Mannequin

Emily Ratajkowski

Sous les néons d’Instagram, dans les pages glacées de Elle France ou sur les podiums de la Fashion Week, Emily Ratajkowski incarne bien plus qu’un corps sculptural : elle est, en effet, le reflet kaléidoscopique d’un féminisme 2.0. À travers sa marque Inamorata, son podcast incisif et ses prises de parole sans fard, EmRata redéfinit les contours d’une célébrité consciente. Ainsi, glamour et engagement ne sont plus antagonistes, mais fusionnels.

Publié le 4 juin 2025. Modifié le 11 juin 2025.

Une esthétique manifeste : du mannequinat à l’icône culturelle

Il y a, dans la silhouette d’Emily Ratajkowski, quelque chose d’instinctivement sculptural, un équilibre parfait entre allure californienne et tension new-yorkaise. Pourtant, ce serait une erreur de ne la lire qu’à travers le prisme de ses courbes. D’abord révélée dans le clip de Blurred Lines, elle a su dépasser ce cadre viral. Dès lors, c’est surtout par sa maîtrise du storytelling visuel — notamment via Instagram — qu’elle s’est imposée comme figure de la mode féminine contemporaine.

Sur ce théâtre numérique, EmRata chorégraphie ses apparitions avec une précision quasi muséale. Chaque cliché est, en somme, une mise en scène millimétrée de son style vestimentaire, oscillant entre sensualité brute et élégance désinvolte. De plus, ce style, nourri autant par les archives de Helmut Newton que par l’esthétique Y2K, cultive une hyperféminité revendiquée, loin des diktats passifs.

Sa marque incarnée, entre hédonisme et manifeste

À la tête de Inamorata, sa marque de maillots de bain et de prêt-à-porter, Emily Ratajkowski explore une féminité plurielle, solaire et conquérante. Effectivement, les campagnes de la griffe, shootées en lumière naturelle, évoquent une mythologie moderne où les corps s’expriment sans entrave. Ici, la peau devient manifeste, tandis que le textile épouse les désirs sans jamais les contraindre.

Le succès de cette entreprise, fondée à partir de son propre capital symbolique, s’inscrit dans une stratégie de personal branding redoutablement efficace. Ainsi donc, elle ne vend pas simplement des vêtements, mais une vision du monde. En cela, son univers se situe à la croisée de la Californie et de la Riviera italienne.

Le verbe comme arme : du podcast au livre My Body

Depuis le lancement de son podcast High Low, Emily Ratajkowski s’émancipe du simple statut de muse pour revêtir celui, plus complexe, de penseuse médiatique. À travers un format intime mais percutant, elle décortique les enjeux de genre, de pouvoir et de désir. C’est pourquoi elle interroge frontalement ce que signifie être une femme, une star et une marque en 2025.

Avec My Body, son recueil de textes entre introspection et critique sociale, elle pousse encore plus loin l’examen de sa propre iconographie. Ce livre, qui aborde sans détour les injonctions à la beauté, les abus systémiques et les paradoxes du féminisme instagrammable, confirme son ancrage dans le champ des idées.

Une routine qui séduit les Françaises

Sans doute, l’aura d’EmRata dépasse-t-elle le cadre du vestiaire pour influencer les choix beauté de milliers de femmes. D’ailleurs, sa routine beauté — souvent partagée en stories ou interviews — valorise les produits de pharmacie française, réputés pour leur efficacité discrète et leur élégance sans fard.

Mentionnons que ses rituels mêlent soin de la peau minimaliste et glow calculé, prônant une sensualité douce. Par conséquent, cette approche qui conjugue simplicité et sophistication séduit notamment les lectrices de Elle France, fascinées par une beauté accessible mais toujours incarnée.

Féminisme 3.0 : corps politique, corps poétique

C’est là, probablement, que réside la singularité d’Emily Ratajkowski : dans sa capacité à faire de son corps un territoire politique, sans pour autant renier sa fonction esthétique. Alors que le féminisme mainstream tend à s’uniformiser, elle y oppose une vision plus incarnée, plus ambivalente aussi. De ce fait, elle revendique le droit à la contradiction, à la sensualité libre et à la complexité.

Ses apparitions sur les podiums de la Fashion Week ou en couverture de Elle France s’apparentent à de véritables prises de position, tant esthétiques que symboliques. Chaque image est un palimpseste : l’étoffe devient manifeste, et la pose, déclaration.

L’art d’habiter son époque

Emily Ratajkowski n’est pas qu’un reflet de son temps — elle en est, en quelque sorte, un prisme. À la croisée des genres et des rôles — mannequin, actrice, entrepreneure, autrice — elle bâtit une œuvre de soi cohérente et plurielle.

En fin de compte, elle incarne une nouvelle forme de célébrité, non plus fondée sur l’éloignement ou le mystère, mais sur l’exposition stratégique, la parole maîtrisée, et un activisme de l’intime. Entre les pixels de son feed Instagram et les pages de ses écrits, Emily Ratajkowski déploie une stratégie d’image aussi précise que disruptive — une icône, oui, mais à la première personne.