What makes the Maison Margiela Artisanal show spectacular?
Ce jeudi 25 janvier 2024, à la tombée de la nuit, John Galliano était au sommet de son art avec un défilé Maison Margiela Artisanal spectaculaire. Un show présenté sous le pont Alexandre III qui vient clore en beauté la Fashion Week haute couture printemps-été 2024.
By Léa Zetlaoui.
By Léa Zetlaoui.
Maison Margiela Artisanal show under the Alexandre III bridge
On Thursday 25th of January, 2024, the Left Bank quays underneath the Alexandre III bridge in Paris were the stage of an unforgettable fashion event that conjured up the golden age of haute couture.
Under the Parisian drizzle and the light of the first full moon of the year, Kim Kardashian, Kylie Jenner, Nadia Lee Cohen, Yves Tumor and many other guests took a seat in a cinematic setting reminiscent of the cafés, or rather the gambling dens of the late 19th century, designed with La Mode en Images for the Maison Margiela Artisanal show.
As a veteran of a bygone era when fashion designers used to be both couturiers and showrunners, John Galliano presented a spectacular show that was completely worth the one-hour delay and offered us a brilliant finale to the lackluster Spring/Summer 2024 Haute Couture Fashion Week.
Un défilé Maison Margiela Artisanal sous le pont Alexandre III
Ce jeudi 25 janvier 2024 à Paris, les quais de la rive gauche situés sous le pont Alexandre III vont être le théâtre d’un moment de mode inoubliable, qui rappelle les grandes heures de la haute couture.
À la lueur de la première pleine lune de l’année, et tandis qu’une fine bruine tombe sur Paris, les invités du défilé Maison Margiela Artisanal – parmi lesquels Kim Kardashian et Kylie Jenner, Nadia Lee Cohen et Yves Tumor – prennent place dans un décor cinématographique rappelant les bistrots, ou plutôt tripots, de la fin du 19e siècle, conçu avec La Mode en Images.
Vétéran d’une époque révolue où les créateurs de mode étaient à la fois couturiers et showrunners, John Galliano présente ce soir-là un défilé spectaculaire (qui valait bien une heure de retard), clôturant en beauté une Fashion Week haute couture printemps-été 2024 en demi-teinte.
Maison Margiela Artisanal show under the Alexandre III bridge
On Thursday 25th of January, 2024, the Left Bank quays underneath the Alexandre III bridge in Paris were the stage of an unforgettable fashion event that conjured up the golden age of haute couture.
Under the Parisian drizzle and the light of the first full moon of the year, Kim Kardashian, Kylie Jenner, Nadia Lee Cohen, Yves Tumor and many other guests took a seat in a cinematic setting reminiscent of the cafés, or rather the gambling dens of the late 19th century, designed with La Mode en Images for the Maison Margiela Artisanal show.
As a veteran of a bygone era when fashion designers used to be both couturiers and showrunners, John Galliano presented a spectacular show that was completely worth the one-hour delay and offered us a brilliant finale to the lackluster Spring/Summer 2024 Haute Couture Fashion Week.
Un défilé Maison Margiela Artisanal sous le pont Alexandre III
Ce jeudi 25 janvier 2024 à Paris, les quais de la rive gauche situés sous le pont Alexandre III vont être le théâtre d’un moment de mode inoubliable, qui rappelle les grandes heures de la haute couture.
À la lueur de la première pleine lune de l’année, et tandis qu’une fine bruine tombe sur Paris, les invités du défilé Maison Margiela Artisanal – parmi lesquels Kim Kardashian et Kylie Jenner, Nadia Lee Cohen et Yves Tumor – prennent place dans un décor cinématographique rappelant les bistrots, ou plutôt tripots, de la fin du 19e siècle, conçu avec La Mode en Images.
Vétéran d’une époque révolue où les créateurs de mode étaient à la fois couturiers et showrunners, John Galliano présente ce soir-là un défilé spectaculaire (qui valait bien une heure de retard), clôturant en beauté une Fashion Week haute couture printemps-été 2024 en demi-teinte.
