Qui sont les lauréats du 35e Festival d’Hyères ?
Du 15 au 18 octobre derniers, la villa Noailles accueillait en son sein la 35e édition du Festival d’Hyères. Reportée en raison du contexte sanitaire, celle-ci a pu tout de même permettre aux visiteurs et au jury de découvrir pendant quatre jours les nouveaux talents du design de mode, d’accessoires et de la photographie, ainsi que les résultats des trois concours dévoilés ce dimanche. Découvrez tous les lauréats de cette nouvelle édition.
Par Matthieu Jacquet.
L’année 2020 est rude, mais la villa Noailles a su prouver sa résistance. Le 15 octobre dernier, le centre d’art hyérois donnait le coup d’envoi de la 35e édition du Festival international de mode, de photographie et d’accessoires de mode, plus communément connu sous le nom de Festival d’Hyères. Prévu comme à son habitude pour le mois d’avril, puis reporté il y a quelques mois en raison du contexte, l’événement a pu tout de même se tenir, accueillant pendant quatre jours des visiteurs curieux de découvrir les nouveaux talents de la mode dénichés par ses organisateurs et jurés et exposés sur le site de la villa. À l’issue de sa dernière journée, les jurys constitués pour les trois catégories de prix décernés par le festival – design de mode, photographie de mode et accessoires – ont comme chaque année annoncé les lauréats de cette édition particulière.
Toujours très attendu du public, le Grand Prix du Jury Première Vision récompensant un créateur de mode revient cette année à Tom Van der Borght. Artiste et créateur indépendant de vêtements pour homme, ce Belge de 46 ans a marqué le jury pour son approche expérimentale et non conventionnelle du vêtement, s’inscrivant dans une lignée assumée de Walter Van Beirendonck. Des superpositions de couleurs fluos et associations surprenantes de matières – fourrures, PVC, matelassés – caractérisent ses pièces qui investissent toute la surface du corps, jusqu’à des masques et coiffes épineuses venant parachever ses silhouettes loufoques. “Ce que nous avons vraiment admiré dans le travail de Tom Van der Borght, ce sont les tout nouveaux types de formes, et les tout nouveaux types d’engagements envers une silhouette qu’il propose et ce, sans aucun compromis”, justifie le directeur artistique de Loewe Jonathan Anderson, président du jury mode, qui lui remet pour l’occasion une bourse de création de 20 000 euros. Aux côtés de Tom Van der Borght, le créateur Marvin M’Toumo est reparti avec le prix remis par la maison Chloé, dont l’écho s’est retrouvé dans les atouts techniques et l’allure gracieuse de ses pièces. Le 19M, établissement créé par Chanel afin de regrouper onze maisons de métiers d’art et de mode, a quant à lui décerné son Prix 19M des Métiers d’art de Chanel à l’issue des collaborations de ses ateliers avec les dix finalistes. Son choix s’est porté sur la créatrice Emma Bruschi, dont les boucles d’oreilles imaginées avec la maison Lemarié mais également les vêtements font la part belle à l’artisanat : pour preuve, sa dernière collection propose notamment une chemise entièrement en paille de seigle tressée, des pièces en raphia brodé, pantalons en paille crochetée et filée à la main. La jeune femme reçoit également une bourse de création de 20 000 euros pour un nouveau projet qu’elle exposera à Hyères lors de la prochaine édition.
Côté accessoires, le duo Ddiddue et Juana Etcheberry fait presque un carton plein. En fabriquant en circuit local des casquettes à partir de récipients plastiques usagés non recyclés, ces créateurs basques sont parvenus à conquérir doublement le jury du concours, aussi bien pour le Grand Prix que pour le Prix Hermès des accessoires de mode. Directeur artistique de l’atelier de broderie Lesage et président du jury accessoires, Hubert Barrère loue “leur audace créative” et “leur conscience de la réalité du marché. Ils ont un réel engagement éco-responsable, ils travaillent en fabrication locale et ils ont généré un tissu économique autour d’eux.” En remportant ces deux prix, Ddiddue et Juana Etcheberry sont invités à collaborer avec les Métiers d’art de Chanel avec un budget alloué de 20 000 euros, tandis que la maison Hermès les dotent d’une bourse du même montant pour la création d’un bijou en cuir. La mention spéciale du jury, quant à elle, revient à un trio formé par les designers Antonin Mongin, Dimitri Zéphir et Florian Dach pour leurs pièces de tête semblables à des durags, tandis que le prix du public a récompensé le créateur Oubadah Nouktah pour son petit modèle de sac en cuir bordeaux au rabat courbé et à la forme ergonomique.
Enfin, du côté de la photographie de mode, le jury et son président Paolo Roversi ont tranché pour le Chinois Guanyu Xu. Conçues comme des mises en abyme de l’image dans l’image, l’artiste compose au domicile de ses parents de véritables installations photographiques où les clichés s’invitent sur toutes les surfaces et dans tous les formats, d’immenses affiches suspendues à des petites cartes postales collées aux fenêtres – une manière matérielle d’interroger leur pouvoir à l’heure de leur circulation massive. Pour la quatrième année consécutive, American Vintage a décerné son propre prix à un des finalistes, ayant tous les dix réalisé un cliché inspiré par une sélection de pièces du label. C’est au Hongrois András Ladocsi que revient la distinction, dotée de 15 000 euros pour la commande d’une série mode. Le public a de son côté récompensé le travail de Dustin Thierry, dont les portraits capturent en noir et blanc des personnalités queer africano-caribéennes dans toute l’Europe.