5 jan 2021

L’incroyable épopée de la J12 de Chanel dans un beau livre

La maison Chanel dévoile un ouvrage inédit qui revient sur le succès de sa création horlogère la plus emblématique : la J12.

Il y a vingt ans, Chanel révolutionnait le monde de l’horlogerie avec la J12, une montre graphique et androgyne habillée de céramique noire – la première proposée dans cette teinte. Trois ans plus tard, la maison décline cette création dans une version blanche toute aussi remarquable. Et tandis qu’en 2020 la maison de la rue Cambon repousse une fois de plus les limites de la conception horlogère avec la J12 X-RAY – une montre d’une pureté exceptionnelle en or blanc et saphir transparent qui laisse entrevoir la structure et le mécanisme – elle publie également un ouvrage qui revient sur l’incroyable histoire de cette création horlogère désormais intemporelle.

 

Imaginé par Jacques Helleu, directeur artistique de l’horlogerie Chanel, la J12 se distingue par ces lignes masculines et sportives mais également par son bracelet articulé qui épouse les courbes du poignet et une resistance exceptionnelle. S’il a l’idée de cette montre en 1994, il faudra attendre l’an 2000 pour que la technologie lui permette d’atteindre la perfection esthétique et technologique qu’il a l’esprit. Par la suite, la maison Chanel ne cesse de décliner, réinterpréter, perfectionner la J12 au point d’en faire un classique de l’horlogerie contemporaine, comme le montre cet ouvrage graphique enrichi de sublimes photos signées Karl Lagerfeld, Peter Lindbergh, Man Ray ou Guido Mocafico

 

 

Arnaud Chastaingt, directeur du studio de création Horlogerie et Gaspard Ulliel, acteur et égérie de la maison

À l’occasion de cet anniversaire Arnaud Chastaingt, directeur du studio de création Horlogerie et Gaspard Ulliel, acteur et égérie de la maison, se sont prêtés au jeu de l’interview en face à face.

 

Vingt ans, c’est souvent le temps que requiert l’expérience… êtes-vous de cet avis ?
Arnaud Chastaingt : Non. Je ne crois pas au temps d’expérience pour définir la qualité d’un talent. L’insouciance et la naïveté ont bien plus d’intérêt, surtout en création. Si j’avais dû attendre d’avoir 20 ans d’expérience pour créer des choses intéressantes, je débuterais ma carrière !

Gaspard Ulliel : “L’expérience est une lanterne accrochée dans le dos qui ne fait qu’éclairer le chemin parcouru.” J’aime aussi beaucoup cette citation de Confucius. C’est assez vrai, non ? L’expérience est-elle ce qui a déjà été acquis ou ce qui reste à acquérir ? Vaste question ! L’expérience est sans cesse devant nous, je pense.

 

Gaspard, on dit d’un acteur qu’il joue. Le temps joue-t-il aussi avec vous ?

Gaspard Ulliel : Oh, oui ! En revanche, joue-t-il pour moi ou contre moi ? Se joue-t-il de moi ? Difficile de savoir. En tout cas, le temps est au centre de mon travail. La carrière d’un acteur est faite de crêtes, de hauts et de bas, entrecoupés de moments de vide. Le temps, pour un acteur, est souvent synonyme d’attente. Attente d’une prise, d’un prochain film, d’une rencontre, d’un scénario, d’un rôle, de la sortie d’un film, de l’accueil du public. L’acteur se questionne aussi sur le temps du réel et le temps de la fiction. C’est quasiment schizophrénique. Pas que l’acteur d’ailleurs. Nous vivons tous sous le joug de nos propres fictions…

 

Arnaud, on dit d’un designer qu’il crée. Le temps crée-t-il aussi avec vous ?
Arnaud Chastaingt :
Je ne sais pas si le temps crée pour moi. En revanche, je sais que je crée pour lui ! Et pour longtemps s’il m’en laisse le temps !

 

Gaspard, si vous deviez vous réincarner en directeur artistique horloger, quelle montre aimeriez-vous créer ?
Gaspard Ulliel : La montre qui arrête le temps ! Mieux encore, celle qui donne à voir un autre temps. Comme celui de l’amour, par exemple. L’amour possède sa propre temporalité. C’est un temps indélébile qu’aucune rupture n’efface. J’en parle parce que j’ai récemment tourné dans une série qui explorait cette temporalité liée à l’amour (Il était une seconde fois de Guillaume Nicloux – 2019). C’est un temps infini qui porte en soi la blessure de l’absence. On passe des temps forts et des temps morts… et ça continue de nous hanter éternellement.

 

Arnaud, si vous deviez vous réincarner en acteur, dans quel film aimeriez-vous jouer ?

Arnaud Chastaingt : J’ai une fascination pour le métier d’acteur mais je serais incapable de l’exercer. Je ne pense pas avoir la capacité de me transposer dans un univers fictionnel. Paradoxalement, c’est ce que je fais quotidiennement en arrière-plan quand je crée des montres… mais davantage comme un réalisateur.

 

 

“J12 Instant Éternel”, Relié, 23 x 32,5 cm, 160 pages, 150 illustrations, publié par Thames & Hudson