13 juin 2015

Les confidences de Guillaume Henry, nouveau directeur artistique de Nina Ricci

Guillaume Henry évoque avec Numéro sa collaboration avec l’artiste Collier Schorr au sein de laquelle se déploie sa vision poétique de la femme.

«Je voulais réaliser un teaser de ma première collection Nina Ricci, et, lors de la phase de réflexion, je retombais systématiquement sur des images de Collier Schorr. Marc Ascoli m’a alors suggéré de travailler avec elle. Si bien que nous avons naturellement pensé à lui demander de réaliser cette vidéo. Collier ne triche pas, elle laisse les gens libres de s’exprimer. Elle est dans le lâcher-prise. Sur le plateau, le modèle finit presque par oublier sa présence. Ce sont des micro-instants d’abandon qu’elle arrive à capter. Collier est une photographe de l’instant. De l’instant magique. Ce n’est absolument pas trafiqué. Il y a une forme de vérité dans son travail. Et ça, c’est quelque chose que j’aime beaucoup pour Nina Ricci.

 

La maison, fondée par une femme, incarne une idée de la féminité, et pour ce premier rendez-vous, j’avais donc vraiment envie d’une femme qui regarde les femmes. Parce que Nina Ricci ne propose pas une séduction frontale. On voit souvent les mannequins poser devant les photographes de façon un peu forcée. Mais avec Collier, pas du tout. Cela correspond bien à l’image de la femme Ricci que j’ai en tête, quand je dis que ce n’est pas une femme qui crie. Les femmes de Collier ne crient pas non plus, mais elles n’en restent pas moins impactantes, touchantes, émouvantes. Sa façon de transcrire la peau est fabuleuse. C’est une matière.

 

Et chez Ricci, je préfère m’attarder sur la sensation du textile plutôt que sur un détail de poche, parce que j’aime cet aspect charnel. C’est pour cette raison que j’ai souhaité que les filles marchent en rond comme dans un manège. Pour que le public ait un rapport plus intime au tissu. Je voulais que le tissu soit comme un grain de peau.»