Rencontre avec Filippo Sorcinelli, designer de vêtements pour le Vatican et créateur de parfums
Rencontre avec un artiste ténébreux, designer de vêtements pour le Vatican et créateur d’une marque de parfums aux effluves mystérieux.
par Laurence Hovart.
Le designer italien Filippo Sorcinelli dirige l’Atelier LAVS, l’Atelieri di Vesti Sacre, un laboratoire créatif spécialisé dans la restauration, la conception et la fabrication de vêtements et d’accessoires sacrés. En relation permanente avec les diocèses, mais aussi avec l’Office des célébrations liturgiques du souverain pontife au Vatican, Sorcinelli est un parfait connaisseur des rites de la religion catholique, condition indispensable à la parfaite exécution de son métier. Depuis vingt ans, il réalise robes, chasubles et mitres avec un brio qui lui vaut une réputation internationale et lui permet d’annoncer la vente de 150 pièces, toujours uniques, par an. Le pape Benoît XVI, qui les voulait suffisamment lumineuses pour rendre gloire à Dieu, n’a porté que ses créations ; quant au pape François, dont le goût pour la sobriété ne lui permet pas de porter des tenues réalisées pour d’autres papes, il arborait, entre autres, pour la messe du début de son pontificat en 2013, les ornements conçus pour la circonstance par Sorcinelli. Détail clé qui caractérise la singularité de Filippo Sorcinelli, jamais il n’a livré un vêtement sacré sans accompagner le colis d’un voile du parfum LAVS, un encens somptueux surdosé en poivre noir, de sa conception.
L’ensemble de sa création est traversé par une quête de spiritualité, une recherche toujours tendue entre ombre et lumière au sein de laquelle les ténèbres occupent une place de choix.
Élevé par une mère qui faisait le ménage dans une église, Sorcinelli a été bercé tout à la fois par ces vapeurs d’encens qui l’ont inspiré, mais aussi par la puissance de la musique sacrée. Cet ancien enfant de cœur devenu organiste virtuose a été récompensé dès 2017 pour ses mérites artistiques et nommé directeur artistique et organiste de la prestigieuse église de la Croix à Senigallia. Ce passionné d’art gothique, nourri d’histoire de l’art et lecteur attentif de livres anciens, est un pur produit d’une Italie tout à la fois respectueuse de la religion, imprégnée de culture classique, mais aussi incroyablement créative. Artiste touche-à-tout, Filippo Sorcinelli peint et dessine des bijoux mêlant éléments anciens à de l’argent ou à de l’or noircis, et imagine des parfums énigmatiques. L’ensemble de sa création est traversé par une quête de spiritualité, un goût prononcé pour le clair-obscur, une recherche toujours tendue entre ombre et lumière au sein de laquelle les ténèbres occupent une place de choix. Les parfums que Filippo Sorcinelli développe sont la parfaite traduction de ce qui semble animer ce personnage étonnant. Sa dernière création, Violon Basse 16, qui prend pour point de départ un hommage rendu au grand orgue de Notre-Dame de Paris, développe des effluves boisés aldéhydés dont le cœur noir de poivre et de cannelle se couche sur un lit d’encens, de cèdre et de bouleau aux accents cuirés. Le flacon, dont le design évoque la forme des touches de l’orgue, se découvre au sein d’un bloc brut en pin noir laissant planer le doute et le mystère jusqu’au bout.
Violon Basse 16, collection Extrait de Musique, FILIPPO SORCINELLI. 155 euros les 50 ml. En vente chez NOSE et chez L’ECLAIREUR.