5 mai 2017

Domestique invite les jeux érotiques dans la mode

En septembre 2016, Bastien Beny et Simon Delacour lançaient ensemble leur label Domestique, qui revisite les objets-types du BDSM pour les adapter en accessoires de mode utilisables dans des jeux érotiques aventureux. Un entre-deux subtil qui mise sur une qualité de fabrication made in France exceptionnelle, pour sublimer les pratiques sexuelles contemporaines. Rencontre avec les deux garçons. 

Numéro : Comment définiriez-vous l’univers de Domestique ?

Bastien Beny : Nous avons lancé Domestique en septembre 2016. Je suis le directeur artistique, et Simon le directeur commercial du label. Nous avons élaboré notre marque sur la base du BDSM : alors que ces codes étaient jusqu’à récemment réservés à un milieu fermé, aujourd’hui, cette esthétique et ces pratiques ont largement pénétré notre culture, dans une version soft. Nous avons voulu apporter notre vision en détournant les instruments typiques du BDSM en accessoires-bijoux qui peuvent être portés de multiples façons. Avec une qualité de matières et de fabrication exceptionnelle, qui tranche avec les produits généralement disponibles sur le marché.

 

D’où vous vient cet amour et cette connaissance de la qualité ?

Bastien Beny : Je suis maroquinier prototypiste, et je travaille depuis 7 ans chez h [prononcer « petit H »], le label de la maison Hermès dirigé par Pascale Mussard. Il s’agit d’une typologie de produits unisexe, modulables, réalisés à partir des matières non utilisées par la maison. Etant donné ma spécialisation, je peux réaliser un prototype de A à Z pour Domestique, ce qui change totalement notre rapport au produit.

Simon Delacour : La beauté de nos articles vient de cette qualité artisanale. Nous travaillons chacun depuis 10 ans avec des fabricants dont nous connaissons l’exigence et le travail. Nous avons donc mis à profit ce réseau pour Domestique. Ils sont pour la plupart à Paris, cette proximité induit une réactivité et un rapport de confiance plus poussé avec nos façonniers.

Autour de quelles pièces l’univers de Domestique s’articule-t-il? 

Bastien Beny : La toute première collection a été conçue pour revisiter, détourner et ennoblir les basiques que l’on peut trouver dans un sex-shop, tels qu'un paddle, des menottes, un harnais, une laisse ou encore de la corde au mètre, etc. Le Collier Rouge-Gorge, le Bracelet Linotte  la Corde Alouette et la Plume Bécasse ont été des hits immédiats. L’Anneau Coucou, inspiré du cache-tétons des années 20, est lui apparu en janvier 2017. 

Simon Delacour : Nous avons décidé de ne pas suivre le calendrier de la mode : chaque année, Domestique présentera une nouvelle série de pièces insolentes et soignées, intégralement made in France, hors de la saisonnalité printemps-été, automne-hiver. De nouveaux accessoires viendront au fil des mois compléter la collection qui se verra également déclinée en couleurs et en matières, et se contextualiser dans le domaine de l’art et du design d’objet.

 

Point important : les pièces sont-elles fonctionnelles, ou seulement des accessoires de mode, décoratifs ?

Simon Delacour : Nos pièces sont fonctionnelles dans le cadre d’une pratique soft. Domestique est une marque à plusieurs degrés de lecture. Nos objets, utilisés dans ce contexte, sont une sorte de deuxième peau. Ils deviennent une troisième peau quand ils sont utilisés comme des accessoires de mode. 

Bastien Beny : Notre challenge était justement d’imaginer des objets fonctionnels, mais qui puissent aussi habiller un vêtement. Ils sont donc résistants, mais ils ne sont tout de même pas conçus pour supporter des suspensions… Les paddles peuvent être utilisées par exemple dans le cadre d’un jeu érotique, mais pas pour du BDSM hardcore. 

 

 

 

Le nom de votre marque appuie pourtant fortement l’idée des jeux de domination.

Bastien Beny : Notre nom évoque aussi notre désir de voir nos clients s’approprier ces produits, les intégrer dans leur univers. Ce sont des accessoires que l’on peut porter au quotidien. Nous proposons aussi régulièrement des collaborations avec des artistes qui eux aussi, s’approprient les codes de notre marque.

Simon Delacour : Nous aimons l’idée de nous situer dans un jeu de yoyo entre la sphère intime et la sphère publique. Nous présentons dans le cadre des D’Days jusqu’au 14 mai au 83, rue de Turenne, une collaboration avec l’artiste plasticien Pascal Pillard, qui réinterprète nos pièces phares.

 

www.domestiqueparis.com

Studio Marant x domestique x Pascal Pillard