30 juin 2021

Rencontre avec Hiroshi Fujiwara, pionnier du streetwear qui collabore avec Moncler

Après avoir collaboré plusieurs fois avec le label Moncler, depuis le lancement du projet « Moncler Genius » en 2018, le créateur japonais Hiroshi Fujiwara réitère l’expérience et dévoile une nouvelle collection mixte, mêlant streetwear et fonctionnalité.

Propos recueillis par Anna Venet.

Hiroshi Fujiwara

On l’appelle le “parrain du streetwear”, même si lui-même n’aime pas se définir comme tel. Pourtant, Hiroshi Fujiwara a été l’un des pionniers de ce style vestimentaire au Japon, avant d’étendre son influence dans le monde entier avec ses créations novatrices et ses nombreuses collaborations. Non seulement designer, mais aussi producteur et musicien, il a aussi importé le hip-hop au Japon dans les années 80. Aujourd’hui, l’homme de 57 ans oriente ses activités autour de son label Fragment Design, qu’il a lancé en 2003 en tant que projet créatif collaboratif  – et non pas comme marque. Son credo : à la manière des featurings dans la musique, inviter d’autres créateurs et labels pour réaliser des collaborations, à l’instar de Nike, Levi’s ou encore Stüssy. En 2018, Hiroshi Fujiwara a dévoilé une première collection avec la marque Moncler, dans le cadre du projet « Moncler Genius », lui aussi dédié à des collaborations avec d’autres créateurs. Après plusieurs collaborations sur des collections masculines, cette fois-ci, le designer japonais a conçu une collection pour hommes et femmes, toujours fidèle à ses inspirations premières : le streetwear et l’innovation.

 

Intitulée “7 – Moncler FRGMT Hiroshi Fujiwara”, la collection est composée de pièces au design fonctionnel, parées de slogans mystérieux, dans des nuances de noir. Les silhouettes masculines arborent des bombers, doudounes, vestes de travail ou encore des pulls et bermudas, tandis que les silhouettes féminines comprennent des jupes matelassées, doudounes et robes. Ce qui rend cette collection aussi singulière, c’est aussi son aspect éco-responsable, car la plupart des pièces sont réalisées à partir de coton biologique, nylon recyclé ou encore boutons-pression en laiton recyclé. Enfin, comme toujours pour Hiroshi Fujiwara, la collection avec Moncler comprend aussi deux collaborations : l’une avec le spécialiste britannique du cuir Lewis Leathers qui a travaillé sur la confection d’une veste avec des empiècements en cuir, l’autre avec Converse qui a réinterprété l’emblématique Chuck 70 pour l’occasion.

Hiroshi Fujiwara

NUMERO : Vous avez débuté votre carrière en tant que DJ, qu’est-ce qui vous a donné envie de lancer votre premier label Goodenough en 1989 ?

Hiroshi Fujiwara : J’ai toujours adoré la mode depuis mon enfance, et j’aimais beaucoup conseiller mes amis en terme de style. Mais ce qui m’a vraiment donné envie de me lancer dans ce domaine, c’est quand j’ai vu que Shawn Stussy avait créé son label Stüssy et que Jimmy Ganzer avait créé sa marque Jimmy’z au début des années 80. Alors j’ai lancé ma première griffe, Goodenough, et j’ai imaginé une collection de tee-shirts en collaboration avec le designer Skatething (à l’origine de la marque Bape), qui est désormais à la tête d’un nouveau label, Cav Empt.

 

Qu’est-ce qui vous a attiré vers le streetwear ?

J’ai toujours porté des tee-shirts et des vêtements décontractés depuis que je suis petit car j’adorais le skate. C’est donc tout naturellement que je me suis intéressé au streetwear.

 

Comment ont débuté vos collaborations avec Nike ou Levi’s avant que vous ne lanciez Fragment ?

Je n’avais pas de contacts particuliers avec ces marques à l’époque. Mais j’ai reçu directement une demande de chacune d’elle, alors j’ai accepté.