Lucky Love, Leon Dame and Gwendoline Christie, the Maison Margiela muses
John Galliano invited Lucky Love to perform his latest song Now, I don’t need your love, along with a gospel choir to open the Maison Margiela Artisanal show. The French singer, dancer, cabaret performer and actor, who had already set the tone for the Maison Margiela Spring-Summer 2024 show, delivered an intense performance that set the mood for the rest of the show.
The Covid-19 pandemic was a time for John Galliano to rethink his fashion shows and experiment with new broadcast techniques. If, at the time, the use of videos was the golden rule, the British designer pushed the limits by fusing theatrical, physical and digital performances with a truly innovative approach. A blatant example of this evolution is his Maison Margiela Artisanal 2022 show, a narrative inspired by the Southern Gothic literary genre that was imagined as a play and captured by cameras integrated into the performance. The cameras simultaneously recorded and broadcast the video to a digital audience in order to create an immersive and captivating experience.
For his Artisanal 2024 show, John Galliano once again blends digital and live performances, using video as a cinematic prelude. Evoking Paris through the lens of photographer Brassaï, sublimated by a Hitchcockian black-and-white artistic direction and excessive sound effects, the short film projected on screens inside the room took us on a stroll in the heart of the city.
Along the River Seine reflecting the shining moon, several nocturnal creatures gathered, such as model Leon Dame, who after walking down the steps of the Alexandre III bridge to emerge on the quays. Wearing a corset and black pants, John Galliano’s muse opened the show with his sensual gait among the guests.
The gallery of characters that followed him on the catwalk adopted the same whimsical approach – an idea of movement director Pat Boguslawski – exalting a masterful collection where John Galliano’s dandies and dolls meet Margiela’s radical vision. The twenty-minute-long show ended with the dramatic appearance of British actress Gwendoline Christie, whose modeling talents had already been showcased by Thom Browne. A memorable finale to a masterful show, which earned the fashion house a ten-minute standing ovation.
Lucky Love, Leon Dame et Gwendoline Christie, les muses Maison Margiela
En préambule de ce défilé Maison Margiela Artisanal, John Galliano convie Lucky Love qui interprète sa dernière chanson Now, I don’t need your love, accompagné d’un gospel. Egalement danseur, artiste de cabaret transformiste et acteur, le chanteur français, dont un tube avait déjà rythmé le défilé Maison Margiela printemps-été 2024, livre une performance poignante qui installera une atmosphère propice au spectacle qui s’ensuivra.
C’est au cours de la pandémie de Covid-19 que John Galliano a repensé ses défilés de mode en expérimentant de nouvelles techniques de diffusion. Si, à l’époque, le recours au format vidéo était incontournable, le créateur britannique a repoussé les limites en fusionnant la performance théâtrale, physique et numérique avec une approche véritablement innovante. Un exemple flagrant de cette évolution est son défilé Maison Margiela Artisanal 2022, un récit inspiré du genre littéraire Southern Gothic, conçu alors comme une pièce de théâtre et capturé par des caméras intégrées à la performance. Des caméras qui enregistraient et diffusaient simultanément la vidéo pour un public numérique, créant ainsi une expérience immersive et captivante.
Pour son défilé Artisanal 2024, John Galliano mêle une fois de plus numérique et live show en utilisant la vidéo comme un prélude cinématographique. Invoquant le Paris du photographe Brassaï, sublimé par une réalisation en noir et blanc hitchcockienne et des bruitages exagérés, le court-métrage — projeté sur des écrans dans la salle — nous emmène dans une promenade au cœur des entrailles de Paris.
Au clair de lune et le long de la Seine, on y croise plusieurs créatures nocturnes, comme le mannequin Leon Dame, qui après avoir descendu les marches du pont Alexandre III, apparaît sur le quai. Vêtu d’un corset et d’un pantalon noir, la muse de John Galliano inaugure le show, déambulant lascivement parmi les invités.
La galerie de personnages qui lui succèdent adoptera la même démarche fantaisiste, œuvre du movement director Pat Boguslawski, exaltant une collection magistrale où les dandys et poupées de John Galliano rencontrent la vision radicale de Margiela. Au bout de vingt minutes, le défilé s’achève sur une apparition théâtrale de l’actrice britannique Gwendoline Christie – dont les talents de mannequin s’étaient déjà illustrés chez Thom Browne. Un final mémorable pour un défilé magistral, qui vaudra à la maison une standing ovation de dix minutes.
