Les plus belles œuvres du Louvre interprétées par des parfumeurs
À l’occasion de l’ouverture de sa boutique éphémère au sous-sol du Louvre, la parfumerie L’Officine Universelle Buly s’associe avec le musée parisien pour un projet inédit : la création de huit parfums inspirés par des œuvres de sa collection. Découvrez les coulisses de cette collaboration à travers cinq de ces parfums.
Par Matthieu Jacquet.
Que diriez-vous d’une visite olfactive au musée du Louvre ? Jusqu’au 6 janvier prochain, la parfumerie française L’Officine Universelle Buly propose une expérience inédite dans l’histoire de la parfumerie française. Huit parfumeurs ont été invités à s’inspirer d’une œuvre présente au Louvre pour créer un parfum. Chacun des “nez” a eu carte blanche pour choisir l’œuvre qu’il souhaitait parmi les sculptures antiques ou toiles de maître des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles… Ouverte dès aujourd’hui au sous-sol du musée, la boutique éphémère de L’Officine Universelle Buly présente ainsi les huit parfums nés de ce projet, déclinés sous différentes formes : en flacon (parfums de peau à l'eau de la gamme Eau Triple), bougies, alabastres (diffuseurs de parfum d'ambiance), feuilles de savon et cartes postales parfumées. Tour d’horizon de cinq des huit œuvres choisies par les parfumeurs.
Une odalisque, dite La grande odalisque, Jean-Auguste-Dominique Ingres, 1814
Personnification de l’exotisme et de l’orientalisme en peinture occidentale, La grande odalisque représente la vision fantasmée et onirique au XIXe siècle des décors de l’Orient, tels que les harems de l’Empire ottoman. À la demande de Caroline Murat, sœur de Napoléon 1er, Ingres a peint cette célèbre toile en 1814 alors qu’il vivait encore à Rome. De cette femme nue et sensuelle, la perfumeuse Domitille Michalon-Berthier a voulu capturer dans son parfum la sensation de la chair et de l’épiderme. En résulte une senteur riche d'épices (poivre rose, cardamone et cumin) nous plongeant au cœur des marchés de l'Orient, où l'on discerne également l'odeur de l'encens comme l'écho évident du brûle-parfum présent sur le tableau.
La Victoire de Samothrace, II siècle avant J.-C.
Située en haut des escaliers du département des Antiquités, la Victoire de Samothrace fait partie des œuvres les plus célèbres du Louvre. Découverte en 1863 par un diplomate français sur l’île de Samothrace, cette allégorie ailée du IIe siècle avant J.-C. témoigne d’une grande maîtrise du drapé sur le marbre, caractéristique de la sculpture héllénistique. Pour retranscrire son odeur, Aliénor Massenet a choisi de souligner les senteurs de sa région d’origine, au nord de la mer Egée entre la Grèce et la Turquie. La parfumeuse a donc composé un bouquet floral d’une grande légèreté, riche de jasmin, fleur d’oranger, rose et magnolia, qui nous transporte au cœur des paysages méditerranéens.
Saint Joseph charpentier, Georges de la Tour, vers 1642
Avec son parfum, Sidonie Lancesseur nous ramène dans l’intimité d’un intérieur éclairé à la lumière de la bougie : son intérêt s’est tourné vers Saint Joseph Charpentier, tableau réalisé autour de 1642 par l’un des maîtres peintres du clair obscur, Georges de la Tour. De cette œuvre construite autour de la dualité, la parfumeuse a voulu retranscrire la puissance des contrastes : entre jour et nuit, entre chaleur et fraîcheur, entre jeunesse et vieillesse. Riche de notes ambrées relevées par des notes épicées et fleuries, son parfum évoque la chaleur familière et boisée d'un feu de cheminée.
La Vénus de Milo, vers 120 avant J.-C.
Œuvre emblématique de la collection du Louvre, et certainement la sculpture antique la plus connue au monde, la Vénus de Milo ne cesse d’inspirer les créateurs depuis sa découverte en 1820 dans les Cyclades. Un attrait sans doute lié à son érotisme manifeste ainsi que sa posture et ses plis remarquables appréciés grâce à sa conservation quasiment intacte, exception faite de ses deux bras. Inspiré par la sensualité de cette figure, le parfumeur Jean-Christophe Hérault a composé un dense bouquet floral et fruité pour créer une odeur sucrée et féminine.
La Nymphe au scorpion, Lorenzo Bartolini, vers 1835-1845
L’incursion au XIXe siècle continue avec une œuvre de Lorenzo Bartolini, sculpteur italien représentant du mouvement puriste. Réalisée entre 1835 et 1845, sa Nymphe au scorpion met en scène une jeune femme nue dont la vertu se trouve menacée par un scorpion, allégorie du désir masculin. Oscillant entre la sensualité pure du romantisme et de la rigueur néoclassique, cette statue a inspiré Annick Ménardo, qui a souhaité en extraire la plasticité de la peau. Dans sa création, on retrouve l'odeur fusante de la mandarine et du jasmin, contrastées par l'amande amère.
Au-delà des cinq œuvres ci-dessus, trois autres ont été choisies par les parfumeurs : Le Verrou de Jean-Honoré Fragonard (1769), Conversation dans un parc de Thomas Gainsborough (vers 1746-1748) et La Baigneuse, de Jean-Auguste-Dominique Ingres (1808). Un riche panel de parfums à découvrir dès aujourd’hui dans la boutique éphémère boutiques L'Officine Universelle Buly, installée dans la Pyramide du Louvre jusqu'au 6 janvier 2020.