
26
EgonLab
À Paris, Kevin Nompeix et Florentin Glémarec imposent avec EgonLab un laboratoire de style unique. Fondé en 2019, le duo fusionne masculin-féminin, tradition et modernité, en cultivant une éthique éco-responsable et un esprit rebelle. Chaque collection se nourrit d’un collectif multidisciplinaire où mode, art visuel, musique et nouvelles technologies dialoguent.
Publié le 26 juin 2025. Modifié le 8 juillet 2025.

L’origine d’un nom prometteur
Par son nom, la marque EgonLab rend hommage au peintre autrichien Egon Schiele. Accolé au prénom de l’artiste, le suffixe « laboratoire » atteste la volonté des deux créateurs de produire un collectif artistique célébrant le tailoring genderless. Ainsi, les designers réinterprétent avec brio les codes du punk, de la new wave et du grunge. Distillant dans leurs collections des références inspirées par les archives de la maison Vivienne Westwood, la marque revient sur le devant de la scène à l’occasion de la Fashion Week homme 2025-2026. Une fois de plus, la marque manifeste son engagement pour une mode agenre, à rebours des diktats sociaux.
Des racines bretonnes
Cette année, le label parisien souligne une allure provinciale. Lors de la Fashion Week homme en juin 2025, la collection printemps-été 2026 nous plonge dans l’histoire de la Bretagne. Chaque costume réfère à la vie aux larges côtes Nord-Ouest. On aperçoit les Dentelles de Plougastel, issues de la ville portuaire reconnue pour son artisanat raréfié en France. Les collerettes pointues remémorent les voiles des bateaux, dont leur axe s’enveloppe délicatement autour du cou. Les broderies bigoudènes et cornemuse se portent comme un talisman.
EgonLab rend hommage à René Glémarec, grand-père des fondateurs, tout en réinventant ces codes dans un vocabulaire urbain et avant-gardiste. Une chemise en porcelaine, fruit d’une collaboration avec Flávio Juán Núñez, clôt le défilé dans une envolée poétique et disruptive.
Urban punk et mode inclusive

Cette collection In Memoriam promet la richesse de la côte Ouest dans de sublimes costumes à cols fermés. Parmi les tailleurs, les manches s’élargissent tandis que la courbure du col suit cet axe presque naval. Les pantalons, parfois pincés et droits, parfois amples et décontractés, étoffent cet univers que nous propose EgonLab. Le denim teinté de pourpre autant retrouvé sur les hoodies que sur les jeans larges allient le strict bureaucratique au vestiaire punk. C’est une affiliation de style divers bien cousu, mis en scène dans un récit narré à la perfection.
L’apparition du motif Vicky signe une promesse tenue : celle de partager un héritage en balançant l’inclusivité signature de la marque.
La griffe revendique des silhouettes organiques, souples, pensées pour toutes morphologies et identités. Elle se conçoit davantage comme un projet « lifestyle » que comme une simple marque : son ADN mêle élégance urbaine et esprit contestataire.
Un show expérimental et digital

Cette collection met tous les compteurs à zéro. Le savoir-faire des deux créateurs attire un public de plus en plus large, enclin à des valeurs non-conformistes. Dans un monde qui divise, la marque rejette les frontières du genre et met à plat l’élaboration d’une société progressiste.
Depuis ses débuts, EgonLab multiplie les projets transversaux : objets conceptuels, collaborations digitales, installations vidéo. Ses défilés interrogent les codes, flamboient dans un imaginaire queer, et investissent des formats immersifs, physiques ou virtuels. La marque revendique une mode comme expérience totale, sensorielle et politique.
En 2025, EgonLab s’impose comme l’un des visages les plus inspirants de la jeune création française. Entre hommage régional fort et esthétique futuriste, la maison tisse une élégance consciente, collective, hors des sentiers battus.