9 sep 2020

Vanessa Seward or the discreet charm of the bourgeoisie

Après plusieurs collections capsules aux côtés de Jean Touitou pour la marque A.P.C., Vanessa Seward lançait en mars dernier sa propre griffe avec une première collection délicate et sensuelle, tout en finesse et distinction.

Directrice artistique d’Azzaro de 2003 à 2011, Vanessa Seward dédramatisait le glamour emblématique du flamboyant fondateur de la maison, sans pour autant le galvauder. Plus mesuré, frais et classique tout à la fois, le style Azzaro évoluait, sous sa houlette, en incorporant des pantalons et des vêtements de jour, inattendus dans ce temple de la robe du soir ensorcelante. Avec une délicatesse parfaitement féminine, la douce Argentine imposait là sa signature : une modestie, et une sincérité absolue – les collections étant implicitement inspirées de sa propre allure.

 

Suivant la même philosophie, Vanessa Seward proposait, de l’hiver 2012-2013 à l’été 2015, dans le giron de la marque A.P.C. créée par Jean Touitou, une série de collections capsules déclinant cette même élégance intemporelle à travers des pièces faciles à vivre, qui trouvèrent amplement leur public. C’est dans la suite logique de cette fructueuse collaboration que la créatrice lance aujourd’hui sa propre marque, en partenariat avec A.P.C. “Après les défilés de mars 2014, Jean Touitou m’a proposé cette idée, explique-t-elle. J’y pensais déjà à l’époque d’Azzaro. Mais je ne voulais pas me lancer comme un jeune créateur, il fallait que ça marche. J’ai eu la chance de trouver pour cela le parfait partenaire.

 

Présentée en mars dernier, la première collection de la marque Vanessa Seward décline la jupe longueur genou, les blouses sages et ravissantes, les robes colorées et imprimées, simples et féminines. Cols roulés, jupes-portefeuilles, capes et lavallières instillent une tonalité seventies. Les années 70 vues par Vanessa Seward célèbrent les justes proportions, l’élégance indémodable et solaire d’une Lauren Hutton. “J’aime beaucoup cette période, acquiesce l’intéressée. Des années 70, je retiens certaines allures parfaites, qui pourraient être contemporaines. Je n’aime pas ce qui connote, ce qui classe une femme dans une catégorie. Ni bobo ni rock, je ne suis pas favorable aux looks ready-made, aux panoplies qui déguisent. J’aime qu’une femme raconte sa propre histoire, pas celle qu’une marque a écrite pour elle.

 

En contant sa propre histoire, Vanessa Seward  compose avec générosité une attitude néo-bourgeoise. Une réserve naturelle nourrie par une culture du vêtement plutôt qu’une culture de la mode : nouer une lavallière ou une écharpe blanche sur un manteau-peignoir noir, porter  les bottes hautes sous la jupe pour harmoniser la silhouette et cacher le genou… la simplicité des pièces révèle le goût de celle qui les porte. “La question du ‘savoir-porter’ me passionne, poursuit la créatrice. Il faut vraiment savoir doser, composer, équilibrer sa silhouette.” Comme en témoigne le jean “Victoire”, taille haute, coupe cigarette et non skinny,  qui arborait, sur le défilé, les noms des mannequins brodés sur les poches arrière. Une touche de fantaisie qui équilibre cette première collection, et démontre la capacité de Vanessa Seward à sophistiquer subtilement tout ce qu’elle touche, telle une bonne fée penchée sur l’allure des femmes.

 

 

www.vanessaseward.com.