Lucky Love, Leon Dame and Gwendoline Christie, the Maison Margiela muses
John Galliano invited Lucky Love to perform his latest song Now, I don’t need your love, along with a gospel choir to open the Maison Margiela Artisanal show. The French singer, dancer, cabaret performer and actor, who had already set the tone for the Maison Margiela Spring-Summer 2024 show, delivered an intense performance that set the mood for the rest of the show.
The Covid-19 pandemic was a time for John Galliano to rethink his fashion shows and experiment with new broadcast techniques. If, at the time, the use of videos was the golden rule, the British designer pushed the limits by fusing theatrical, physical and digital performances with a truly innovative approach. A blatant example of this evolution is his Maison Margiela Artisanal 2022 show, a narrative inspired by the Southern Gothic literary genre that was imagined as a play and captured by cameras integrated into the performance. The cameras simultaneously recorded and broadcast the video to a digital audience in order to create an immersive and captivating experience.
For his Artisanal 2024 show, John Galliano once again blends digital and live performances, using video as a cinematic prelude. Evoking Paris through the lens of photographer Brassaï, sublimated by a Hitchcockian black-and-white artistic direction and excessive sound effects, the short film projected on screens inside the room took us on a stroll in the heart of the city.
Along the River Seine reflecting the shining moon, several nocturnal creatures gathered, such as model Leon Dame, who after walking down the steps of the Alexandre III bridge to emerge on the quays. Wearing a corset and black pants, John Galliano’s muse opened the show with his sensual gait among the guests.
The gallery of characters that followed him on the catwalk adopted the same whimsical approach – an idea of movement director Pat Boguslawski – exalting a masterful collection where John Galliano’s dandies and dolls meet Margiela’s radical vision. The twenty-minute-long show ended with the dramatic appearance of British actress Gwendoline Christie, whose modeling talents had already been showcased by Thom Browne. A memorable finale to a masterful show, which earned the fashion house a ten-minute standing ovation.
Lucky Love, Leon Dame et Gwendoline Christie, les muses Maison Margiela
En préambule de ce défilé Maison Margiela Artisanal, John Galliano convie Lucky Love qui interprète sa dernière chanson Now, I don’t need your love, accompagné d’un gospel. Egalement danseur, artiste de cabaret transformiste et acteur, le chanteur français, dont un tube avait déjà rythmé le défilé Maison Margiela printemps-été 2024, livre une performance poignante qui installera une atmosphère propice au spectacle qui s’ensuivra.
C’est au cours de la pandémie de Covid-19 que John Galliano a repensé ses défilés de mode en expérimentant de nouvelles techniques de diffusion. Si, à l’époque, le recours au format vidéo était incontournable, le créateur britannique a repoussé les limites en fusionnant la performance théâtrale, physique et numérique avec une approche véritablement innovante. Un exemple flagrant de cette évolution est son défilé Maison Margiela Artisanal 2022, un récit inspiré du genre littéraire Southern Gothic, conçu alors comme une pièce de théâtre et capturé par des caméras intégrées à la performance. Des caméras qui enregistraient et diffusaient simultanément la vidéo pour un public numérique, créant ainsi une expérience immersive et captivante.
Pour son défilé Artisanal 2024, John Galliano mêle une fois de plus numérique et live show en utilisant la vidéo comme un prélude cinématographique. Invoquant le Paris du photographe Brassaï, sublimé par une réalisation en noir et blanc hitchcockienne et des bruitages exagérés, le court-métrage — projeté sur des écrans dans la salle — nous emmène dans une promenade au cœur des entrailles de Paris.
Au clair de lune et le long de la Seine, on y croise plusieurs créatures nocturnes, comme le mannequin Leon Dame, qui après avoir descendu les marches du pont Alexandre III, apparaît sur le quai. Vêtu d’un corset et d’un pantalon noir, la muse de John Galliano inaugure le show, déambulant lascivement parmi les invités.
