Souheila Yacoub, l’ancienne gymnaste qui a conquis Cédric Klapisch et Gaspar Noé
Ancienne gymnaste, actrice de théâtre accomplie, la jeune Suissesse de 29 ans repérée sur les planches en 2017 dans Tous des oiseaux, du metteur en scène Wajdi Mouawad, a peu à peu séduit le cinéma. Outre son rôle très remarqué dans la série Les Sauvages sur Canal+, elle a enchaîné les projets pour des réalisateurs de renom tels que Gaspar Noé ou Philippe Garrel. Actuellement, elle est à l’affiche du nouveau film de Cédric Klapisch, En corps, mais aussi du deuxième long-métrage de la jeune cinéaste Anaïs Volpé, Entre les vagues. Pour Numéro, elle incarne ici la collection printemps-été 2022 de la maison Fendi.
Lorsque nous l’avons rencontrée pour la première fois, il y a quelque temps, l’actrice originaire de Suisse Souheila Yacoub nous a reçus chez elle, dans le XVIIIe arrondissement parisien. Sur sa table basse trônait alors un scénario qu’elle regardait constamment, avec des étoiles dans les yeux. Bien qu’elle en reçoive beaucoup, celui-ci avait particulièrement retenu son attention : Entre les vagues, de la jeune réalisatrice Anaïs Volpé, un deuxième long- métrage dont elle s’est attelée à apprendre les répliques. Presque deux ans plus tard, le film est enfin sorti et nous retrouvons la jeune comédienne qui s’est prêtée à l’exercice du shooting photo avec amusement. Elle ne cache pas son enthousiasme pour cette œuvre touchante, ni pour le personnage qu’elle y incarne, un rôle qu’elle attendait depuis longtemps : “La réalisatrice a vu cent vingt actrices. Elle tenait beaucoup à trouver celles qui lui conviendraient, proches des personnages, parce que cette fiction est très inspirée de sa vie personnelle. Elle m’a contactée sur Instagram et nous nous sommes tout de suite bien entendues.” Celle que son entourage surnomme tendrement “Sou” s’est donc vu offrir le rôle de Margot, comédienne qui se met souvent en retrait pour laisser briller sa meilleure amie, un personnage dont elle se sent proche : “Disons que je suis une bonne suiveuse ! Mais toujours avec entrain, j’aime cette place-là”, confesse-t-elle en souriant.
Si ce projet a tant plu à la comédienne de 29 ans, c’est parce qu’il réunit ses deux passions : le cinéma et le théâtre. En effet, avant d’incarner une femme enceinte proche de la démence chez Gaspar Noé (dans Climax en 2018) et une amoureuse transie chez Philippe Garrel (dans Le Sel des larmes en 2020), elle a passé son temps sur les planches et s’est même vue, à sa sortie du Conservatoire d’art dramatique, propulsée en tête d’affiche d’une pièce programmée dans un théâtre national parisien : Tous des oiseaux, mise en scène par le prestigieux dramaturge Wajdi Mouawad, également directeur de La Colline. Pendant les premières représentations, en 2017, elle est totalement habitée par le rôle. Sur scène plusieurs soirs de suite, pendant quatre heures, elle perd dix kilos. Déterminée et travailleuse, l’actrice née en 1992, d’une mère belge et d’un père tunisien, est obsédée par les techniques de jeu. Elle aime multiplier les registres, passer du théâtre à un plateau de cinéma, ou encore au tournage d’une série. Elle se prête avec la même bonne volonté aux prises de vue comme celles organisées avec la maison Fendi pour ce Numéro : “Fendi est intemporel. C’est l’alchimie parfaite entre élégance, féminité et créativité. J’aime la touche que Kim Jones a apportée aux collections depuis son arrivée”, confie-t-elle. Comme le personnage qu’elle incarne dans Entre les vagues, elle a quitté sa ville natale, Genève, pour devenir comédienne. Un choix qui lui a plutôt réussi. Elle a peu à peu fait sa propre place dans le milieu du septième art : celui d’une jeune femme facétieuse, pétillante, passionnée, que Cédric Klapisch – qui lui a offert le rôle d’une ancienne danseuse dans son nouveau film En corps – décrit comme débordante d’énergie.
Parlant allemand et néerlandais – c’est d’ailleurs sa langue maternelle –, Souheila Yacoub, dont le pragmatisme et l’intransigeance sont les attributs depuis son plus jeune âge, semble avoir un don pour sélectionner les projets… et les metteurs en scène. Après avoir tourné aux côtés de Roschdy Zem avec Rebecca Zlotowski pour la série Canal+ Les Sauvages, elle n’a pas cessé de travailler, jusqu’à, regrette-t- elle, ne plus avoir de temps à consacrer à ses premières amours : les soirées passées dans un fauteuil rouge devant une pièce de théâtre. Bien qu’elle reprenne les représentations de Tous des oiseaux en juin 2022, l’ancienne gymnaste multiplie les tournages, pour des films qu’elle dit adorer, mais qui sont parfois si singuliers qu’ils sont, selon elle, impossibles à résumer. Elle figure notamment dans le dernier long-métrage “social, drôle et dramatique” de Cédric Kahn, et dans celui, plus politique, d’Alice et Benoît Zeniter. Ainsi, Souheila Yacoub reste fidèle à la définition qu’elle donne d’une actrice : “Se déplacer, changer de point de vue, essayer… Quand j’ai commencé, je me faisais une certaine idée du métier d’actrice, désormais je pense l’opposé. J’évolue et je change d’avis tout le temps. Notamment sur la façon de se comporter sur un plateau, d’appréhender un texte… Un tournage, c’est un travail d’équipe : l’essentiel est d’être ouvert et à l’écoute des metteurs en scène et des comédiens avec qui on travaille.”
Entre les vagues (2022) d’Anaïs Volpé. En salle.
En corps (2022) de Cédric Klapisch. En salle.