Artiste

A$AP Rocky

Rappeur visionnaire, icône mode et acteur à l’aura singulière, il traverse les disciplines avec une aisance rare, transformant chaque projet en geste esthétique. De sa première mixtape à ses projets récents, l’artiste trace un parcours hors-normes, oscillant entre cloud-rap, trap et influences plus larges, tout en insufflant à chaque morceau une dimension personnelle et parfois introspective. Quelques titres permettent d’illustrer cette trajectoire : “Peso”, qui a fait de lui une voix incontournable de la scène rap autour de 2011, “F**kin’ Problems” — avec Drake, 2 Chainz et Kendrick Lamar — pour l’énergie brute et le succès massif qu’il a connu, mais aussi “Praise the Lord (Da Shine)” pour son mélange de groove et d’expérimentations contemporaines. À travers ces morceaux, A$AP Rocky témoigne de son éclectisme et de son audace artistique, tout en restant fidèle à un univers urbain authentique.

Les débuts de A$AP Rocky

A$AP Rocky, né Rakim Mayers en 1988 à Harlem, appartient à cette génération d’artistes capables de se déplacer entre plusieurs mondes. Très tôt, il comprend que la musique n’est qu’un point d’entrée. Dès son adolescence, il navigue entre les quartiers de Manhattan et du Bronx, absorbant autant les rythmes hip-hop que les silhouettes croisées dans la rue. Cette exploration constante façonne sa façon de créer. Ainsi, lorsqu’il émerge en 2011 avec une première mixtape qui bouscule immédiatement la scène, sa signature visuelle est déjà présente. Il sait précisément comment un vêtement peut raconter une histoire, et comment un geste peut créer une image durable.

Ainsi, au fil des années, il devient l’un des artistes les plus influents de la mode masculine contemporaine. Son élégance nonchalante, son sens du détail, sa capacité à mélanger streetwear et haute couture en font un visage recherché. De plus, sa présence à la frontière du cinéma renforce son aura. A$AP Rocky apparaît dans plusieurs films indépendants, choisissant des rôles qui lui permettent d’expérimenter autant la physionomie que le jeu. Ce goût pour l’image en mouvement le rapproche, presque naturellement, de projets plus narratifs.

2025 : Chanel choisit Rocky et enclenche une nouvelle dynamique

Lorsque Chanel annonce en 2025 qu’A$AP Rocky devient ambassadeur de la maison, la nouvelle résonne immédiatement. Ce choix n’est pas seulement symbolique. Il marque un repositionnement, presque une nouvelle respiration pour la maison française. A$AP Rocky n’incarne pas un luxe froid ou inaccessible. Il représente une forme de modernité chaleureuse, mouvante, hybride. Pourtant, Chanel n’aurait pas opté pour lui si son style n’était pas aussi précis, aussi finement articulé.

La marque veut désormais s’ouvrir à une narration plus contemporaine. Elle souhaite dialoguer avec une culture qui, depuis longtemps déjà, dépasse les frontières de la mode traditionnelle. Ainsi, Chanel imagine un film qui ne serait pas une simple campagne publicitaire, mais une histoire. Un récit dans lequel l’amour, la ville et le vêtement se superposent sans s’annuler. Pour diriger ce projet, la maison fait appel à Michel Gondry, réalisateur dont la sensibilité onirique et artisanale offre un contrepoint idéal au prestige du luxe.

Le film : une romance dynamique dans un New York réenchanté

Le court-métrage, tourné à New York, commence dans un appartement. A$AP Rocky et Margaret Qualley s’y réveillent dans une scène de douceur familière. Tout semble simple ; pourtant, la simplicité chez Gondry annonce toujours une bascule. Qualley se lève, traverse une porte, disparaît, puis revient métamorphosée, vêtue d’une tenue Chanel impeccable.

À partir de là, A$AP Rocky se lance dans une course effrénée. Il quitte l’appartement, dévale les escaliers métalliques, traverse la rue, remonte sur les routes, court entre Brooklyn et Manhattan. Le montage, dynamique et légèrement décalé, transforme la ville en un espace presque ludique. Pourtant, la tension reste palpable : A$AP Rocky cherche, espère rejoindre celle qu’il aime. Gondry filme cette quête avec une poésie presque enfantine. Les gestes sont rapides, mais la caméra respire. Le film adopte un rythme qui oscille constamment entre urgence et délicatesse.

Lorsqu’ils se retrouvent finalement à la sortie d’une station de métro, A$AP Rocky lui tend une petite boîte. Qualley réagit avec spontanéité, saute dans ses bras, rit, puis les deux personnages repartent. Cette légèreté conclut le film comme un souffle, et non comme une démonstration.

A$AP Rocky, un artiste total

Le parcours d’A$AP Rocky illustre la trajectoire rare d’un artiste capable de se réinventer sans jamais se perdre. Depuis ses débuts à Harlem, où il observe avec une curiosité presque instinctive les silhouettes, les attitudes et les échos sonores de la ville, il avance comme quelqu’un qui refuse de choisir une seule direction. Ses premiers succès musicaux lui offrent une exposition mondiale ; pourtant, c’est sa manière d’habiter cette exposition qui le distingue. Au fil des années, cette liberté devient son moteur. Ses albums adoptent des esthétiques mouvantes, ses collaborations mode témoignent d’une intuition aiguisée, et ses apparitions au cinéma montrent un acteur qui comprend le pouvoir des micro-gestes, des regards et des silences. Chaque discipline enrichit la suivante. De plus, sa fascination pour l’image nourrit son travail musical autant que ses choix artistiques. Ce mouvement constant trouve une nouvelle expression dans sa collaboration avec Chanel en 2025. Ce court-métrage n’est pas une parenthèse dans sa carrière. Il prolonge au contraire une trajectoire déjà en mouvement : celle d’un artiste qui fait dialoguer image, musique, mode et cinéma pour construire un récit cohérent, généreux et ouvert.