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David Yurman
Depuis sa fondation en 1980 à New York, David Yurman a bâti une vision du bijou comme œuvre portable : fusion de la sculpture, du métal tordu et de la gemme, signe d’une élégance américaine à part.
Les débuts de David Yurman
David Yurman naît le 12 octobre 1942 à New York. Très tôt, il bascule vers l’art : à l’âge de quinze ans, il apprend la soudure auprès du sculpteur cubain Ernesto Gonzalez, puis il fréquente les milieux artistiques de Greenwich Village. Au début des années 1960, il devient apprenti pour le sculpteur Hans Van de Bovenkamp, expérience qui va profondément marquer sa sensibilité au geste, au métal et à la forme.
En 1969, il rencontre Sybil Kleinrock lors de ce même studio à New York. Elle, poète et peintre, partage avec lui l’idée que l’art doit être vécu. Ensemble, ils se marient en 1979 puis, un an plus tard, en 1980, ils fondent la maison David Yurman. Cette fondation n’est pas seulement un lancement commercial mais bien l’aboutissement d’un chemin artistique : ils veulent « faire de belles choses à porter », selon leurs mots.
Le bijou-signature : le Cable
Deux ans après la création de la marque, en 1982, David Yurman présente le bracelet Cable, motif désormais emblématique : des fils d’or torsadés, effilés à la main, souvent agrémentés de turmaline ou d’émeraude. Cette forme hérite de son parcours de sculpteur : le volume, la ligne, la tension. Le Cable devient alors « la rivière qui traverse tous nos designs », comme il le décrit.
En 1997, la maison innove encore en lançant la collection Silver Ice®, première grande série de joaillerie à fixer des diamants sur de l’argent sterling : une révolution. Par cette audace, David Yurman affirme que le luxe ne doit pas rester figé : il peut être accessible sans perdre de son intensité.
Expansion et institutionnalisation
Au fil des années, la maison s’installe dans le paysage du luxe américain. En 1999, le premier flagship ouvre sur Madison Avenue à New York, un signal fort implantant la marque dans le temple du bijou. Peu après, dans les années 2000, la marque conquiert les marchés européens et asiatiques.
En 2001, David et Sybil créent la David & Sybil Yurman Humanitarian and Arts Foundation, devenue la Yurman Family Foundation en 2014. Cette fondation matérialise leur engagement : soutenir les arts, l’éducation et la philanthropie. Parmi les récipiendaires figurent des célébrités engagées comme Steven Spielberg ou Elton John.
Une esthétique contemporaine et plurielle
La signature de David Yurman repose sur un équilibre subtil entre structure et fluidité, métal et gemme, art et sujet. Au fil des années, sa gamme s’est progressivement élargie : montres, bagues, lignes masculines, haute joaillerie. Ainsi, en 2024, la marque dévoile sa première collection de haute joaillerie pour homme, portée par l’acteur Michael B. Jordan, devenu pour l’occasion ambassadeur global. Cette étape marque non seulement une diversification, mais également une affirmation esthétique pleinement assumée.
Par ailleurs, la maison revendique depuis longtemps la mixité des métaux et l’expérimentation des matériaux — titane, acier forgé, argent recyclé. Cette approche confirme que le design ne réside pas uniquement dans la pierre, mais également dans la lumière, l’ombre et le geste. Ainsi, en juin 2022, la version « Cable Edge » voit le jour, réalisée à partir d’or ou d’argent 100 % recyclés, et symbolise clairement l’engagement durable de la marque.
Le bijou comme récit
Chez David Yurman, le bijou ne se contente pas d’attirer le regard : il raconte quelque chose. Le motif du câble, devenu emblématique, incarne une idée de lien, de continuité et de force souple. De plus, le métal travaillé comme une sculpture prolonge l’approche artistique du créateur, nourrie par son passé de sculpteur. Ainsi, chaque collection déroule une variation de ce langage intime : bijoux de mariage lancés entre 2006 et 2010, ligne Starburst inspirée des feux d’artifice observés à Paris en 2010, bagues Albion ou pendentifs façonnés comme des échos de lumière.
Dès lors, le porteur devient acteur plutôt que simple spectateur. Le bijou accompagne des vies, des émotions, des décisions. Et c’est précisément cette dimension narrative, autant que le style lui-même, qui confère à David Yurman une singularité durable dans la joaillerie contemporaine.
Héritage, influence et avenir
Aujourd’hui, la maison David Yurman reste dirigée par la famille. Evan Yurman, né en 1982, rejoint la société en 2003, puis devient progressivement directeur du design des collections homme, mariage et haute joaillerie. Ainsi, sa prise en charge s’inscrit dans une logique de transmission naturelle tout en ouvrant, en parallèle, de nouveaux horizons pour la marque.
Par ailleurs, la maison possède désormais plusieurs dizaines de boutiques à travers le monde et continue d’évoluer en symbiose avec la mode, le cinéma et la culture. Elle n’a pas choisi la surenchère mais, au contraire, la clarté : un geste précis, un métal travaillé, une torsion devenue emblème, un symbole immédiatement reconnaissable.
De plus, à l’heure où les codes du luxe se redéfinissent sous l’effet de la durabilité, de la transparence et d’une recherche d’émotion, David Yurman affirme que le bijou doit rester un espace de rêve accessible — un lien visible entre l’art et le quotidien. La maison avance donc avec constance, fidèle à son ADN fait de sculpture, de câble et de lumière, et demeure ainsi un repère important dans la joaillerie contemporaine.