Qui est EGONlab, le jeune label français repéré par l’Andam 2021 ?
Fondé en 2019 par Florentin Glémarec et Kévin Nompeix, le jeune label parisien EGONlab propose depuis deux ans une mode genderless et inclusive, nourrie par un amour des arts visuels, de la musique et du tailoring mais également une volonté d’hybridation des styles, avec notamment des collaborations récurrentes avec la marque de sportswear italien Sergio Tacchini. L’occasion de plonger dans l’univers sombre et créatif de ce nouvel talent prometteur de la mode masculine, qui vient de remporter le prix Pierre Bergé lors de la dernière cérémonie de l’Andam.
Par Matthieu Jacquet.
En 2019, la mode masculine voit naître un tout nouveau projet porté par les deux jeunes Français Florentin Glémarec et Kévin Nompeix : son nom est EGON, en hommage au célèbre peintre autrichien Egon Schiele, et s’augmentera rapidement du suffixe “Lab” pour “laboratoire” ou “label”, afin de se présenter comme un collectif artistique agrégeant autour du vêtement designers, musiciens, artistes 3D et vidéastes. Dès la collection printemps-été 2020, la première du label, l’univers d’EGONlab est clair : s’y retrouvent aussi bien l’héritage d’un tailoring affûté à l’anglaise qu’une réinterprétation des codes du punk, de la new wave et du grunge, et même de la tradition de la tapisserie française à travers une toile de Jouy revisitée. L’élégance ténébreuse et rebelle d’EGONlab est palpable, imprégnée des révolutions esthétiques et théoriques qui ont bousculé l’histoire de l’art des deux derniers siècles autant que des longues nuits moites des soirées techno.
Fort de cette identité affirmée, EGONlab rejoint à partir de sa troisième collection le calendrier officiel de la Fashion Week masculine parisienne. Et pour la saison printemps-été 2021, l’univers sombre esquissé précédemment laisse place à l’espoir ambigu de l’utopie : au sein d’une vidéo, les modèles défilent parmi des paysages post-apocalyptiques embrasés puis enneigés, incarnation du chaos de l’an 2020. Nombre d’entre eux revêtent des ensembles monochromes d’un blanc lumineux, d’un rouge vif ou encore d’un profond bleu marine – la progression chromatique est visible et pleine de sens. Si le travail de la coupe apparaît dans les vestes de costume légèrement oversize et les trench, il se constate aussi dans les jeux de superposition des pièces : des débardeurs fragmentés en empiècements aux airs de harnais s’additionnent tels des calques, des shorts sont rallongés par des doublures sortantes tandis que des chemises manches matelassées accueillent des plastrons maintenus par des sangles boutonnées, le tout réalisé dans des matières organiques ou recyclées. Récurrents dans les collections EGONlab, les lacets relient ici des bretelles épaisses tels des corsets pour former des hauts presque intégralement ouverts, ou bien s’invitent sur des bottes hautes en cuir à semelles crantées conçues en collaboration avec le jeune créateur de chaussures Gio S. et assorties aux silhouettes.
Mais cette nouvelle saison est également l’occasion pour le jeune duo de dévoiler une collaboration inédite avec un label majeur du sportswear italien : Sergio Tacchini. Fondé dans les années 60 par le joueur de tennis qui lui a donné son nom, celui-ci a connu un succès florissant dans les années 80 et 90 par ses pantalons de jogging, vestes à zip et sweatshirts, tous estampillés du fameux logo circulaire renfermant un T majuscule. Dans la collection capsule d’EGONlab avec le label italien, pensée comme une extension de sa collection printemps-été 2021, ce même insigne s’invite discrètement sur un survêtement bleu contrasté par de fines lignes blanc et rouge, en plein centre de pulls où il se mêle aux dessins enfantins d’un canari ou d’un chaton, ou encore sur des blousons en tissu technique. Découpés en différents blocs colorés par des coutures géométriques, ces derniers illustrent ainsi toute la volonté du duo de croiser un vestiaire sportif empreint de nostalgie de la fin du XXe siècle avec une vision moderne et hybride, nourrie par les enjeux majeurs du monde d’aujourd’hui.