La galerie de personnages qui lui succèdent adoptera la même démarche fantaisiste, œuvre du movement director Pat Boguslawski, exaltant une collection magistrale où les dandys et poupées de John Galliano rencontrent la vision radicale de Margiela. Au bout de vingt minutes, le défilé s’achève sur une apparition théâtrale de l’actrice britannique Gwendoline Christie – dont les talents de mannequin s’étaient déjà illustrés chez Thom Browne. Un final mémorable pour un défilé magistral, qui vaudra à la maison une standing ovation de dix minutes.
John Galliano, a fashion designer at the top of his game
Causing a sensation on social media and garnering praise from the press, Maison Margiela’s show had become the number one topic to be discussed by the whole industry the following day. At least for once, the presence of the Kardashian-Jenner clan wasn’t the only reason for the media frenzy.
“At Maison Margiela, Galliano delivered one of the most beautiful shows of the decade”, the French daily Le Figaro dared to write. Vogue Runway, the platform dedicated to fashion shows, headlined its review: “John Galliano Caps Off a Subdued Couture Week With a Stupendous Coup de Théâtre at Maison Margiela”.
A consensus that can only be justified by the terrific staging. While the extravagant persona of John Galliano’s early days has given way to a more discreet character, the son of a plumber born in Gibraltar in 1960, still remains one of the greatest fashion designers of his generation, if not of the history of fashion, forty years after his debut.
A sneak peek at his graduation show for Central Saint Martins School, entitled Les Incroyables and inspired by the French Revolution, or at his sensational collections for the house of Dior (1996-2011), are great reminders of his genius.
It took twelve months overall to create the designs of the Maison Margiela Artisanal 2024 collection, some of which are the result of new techniques developed by John Galliano and his team in the ateliers. Highlighting the art of dressing up, but also of undressing, the collection plays with transparency, body architecture, prostheses, and trompe-l’œil effects.
It includes the techniques of seamlace, which consists in garments inlaid with lace or other materials cut together, or milletrage, a combination of mirage, mille-feuille and filtering, which creates feather-light garments masquerading as hard-wearing coats, jackets or pants, as well as aquarelle on dresses reminiscent of Kees Van Dongen paintings – a new term used for the draping of tulle or muslin, in the manner of an artist painting with watercolor.
John Galliano, un couturier au sommet de son art
Ce vendredi 26 janvier 2024, le défilé Maison Margiela était de toutes les conversations des professionnels du milieu, faisait le buzz sur les réseaux sociaux et s’attirait les éloges de la presse. Et pour une fois, la présence du clan Kardashian-Jenner n’était pas la seule raison de ce retentissement médiatique.
« Chez Maison Margiela, Galliano livre un des plus beaux shows de la décennie” osait annoncer le quotidien français Le Figaro tandis que Vogue Runway, la plateforme dédiée aux défilés de mode titrait sa critique »John Galliano clôture une semaine de couture discrète avec un superbe coup de théâtre chez Maison Margiela” (John Galliano Caps Off a Subdued Couture Week With a Stupendous Coup de Théâtre at Maison Margiela).
Un consensus que seule une mise en scène sensationnelle ne peut justifier. Si le personnage extravagant des débuts à laisser place à une personnalité discrète, quarante ans après ses débuts, John Galliano, fils de plombier né à Gibraltar en 1960, demeure l’un des plus grands couturiers de sa génération, voire de l’histoire de la mode.
Un bref coup d’œil sur son défilé de fin d’études pour la Central Saint Martins School, intitulé Les Incroyables et inspiré de la France révolutionnaire, ou ses sensationnelles collections pour la maison Dior (1996-2011), serviront de piqures de rappel.
Pour en revenir à la collection Maison Margiela Artisanal 2024, il est expliqué qu’il aura fallu douze mois pour créer les pièces, dont certaines sont issues de nouvelles techniques développées par John Galliano et ses équipes des ateliers de haute couture. Évoquant l’art de s’habiller, mais aussi de se déshabiller, la collection joue de la transparence, de l’architecture du corps, de prothèses et des trompes-l’œil.
