Who is Christopher John Rogers, the new American designer adored by Zendaya and Lady Gaga?
Numéro dresse le portrait de Christopher John Rogers, créateur américain et finaliste du Prix LVMH 2021, futur de la mode outre-atlantique, qui séduit avec ses collections aussi glamour que flamboyantes.
par Léa Zetlaoui.
Christopher John Rogers, créateur américain émergent
Le mercredi 20 janvier 2021, Joe Biden devient officiellement le 46e président des États-Unis lors d’une cérémonie organisée à Washington en présence des chanteuses Lady Gaga, Jennifer Lopez et de la jeune poétesse Amanda Gorman. À ses côtés, se tient Kamala Harris, première femme vice-présidente, vêtue d’une robe midi et d’un manteau assorti de couleur violette, en référence aux flyers distribués par Shirley Chisholm, première femme noire à se présenter à l’élection présidentielle américaine en 1972. Cet ensemble aussi sobre qu’élégant est signé Christopher John Rogers, jeune designer qui s’impose comme le futur de la mode made in USA.
Quand Christopher John Rogers présente pour la première fois une collection à la Fashion Week de New York en septembre 2018, l’événement est en proie à exil de plusieurs créateurs phares. Proenza Schouler ou Altuzarra défilent à Paris, Alexander Wang est sorti du calendrier officiel, Tommy Hilfiger a choisi Londres et Tom Ford, Los Angeles. Des places vacantes qui seront rapidement occupées par une flopée de jeunes créateurs à l’instar de Pyer Moss, Eckhaus Latta, Area et Christopher John Rogers. En quelques saisons, ce dernier, avec ces collections glamour et exubérantes, séduit le jury du CFDA (conseil des créateurs de mode américains) présidé par Tom Ford, qui lui décerne le prix Vogue Fashion Fund en 2019 et le prix du designer émergent en 2020. En avril 2021, Christopher John Rogers tape dans l’œil du jury du Prix LVMH, qui récompense chaque année depuis 2013 des jeunes créateurs de la scène mode internationale, et rejoint la liste des 9 finalistes.
Christopher John Roger, héritier des grands couturiers américains
Impossible de ne pas s’arrêter devant les créations de Christopher John Rogers qui évoquent de grands couturiers comme Charles James ou Christian Lacroix ainsi que des références issues de ses racines afro-américaines. Originaire de Bâton-Rouge en Louisiane, le jeune designer a étudié au Savannah College of Art and Design. “Grandir et étudier dans le sud des États-Unis m’a donné une façon différente d’envisager la mode. Je n’étais pas influencé par le besoin de proposer des pièces trop pragmatiques”, confie le créateur à Numéro.
Maîtrisant aussi bien l’art du drapé que du tailoring, l’utilisation des volants, des jabots et des plissés, les volumes audacieux et les modèles fourreaux, Christopher John Rogers imagine des créations audacieuses aux volumes recherchés et effets de matière brillants que l’on ne voit nulle part ailleurs. “Le travail que je fais n’est pas nécessairement couture, mais j’aime l’idée qu’il ne soit pas facilement reproductible – je trouve cela très stimulant. Nous pouvons aussi bien nous inspirer de robes d’archives que de sacs poubelle, de sacs de shopping ou d’œuvres, qui tous auront le même pouvoir de traduire l’idée de “crissement” ou de “froissement”.Ils ont une même puissance esthétique. Il s’agit plus de l’énergie des volumes, de proposer quelque chose de nouveau, et de travailler avec des tissus qui m’inspirent plus que l’idée de “couture”, poursuit-il.
À la manière d’un peintre, le créateur appose, sur ses robes volumineuses et ses costumes ajustés, des couleurs vibrantes en aplat (fuchsia, bordeaux, turquoise, jaune, vert, orange…), des motifs éclatants, des imprimés floraux (abstraits ou figuratifs), de larges rayures, des rangées de cercles empruntés à l’artiste Victor Vasarely, ou des tissus à carreaux façon madras. Par la puissance de ses créations, en à peine quelques mois, Christopher John Rogers se taille ainsi une place de choix dans le vestiaire des stars américaines friandes de ses tenues théâtrales telles que Zendaya, Lil Nas X ou encore Lady Gaga et Tessa Thompson.
Une mode pour revendiquer sa personnalité
Si ses créations démesurées évoquent l’univers flamboyant des ballrooms (contre-culture née dans le New York des années 80 au sein des communautés LGBTQ afro et hispano-américaines, au sein de laquelle s’organise des battles de danses et des défilés), le créateur se défend de s’en inspirer directement. “Je ne dirais pas que je suis directement inspiré par la scène ballroom – c’est quelque chose que beaucoup de gens rapprochent en effet de mon travail, mais ce n’est pas une référence directe. Je suis noir, et américain, et queer, donc il y a une volonté délibérée d’être vu et visible, et d’occuper l’espace (de façon à la fois évidente et implicite) qui est très apparent dans mon travail, donc je comprends le lien qui est fait”, justifie-t-il. Finalement, à travers sa mode, Christopher John Rogers prône l’affirmation de soi et souhaite surtout offrir à chacun la possibilité d’exprimer pleinement sa propre personnalité.