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Botter
Né entre Curaçao, la République dominicaine, Amsterdam et Anvers, Botter est un manifeste hybride. Porté par Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh, le label exprime une vision du monde engagée, colorée, inclusive. À la croisée du tailoring flamand et de la spiritualité caribéenne, leur « Caribbean couture » s’impose comme un langage à part. Poétique, politique, marin. En 2025, Botter incarne l’éveil d’une nouvelle génération de créateurs responsables et libres.

Botter : Une naissance académique, une vision nomade
Le duo fondateur se rencontre à Anvers. Rushemy, né à Curaçao et grandi dans un village de pêcheurs aux Pays-Bas, intègre la prestigieuse Académie royale des beaux-arts. Il y développe une approche plastique et critique du vêtement, sous l’égide de Walter Van Beirendonck puis Dirk Van Saene. Lisi, née à Amsterdam et élevée entre les Pays-Bas et la République dominicaine, étudie à l’Amsterdam Fashion Institute et en sort diplômée avec les honneurs. Ensemble, ils conçoivent une collection de fin d’études qui rafle tous les prix — Ann Demeulemeester Award, Dries Van Noten Award, Grand Prix du Festival d’Hyères en 2018.
Un label comme journal intime
Fondé à l’issue de leur diplôme, Botter devient très vite un miroir de leur identité plurielle. Leurs collections fusionnent uniformes marins, références sociales, techniques de couture flamande et imagerie caribéenne. Chaque silhouette semble sortie d’un carnet de bord. Un vestiaire à la fois conceptuel et émotionnel, où les couleurs vives dialoguent avec des volumes oversize et des matières recyclées.
Le duo revendique l’influence de l’Arte Povera, mais dans une version tropicale, solaire et active. Leur engagement pour l’environnement — notamment la protection des océans — structure leur démarche, depuis les fibres utilisées jusqu’à la narration. En effet, la marque ne se résigne pas à voir les mers se dégrader ; la marque agit, transforme, alerte, sans jamais renoncer à l’élégance.
De Nina Ricci à Paris, une ascension marquante

Repérés pour leur audace et leur cohérence, Lisi et Rushemy sont donc nommés directeurs artistiques de Nina Ricci en 2018 par le groupe Puig. Leur première collection pour la maison française, en automne-hiver 2019, transpose alors leur énergie hybride dans l’univers du luxe féminin. Une parenthèse significative, qui affirme leur capacité à naviguer entre codes historiques et esthétique contemporaine.
Depuis 2020, Botter défile à la Fashion Week homme de Paris, où il attire ainsi une communauté internationale fidèle. Leurs vêtements sont distribués chez Dover Street Market, Ssense, Boon the Shop, le Printemps, Nordstrom ou encore les Galeries Lafayette.
Une couture pour demain
La maison de luxe ne crée pas seulement des vêtements : il ouvre des mondes. En effet, la marque se distingue par sa capacité à raconter des récits personnels avec des outils universels. Tailoring hollandais, écologie radicale, héritage caribéen, spiritualité textile : tout converge vers une couture nouvelle, sensible, lucide.
La griffe est donc l’illustration qu’on peut faire de la mode un espace de réconciliation. Entre luxe et urgence climatique. Entre héritage et invention. Entre rêve et nécessité.