On pourra citer le seamlace qui désigne des vêtements en incrustation de dentelle ou d’autres matériaux découpés ensemble; le milletrage – une combinaison de mirage, mille-feuille et filtrage – pour des vêtements légers comme une plume se faisant passer pour des manteaux, des vestes ou des pantalons résistants; ou encore l’aquarelle, sur des robes évoquant les peintures de Kees Van Dongen, un nouveau terme utilisé pour le drapé du tulle ou de la mousseline, de la même manière qu’un peintre travaille l’aquarelle
John Galliano, a fashion designer at the top of his game
Causing a sensation on social media and garnering praise from the press, Maison Margiela’s show had become the number one topic to be discussed by the whole industry the following day. At least for once, the presence of the Kardashian-Jenner clan wasn’t the only reason for the media frenzy.
“At Maison Margiela, Galliano delivered one of the most beautiful shows of the decade”, the French daily Le Figaro dared to write. Vogue Runway, the platform dedicated to fashion shows, headlined its review: “John Galliano Caps Off a Subdued Couture Week With a Stupendous Coup de Théâtre at Maison Margiela”.
A consensus that can only be justified by the terrific staging. While the extravagant persona of John Galliano’s early days has given way to a more discreet character, the son of a plumber born in Gibraltar in 1960, still remains one of the greatest fashion designers of his generation, if not of the history of fashion, forty years after his debut.
A sneak peek at his graduation show for Central Saint Martins School, entitled Les Incroyables and inspired by the French Revolution, or at his sensational collections for the house of Dior (1996-2011), are great reminders of his genius.
It took twelve months overall to create the designs of the Maison Margiela Artisanal 2024 collection, some of which are the result of new techniques developed by John Galliano and his team in the ateliers. Highlighting the art of dressing up, but also of undressing, the collection plays with transparency, body architecture, prostheses, and trompe-l’œil effects.
It includes the techniques of seamlace, which consists in garments inlaid with lace or other materials cut together, or milletrage, a combination of mirage, mille-feuille and filtering, which creates feather-light garments masquerading as hard-wearing coats, jackets or pants, as well as aquarelle on dresses reminiscent of Kees Van Dongen paintings – a new term used for the draping of tulle or muslin, in the manner of an artist painting with watercolor.
John Galliano, un couturier au sommet de son art
Ce vendredi 26 janvier 2024, le défilé Maison Margiela était de toutes les conversations des professionnels du milieu, faisait le buzz sur les réseaux sociaux et s’attirait les éloges de la presse. Et pour une fois, la présence du clan Kardashian-Jenner n’était pas la seule raison de ce retentissement médiatique.
« Chez Maison Margiela, Galliano livre un des plus beaux shows de la décennie” osait annoncer le quotidien français Le Figaro tandis que Vogue Runway, la plateforme dédiée aux défilés de mode titrait sa critique »John Galliano clôture une semaine de couture discrète avec un superbe coup de théâtre chez Maison Margiela” (John Galliano Caps Off a Subdued Couture Week With a Stupendous Coup de Théâtre at Maison Margiela).
Un consensus que seule une mise en scène sensationnelle ne peut justifier. Si le personnage extravagant des débuts à laisser place à une personnalité discrète, quarante ans après ses débuts, John Galliano, fils de plombier né à Gibraltar en 1960, demeure l’un des plus grands couturiers de sa génération, voire de l’histoire de la mode.
Un bref coup d’œil sur son défilé de fin d’études pour la Central Saint Martins School, intitulé Les Incroyables et inspiré de la France révolutionnaire, ou ses sensationnelles collections pour la maison Dior (1996-2011), serviront de piqures de rappel.
Pour en revenir à la collection Maison Margiela Artisanal 2024, il est expliqué qu’il aura fallu douze mois pour créer les pièces, dont certaines sont issues de nouvelles techniques développées par John Galliano et ses équipes des ateliers de haute couture. Évoquant l’art de s’habiller, mais aussi de se déshabiller, la collection joue de la transparence, de l’architecture du corps, de prothèses et des trompes-l’œil.
