne une prostituée parisienne, maîtrisant autant les codes du glamour que ceux de la douleur.

Marinette : incarnant une figure réelle

En 2023, Garance Marillier saisit un défi différent : jouer Marinette Pichon, pionnière du football féminin français. Le film Marinette retrace le parcours de cette athlète face aux obstacles : sexisme, blessures, détermination. Marillier apporte au rôle une densité émotionnelle convaincante. Elle donne chair à une héroïne populaire, féministe et inspirante.

Ce rôle marque une étape dans sa carrière. Il lui offre une résonance publique plus large, au-delà du cercle des cinéphiles. Il lui permet aussi de mêler engagement et jeu, de porter un récit collectif avec sa singularité d’interprète.

Un style d’interprétation : le silence avant la tempête

Ce qui distingue Garance Marillier, c’est sa capacité à incarner la tension avant qu’elle n’explose. Dans ses films, les silences sont aussi puissants que les mots. Le regard, le souffle, le geste deviennent autant d’armes dramatiques. Elle préfère souvent commencer dans une retenue maîtrisée, laissant le spectateur deviner l’orage intérieur. Puis elle cède, laisse éclater l’émotion sans exagération. Cette progression subtile rend ses performances perturbantes et vraies.

Discrétion médiatique et gravité artistique

Malgré sa reconnaissance, Garance Marillier maintient une distance prudente avec la médiatisation. Elle n’alimente pas les réseaux sociaux par des proclamations, préférant que ses choix artistiques parlent pour elle.

Son sérieux se lit dans la rigueur de ses collaborations et dans la constance de ses choix. Elle s’associe à des cinéastes exigeants, accepte des rôles risqués, mais toujours réfléchis. Cette exigence lui vaut le respect d’un public exigeant, tout en lui ouvrant une légitimité durable. Elle participe aussi à des jurys de festivals, notamment à Deauville. Ainsi, elle contribue à la vie du cinéma au-delà de l’écran.

Héritage et perspectives

Garance Marillier est déjà une actrice dont on suivra la trajectoire. Son filmographie, bien que jeune, démontre une cohérence rare : loyauté artistique, recherche émotionnelle, défi du risque. À l’avenir, elle pourrait explorer les frontières entre cinéma et séries, entre film de genre et drame introspectif. Elle pourrait aussi porter des projets internationaux, apporter sa voix dans des récits universels. Mais quelle que soit la trajectoire, sa marque est là : elle porte les rôles exigeants sans concession.