 

Vous avez créé le projet Fragment Design autour du principe de collaborations avec des marques, pourquoi ce choix ?

Le but de Fragment Design était de collaborer avec des labels et des créateurs en leur confiant le développement des idées et la conception. Selon moi, les gens devraient toujours consulter le meilleur spécialiste pour obtenir le meilleur résultat. Il y a un proverbe japonais qui dit : “si vous souhaitez un gâteau de riz, allez à la pâtisserie spécialisée dans les gâteaux de riz”. Alors j’ai décidé de me tourner vers les meilleurs pour la conception d’un produit et le partage d’idées.

 

Comment choisissez-vous les marques avec lesquelles vous collaborez ?

Je choisis des marques et des créateurs que je respecte ou que je trouve inspirants. Je ne les choisis jamais à cause de leur nom, de leur titre ou de leur position. Je trouve ça amusant et significatif de collaborer à la fois avec des créateurs ou des marques reconnues, mais aussi avec des designers et des labels indépendants.

 

Qu’est-ce qui vous a intéressé dans le projet « Moncler Genius » en 2018 ?

Tout a commencé il y a cinq ans, à Paris, par une conversation autour d’une tasse de thé avec Remo Ruffini, le directeur général de Moncler. J’ai perçu de grandes synergies avec sa marque, qui prend racine dans la montagne, étant moi-même un grand amateur de snowboard depuis plus de trente ans. Nous sommes aussi tous les deux passionnés par la recherche de nouvelles technologies et de nouveaux tissus. Alors j’ai pensé que ce serait une bonne idée de faire collaborer Fragment avec Moncler.

 

Quelles ont été vos inspirations pour cette collection “7 – Moncler FRGMT Hiroshi Fujiwara” ?

Le concept de la collection se décline autour du vintage et du militaire. Mais j’y ai aussi ajouté des éléments culturels musicaux que j’ai mélangés avec mes archives et celles de Moncler. J’ai vraiment créé ce que je voulais porter.

 

Pour la première fois, vous proposez des pièces femmes, pourquoi maintenant ?

J’ai voulu décliner pour les femmes ce que je fais d’habitude pour les hommes. C’était un nouveau défi pour moi. J’ai beaucoup discuté avec une modéliste que je connais depuis longtemps pour qu’elle me conseille.

 

L’écoresponsabilité occupe une place importante au sein de cette collection, en quoi cela a-t-il influencé votre façon de travailler ?

Je ne suis pas un grand spécialiste de l’écoresponsabilité, mais Moncler est très intéressé par le sujet, alors nous avons décidé de créer des pièces faites de tissus durables.

 

Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec Lewis Leathers et Converse dans cette collection ?

Depuis 2018, j’avais envie de collaborer avec Converse pour le projet Moncler Genius. Nous l’avons donc fait pour la première fois l’année dernière et ça a beaucoup plu, alors nous avons réitéré l’expérience cette année. Il s’est passé exactement la même chose avec Lewis Leathers. J’ai été heureux de pouvoir connecter cette marque avec Moncler.

 

Que pensez-vous du fait que les maisons de mode et les marques de luxe proposent du streetwear ?

Jusqu’aux années 80, le streetwear faisait référence à une véritable culture de rue. Mais depuis les années 90, ce terme ne fait plus référence à une culture, mais simplement à une tendance de mode. Cela me semble donc logique que les marques de luxe soient présente sur la tendance du streetwear.

 

Quel regard portez-vous sur l’évolution de la mode vers le digital aujourd’hui ?

Je pense que l’évolution vers le digital est nécessaire désormais, surtout depuis la pandémie. Cependant, je pense que les journaux et les magazines papier peuvent jouer un rôle particulier, plus constructif que le web qui propose des contenus plus “mainstream”. Quoi qu’il en soit, je pense que c’est toujours bon d’avoir la nouveauté.

 

La collection “7 – Moncler FRGMT Hiroshi Fujiwara” est disponible sur le site de moncler.com et sur le site de fragment.jp.