On pourra citer le seamlace qui désigne des vêtements en incrustation de dentelle ou d’autres matériaux découpés ensemble; le milletrage – une combinaison de mirage, mille-feuille et filtrage – pour des vêtements légers comme une plume se faisant passer pour des manteaux, des vestes ou des pantalons résistants; ou encore l’aquarelle, sur des robes évoquant les peintures de Kees Van Dongen, un nouveau terme utilisé pour le drapé du tulle ou de la mousseline, de la même manière qu’un peintre travaille l’aquarelle
Pieces by Christian Louboutin, Stephen Jones and Robert Mercier
To achieve such a degree of virtuosity, John Galliano has also surrounded himself with the best French and British craftsmen. Among them are the milliner Stephen Jones, who has collaborated with him for the molded wolves since his arrival at Dior, the leather sculptor Robert Mercier for bibs imitating porcelain to perfection seen on Gwendoline Christie, and the lingerie house Cadolle founded by Herminie Cadolle, who invented the bra in 1889, for men’s and women’s corsets, like those worn by Leon Dame and Lucky Love.
The final touch to these silhouettes of rare complexity was, of course, the shoes. As the models made their way on the catwalk, a bright red sole stood out, leaving no room for doubt: the iconic Tabi shoes, first presented in 1989, are the work of French shoemaker Christian Louboutin. Extending the baroque inspiration of the clothes, the Tabi are adorned with platforms and heels, evoking the clogs or bustles of the 19th-century dresses.
“John and I met about 40 years ago when he moved to Paris. Working with someone you love and respect was really the nice part of the collaboration. Moreover, Maison Margiela has such precise and strong codes that you can refer to, which are very well preserved,” Christian Louboutin shared in a press release.
Finally, one of the most impressive and highly talked about artistic collaborations of the show was the one with make-up artist Pat McGrath. To match the designer’s vision, she imagined a retro-futuristic, doll-inspired make-up with porcelain-like glass skin and pink cheeks, 1930s-inspired thin eyebrows highlighting eyes painted in intense colors, and subversive blood-red or black lips.
The general euphoria was still palpable hours after that spectacular and memorable show. We can confirm that this Maison Margiela Artisanal show by John Galliano was one of the finest of the decade. And we hope it will open a road to many more dazzling shows…
Translated by Emma Naroumbo.
Des pièces signées Christian Louboutin, Stephen Jones et Robert Mercier
Pour atteindre une tel degré de virtuosité, John Galliano s’est également entouré des meilleurs artisans français et britanniques. Parmi eux, le chapelier Stephen Jones – qui collabore avec lui depuis son arrivée chez Dior, pour les loups moulés –; le sculpteur de cuir Robert Mercier pour des plastrons imitant à la perfection de la porcelaine – aperçus notamment sur Gwendoline Christie –; ou encore Cadolle, maison de lingerie fondée par Herminie Cadolle, qui a inventé le soutien-gorge en 1889, pour les corsets portés par les femmes, mais aussi les hommes, dont Leon Dame et Lucky Love.
Touche finale de ces silhouettes d’une rare complexité, les souliers naturellement. À mesure que les mannequins traversent la salle, se distinguent alors une semelle d’un rouge vif qui ne laisse place à aucun doute : les iconiques Tabi, présentées pour la première fois en 1989, sont bien l’œuvre du chausseur français Christian Louboutin. Prolongeant l’inspiration baroque des vêtements, les Tabi se parent de plateformes et talonnettes, évoquant les sabots ou les faux-cul des robes du XIXe siècle.
“John et moi nous sommes rencontrés il y a environ 40 ans lorsqu’il a emménagé à Paris. Travailler avec quelqu’un que vous aimez et respectez était vraiment la partie la plus agréable de la collaboration. De plus, la Maison Margiela a des codes tellement précis et forts auxquels on peut se référer, qui sont très bien conservés, » confiera par la suite Christian Louboutin dans un communiqué de presse.
Enfin, une des collaborations artistiques les plus impressionnantes de ce défilé – et la plus commentée sur les réseaux sociaux –, demeurant celle avec la make up artist Pat McGrath. Pour accompagner la vision du couturier, elle imagine un maquillage de poupée rétrofuturiste, avec une peau de porcelaine « glass skin” et des joues roses, des sourcils en arcs fins comme dans les années 30 exaltant des yeux peints de couleurs intenses, et des bouches subversives rouge sang ou noires.
Dans les heures qui suivent ce défilé spectaculaire et mémorable, l’euphorie est toujours palpable. On le confirme, ce show Maison Margiela Artisanal par John Galliano est l’un des plus beaux de la décennie. Et on espère qu’il sera suivi par de nombreux autres coups d’éclat.
