Maison de haute joaillerie

Chopard

Depuis plus d’un siècle et demi, la maison Chopard cultive une idée du luxe fondée sur l’artisanat, la précision et la fidélité. De l’atelier de Sonvilier à la manufacture de Genève, son histoire raconte celle d’une maison indépendante qui a su faire du temps une matière vivante.

Les débuts de Chopard

L’histoire de Chopard commence en 1860, dans le petit village de Sonvilier, au cœur du Jura suisse. À vingt-quatre ans, Louis-Ulysse Chopard fonde son atelier d’horlogerie. Très vite, ses montres de poche et ses chronomètres de précision se distinguent par leur fiabilité et leur élégance. Leur réputation dépasse rapidement les frontières helvétiques.

Durant la fin du XIXᵉ siècle, la maison Chopard s’impose comme une référence de l’horlogerie suisse. En 1937, pour se rapprocher du centre de l’industrie horlogère haut de gamme, la famille déplace son activité à Genève. Ce déménagement marque le passage d’un atelier régional à une maison déjà tournée vers l’international.

Le renouveau sous la famille Scheufele

En 1963, Paul-André Chopard, dernier descendant du fondateur, décide de vendre l’entreprise. Elle est alors acquise par Karl Scheufele III, horloger et joaillier allemand originaire de Pforzheim. Cet achat ouvre un nouveau chapitre. Sous sa direction, Chopard entame une modernisation progressive tout en préservant la rigueur artisanale qui a fait sa renommée.

En 1974, la manufacture quitte Genève pour s’installer à Meyrin, dans un bâtiment plus vaste et plus adapté à la production contemporaine. Deux ans plus tard, la maison présente une création audacieuse : la collection Happy Diamonds, dans laquelle des diamants mobiles glissent librement entre deux glaces saphir. Ce geste simple, à la fois ludique et poétique, deviendra emblématique. À partir des années 1980, Chopard se diversifie. Elle renforce sa présence dans la haute joaillerie et s’impose peu à peu sur les marchés internationaux.

La précision au service de la passion

En 1988, Chopard devient le chronométreur officiel de la course automobile italienne Mille Miglia. Ce partenariat symbolique entre le monde mécanique et l’horlogerie de précision inaugure une collection de montres sportives qui allient performance et élégance. Ce lien avec la course automobile devient l’un des piliers de l’identité de la marque.

Puis, en 1996, Chopard fonde sa propre manufacture à Fleurier, dans le canton de Neuchâtel. C’est là qu’est conçu le calibre L.U.C 1.96, premier mouvement automatique à microrotor développé en interne. Cette décision stratégique consacre Chopard comme une véritable manufacture indépendante, capable de maîtriser chaque étape de la création, du dessin à la finition.

En 1998, la maison scelle un autre partenariat marquant en devenant partenaire officiel du Festival de Cannes. Depuis, elle fabrique chaque année la Palme d’Or, réalisée en or éthique. Ce rapprochement avec le cinéma renforce l’image d’une marque à la fois artisanale et culturelle, inscrite dans la modernité sans jamais se détacher de ses racines.

Une maison familiale et indépendante

Contrairement à de nombreuses marques de luxe intégrées à de grands groupes, Chopard demeure une entreprise familiale. Karl-Friedrich et Caroline Scheufele, les enfants de Karl Scheufele III, codirigent aujourd’hui la maison. Lui supervise les activités horlogères et la manufacture de Fleurier ; elle incarne la joaillerie et la direction artistique. Cette double gouvernance maintient l’équilibre entre rigueur technique et sensibilité créative.

L’ère du design contemporain

Tout en s’appuyant sur son héritage, Chopard continue d’innover. En 2019, la maison lance la collection Alpine Eagle, un modèle sportif inspiré du légendaire St. Moritz créé par Karl-Friedrich Scheufele dans les années 1980. Fabriquée dans un acier inédit, le Lucent Steel, cette montre combine robustesse et brillance exceptionnelle. Elle témoigne du lien constant entre passé et futur, entre la mémoire des formes et la quête de nouveauté.

Parallèlement, la haute joaillerie Chopard s’impose sur les tapis rouges du monde entier. Ses créations, souvent portées à Cannes, Venise ou Los Angeles, traduisent un art de la lumière et de la matière qui distingue la maison depuis ses origines. En 2010, pour son 150ᵉ anniversaire, Chopard célèbre sa tradition avec la collection Animal World, composée de 150 pièces uniques inspirées du règne animal. Chaque bijou y devient récit, chaque pierre une miniature vivante.

Excellence et créativité

Aujourd’hui, Chopard compte près de deux cents boutiques dans le monde et emploie environ deux mille artisans, horlogers, sertisseurs et joailliers. Dans les ateliers de Meyrin ou de Fleurier, chaque montre demande des semaines, parfois des mois de travail. Les gestes sont précis, mesurés, transmis de maître à apprenti.

Cette fidélité au travail manuel confère à la maison une position unique dans le paysage du luxe. Elle conjugue indépendance, excellence technique et créativité. Depuis 1988, la maison appartient au groupe suisse Richemont, qui en détient la majorité du capital. Mais la famille Scheufele conserve une autonomie artistique et stratégique essentielle. C’est sans doute ce qui explique la cohérence d’une marque qui, depuis plus de cent soixante ans perdure.

Héritage et horizon

Dans un monde où la vitesse gouverne tout, Chopard reste fidèle à un autre tempo. Ses montres rappellent que la mesure du temps est aussi un art de la patience. À la croisée de l’horlogerie et de la joaillerie, la maison incarne une idée du luxe fondée sur la précision et la transmission. De Louis-Ulysse Chopard à Caroline Scheufele, du Jura aux salons de Cannes, son histoire dessine une ligne claire : celle d’une maison qui ne sépare jamais la technique de l’émotion, ni la tradition de la modernité.