14 mai 2018

De Los Angeles à Paris, chronique d’un reporter infiltré

Le plagiat de Damien Hirst, les portraits officiels du couple Obama, l’envol du marché asiatique…

Photo : Jessica Craig-Martin

Récemment, Damien Hirst a dû répondre à des accusations de plagiat visant sa nouvelle série de peintures abstraites présentée à Los Angeles chez Gagosian et qui serait copiée d’une peintre aborigène. Hirst a répliqué qu’il ne connaissait pas cette artiste. Il faut dire que sa peinture pointilliste pourrait tout aussi bien ressembler à du Signac, et il a finalement déclaré que sa source c’était l’école post-impressionniste et des peintres comme Bonnard et Seurat.

 

Quand la peinture de portrait devient politique… Les politiciens ne comprennent souvent rien à l’art contemporain, le jugeant trop élitiste, et font souvent des choix très tranquilles. Les Obama ont renouvelé la tradition du portrait présidentiel en invitant deux artistes afro-américains (une première dans l’histoire) à réaliser les leurs. Le peintre kitsch et ouvertement gay Kehinde Wiley, représenté par la galerie Templon à Paris, a été choisi par Barack Obama et a, depuis, rejoint l’agence de talents et de production Brillstein Entertainment Partners (à qui l’on doit, entre autres, les films Ghostbusters). Une façon d’être vraiment mass market. Michelle Obama a quant à elle choisi Amy Sherald qui, depuis, a directement rejoint l’écurie d’artistes de la galerie Hauser & Wirth. Mais les Obama ne sont pas les premières personnalités politiques à donner une image “contemporaine”. Bill Clinton avait choisi Chuck Close, et Kennedy, Elaine De Kooning, oui, la femme de Willem…

 

 

À Art Basel Hong Kong, le marché asiatique s’est envolé avec des ventes à plus de 35 millions de dollars…

 

 

En France, Emmanuel Macron, pour son portrait officiel, a choisi Soazig de la Moissonnière, inconnue au bataillon dans l’art, mais bien implantée dans la politique puisqu’elle a signé le portrait de campagne de François Bayrou en 2012. Aux dernières nouvelles, elle n’a pas rejoint l’écurie d’une galerie.

 

Au gala donné par la présidence lors de la Fashion Week, au moins, tout le monde a posé devant un gigantesque Alechinsky (le peintre a 90 ans), plus intéressant que le street artist Shepard Fairey qui trône à l’Élysée. Il y a bien une œuvre contemporaine dans le bureau, et il s’agit d’un Claude Lévêque. Mais c’est un tapis réalisé par la manufacture de la Savonnerie… une future carrière pour plein d’advisors.

 

Les maisons de vente anglaises ont dû informer le gouvernement des disparités de salaire entre femmes et hommes au sein de leur entreprise. La pire ? Bonhams, puisqu’elle reconnaît 36,7 % de disparité entre les deux sexes. Christie’s paye les femmes 25 % de moins, et l’écart chez Sotheby’s est de 22,2 %.

 

À Art Basel Hong Kong, le marché asiatique s’est envolé avec des ventes à plus de 35 millions de dollars (un De Kooning chez Lévy Gorvy – qui ouvre d’ailleurs une antenne à Zurich, avec à sa tête Andreas Rumbler, sosie de François Fillon débauché de chez Christie’s). De nouvelles galeries y germent, comme Hauser & Wirth, Pace et Pearl Lam, dans des buildings spécialement pensés pour accueillir de l’art comme le H Queen’s Building. 

 

La quinzième édition du dîner de gala des Amis du Centre Pompidou s’est, pour la première fois, déroulée sans discours. Était-ce dû à l’arrivée tardive de Mme la ministre ? À la place, le designer belge Charles Kaisin a proposé un décor noir et blanc, avec des plats qui tournaient sur des supports électriques pas très pratiques pour manger. Sur les tables, des micro-sculptures éclairées formaient les mots d’une phrase d’un célèbre artiste en relation avec celle où vous étiez assis (j’étais à la table Picasso). Mais ce qu’il faut retenir, c’est le record de participants et le nouvel accrochage très réussi des chefs-d’œuvre de la collection.