Créateur de mode

Andreas Kronthaler

Andreas Kronthaler incarne l’héritage et la réinvention de la maison Vivienne Westwood. Formé à l’artisanat et au design industriel, il a instauré un style singulier : entre noblesse de volumes archaïques et provocation punk, il conçoit une mode qui défie les genres et s’enracine dans l’esprit libre.

Les débuts de Andreas Kronthaler

Né en 1966 dans le Tyrol, Andreas Kronthaler grandit dans un paysage fait de montagnes, de silence et d’artisanat. Dès son plus jeune âge, il s’intéresse aux formes, aux matériaux, aux gestes. Il commence par étudier la bijouterie et le design industriel, mais très vite son regard se tourne vers la mode. Ses origines rurales, ancrées dans la simplicité et le travail manuel, se mêlent à une ambition urbaine nourrie de curiosité et de liberté. Dans chaque création, on retrouve cette dualité première — celle d’un créateur qui sculpte la matière comme un souvenir du monde d’avant, tout en rêvant le vêtement de demain.

Une rencontre déterminante

Alors qu’il étudie à Vienne à la fin des années 1980, Andreas Kronthaler croise la route de Vivienne Westwood, alors venue enseigner dans son école. Cette rencontre change tout. Séduit par son intelligence, son audace et sa vision radicale du vêtement, il quitte l’Autriche pour Londres et rejoint son atelier. Très vite, un dialogue créatif s’installe entre eux, fait d’admiration réciproque et de liberté totale. Ensemble, ils expérimentent, déconstruisent, transforment. Pour Kronthaler, c’est l’entrée dans un monde où la mode devient langage, où le vêtement exprime des idées, des colères, des désirs. Cette collaboration marque le début d’un compagnonnage à la fois artistique et amoureux, destiné à durer toute une vie.

Le style Kronthaler : héritage et invention

Très vite, Andreas Kronthaler impose un style reconnaissable entre tous. Il mêle les références historiques — corsets, tailleurs anciens, drapés d’un autre siècle — à une subversion profondément contemporaine. Ses silhouettes, souvent théâtrales, puisent dans la Renaissance, le baroque ou le costume traditionnel autrichien, mais il les détourne par des volumes inattendus, des textures hybrides et une énergie presque provocante. Chez lui, le passé n’est jamais nostalgique : il devient matière première, point de départ d’une réinvention. Cette manière de “briser pour recréer” traduit son regard sur le monde, à la fois respectueux de l’héritage et résolument tourné vers l’avenir.

Le rôle clé chez Vivienne Westwood

Chez Vivienne Westwood, Kronthaler travaille d’abord dans l’ombre, mais contribue de plus en plus aux collections majeures. En 2016, la ligne Gold Label est rebaptisée Andreas Kronthaler for Vivienne Westwood, un signe clair de reconnaissance de son influence. Dès lors, son nom entre dans le calendrier officiel et son style s’affirme avec davantage de liberté.

Originaire d’une vallée tyrolienne où l’artisanat était une loi de vie, Andreas Kronthaler garde ce sens du travail manuel et de la matière. Il parle souvent du tissu comme d’un organisme vivant, d’une matière qu’il faut comprendre avant de la transformer. Parallèlement, il partage avec Vivienne Westwood une passion pour l’activisme : la mode devient un terrain d’expression politique et écologique. Ensemble, ils utilisent le défilé comme une scène d’idées, mêlant slogans, symboles et engagement. Chez Kronthaler, le luxe ne réside pas seulement dans la coupe ou la rareté, mais dans la réflexion qu’il suscite. Créer, c’est aussi questionner le monde et son rapport à la beauté.

Les collections : théâtre, mémoire et innovation

Chaque collection signée Andreas Kronthaler for Vivienne Westwood se lit comme une pièce de théâtre. Il puise dans les archives, revisite des pièces iconiques, réinvente des volumes et des codes. Par exemple, il intègre des références à ses racines tyroliennes dans des silhouettes urbaines. Par ailleurs, il affirme que la chance et l’accident jouent un rôle essentiel dans sa création : “Le hasard est le meilleur architecte”, confie-t-il.

Son approche, à la fois instinctive et intellectuelle, s’apparente à une improvisation maîtrisée. Rien n’y est figé, tout semble pouvoir basculer d’un geste. Les tissus se froissent, s’enroulent, s’étirent, comme s’ils racontaient le mouvement de la vie elle-même. Chez Kronthaler, l’imperfection devient poésie, et le désordre, une forme d’équilibre.

Influence & héritage

Aujourd’hui, Kronthaler est reconnu non seulement comme designer mais aussi comme auteur de mode. Il incarne ainsi la génération qui a su allier patrimoine et futur, artisanat et digital, subversion et raffinement. Le nom de Andreas Kronthaler apparaît désormais comme une signature à part entière, tout en restant en dialogue avec l’héritage de Vivienne Westwood.

Vers une vision globale

Pour Kronthaler, la mode ne se limite pas au vêtement. Cela inclut l’environnement, la culture, l’art, le mouvement. Il s’interroge donc sur la durabilité, sur le retour au travail bien fait. Il évoque ses racines à Tyrol, ses montagnes, son enfance dans la nature, comme autant de sources d’inspiration. Ainsi, sa vision est plus large que le simple style : elle engage une éthique, une profondeur, une conscience.

Andreas Kronthaler n’est pas un simple nom dans l’industrie de la mode : il est un pont. Un pont entre traditions et innovation, entre artisan et artiste, entre l’histoire des vêtements et leur avenir. Sa trajectoire prouve que la mode peut être à la fois élégante et engagée, visuelle et conceptuelle, vêtement et manifeste.