Pieces by Christian Louboutin, Stephen Jones and Robert Mercier
To achieve such a degree of virtuosity, John Galliano has also surrounded himself with the best French and British craftsmen. Among them are the milliner Stephen Jones, who has collaborated with him for the molded wolves since his arrival at Dior, the leather sculptor Robert Mercier for bibs imitating porcelain to perfection seen on Gwendoline Christie, and the lingerie house Cadolle founded by Herminie Cadolle, who invented the bra in 1889, for men’s and women’s corsets, like those worn by Leon Dame and Lucky Love.
The final touch to these silhouettes of rare complexity was, of course, the shoes. As the models made their way on the catwalk, a bright red sole stood out, leaving no room for doubt: the iconic Tabi shoes, first presented in 1989, are the work of French shoemaker Christian Louboutin. Extending the baroque inspiration of the clothes, the Tabi are adorned with platforms and heels, evoking the clogs or bustles of the 19th-century dresses.
“John and I met about 40 years ago when he moved to Paris. Working with someone you love and respect was really the nice part of the collaboration. Moreover, Maison Margiela has such precise and strong codes that you can refer to, which are very well preserved,” Christian Louboutin shared in a press release.
Finally, one of the most impressive and highly talked about artistic collaborations of the show was the one with make-up artist Pat McGrath. To match the designer’s vision, she imagined a retro-futuristic, doll-inspired make-up with porcelain-like glass skin and pink cheeks, 1930s-inspired thin eyebrows highlighting eyes painted in intense colors, and subversive blood-red or black lips.
The general euphoria was still palpable hours after that spectacular and memorable show. We can confirm that this Maison Margiela Artisanal show by John Galliano was one of the finest of the decade. And we hope it will open a road to many more dazzling shows…
Translated by Emma Naroumbo.
Des pièces signées Christian Louboutin, Stephen Jones et Robert Mercier
Pour atteindre une tel degré de virtuosité, John Galliano s’est également entouré des meilleurs artisans français et britanniques. Parmi eux, le chapelier Stephen Jones – qui collabore avec lui depuis son arrivée chez Dior, pour les loups moulés –; le sculpteur de cuir Robert Mercier pour des plastrons imitant à la perfection de la porcelaine – aperçus notamment sur Gwendoline Christie –; ou encore Cadolle, maison de lingerie fondée par Herminie Cadolle, qui a inventé le soutien-gorge en 1889, pour les corsets portés par les femmes, mais aussi les hommes, dont Leon Dame et Lucky Love.
Touche finale de ces silhouettes d’une rare complexité, les souliers naturellement. À mesure que les mannequins traversent la salle, se distinguent alors une semelle d’un rouge vif qui ne laisse place à aucun doute : les iconiques Tabi, présentées pour la première fois en 1989, sont bien l’œuvre du chausseur français Christian Louboutin. Prolongeant l’inspiration baroque des vêtements, les Tabi se parent de plateformes et talonnettes, évoquant les sabots ou les faux-cul des robes du XIXe siècle.
“John et moi nous sommes rencontrés il y a environ 40 ans lorsqu’il a emménagé à Paris. Travailler avec quelqu’un que vous aimez et respectez était vraiment la partie la plus agréable de la collaboration. De plus, la Maison Margiela a des codes tellement précis et forts auxquels on peut se référer, qui sont très bien conservés, » confiera par la suite Christian Louboutin dans un communiqué de presse.
Enfin, une des collaborations artistiques les plus impressionnantes de ce défilé – et la plus commentée sur les réseaux sociaux –, demeurant celle avec la make up artist Pat McGrath. Pour accompagner la vision du couturier, elle imagine un maquillage de poupée rétrofuturiste, avec une peau de porcelaine « glass skin” et des joues roses, des sourcils en arcs fins comme dans les années 30 exaltant des yeux peints de couleurs intenses, et des bouches subversives rouge sang ou noires.
Dans les heures qui suivent ce défilé spectaculaire et mémorable, l’euphorie est toujours palpable. On le confirme, ce show Maison Margiela Artisanal par John Galliano est l’un des plus beaux de la décennie. Et on espère qu’il sera suivi par de nombreux autres coups d’éclat.