Qui est Antonin Tron, créateur d’Atlein et finaliste du Prix LVMH ?
Un an seulement après le début de son label Atlein, Antonin Tron a confirmé les espoirs naissants placés en lui avec son tout premier défilé dans le calendrier de la Fashion Week.
Par Delphine Roche.
Lauréat du Prix Première Collection de l’ANDAM en 2016, le jeune designer français diplômé de l’Académie royale d’Anvers, qui a fait ses classes chez Balenciaga aux côtés de Nicolas Ghesquière, est aujourd’hui en lice parmi les huit finalistes du Prix LVMH 2017. Numéro a rencontré le talent qui affirme, dans sa collection automne-hiver 2017, une maîtrise du jersey décliné sous toutes ses variantes ou mélangé à la maille, pour dessiner un vestiaire contemporain et élégant, tout en aisance.
Numéro : Vous avez présenté pendant la dernière Fashion Week, en mars, votre premier défilé. Pourquoi avoir opté pour ce format?
Antonin Tron : C’est important, pour les vêtements que je propose, qu’ils soient présentés sur un corps en mouvement. J’ai eu cette conviction très nette à la fin de la saison dernière. Cette étape importante fait aussi partie du processus de construction de ma marque. Je me suis concentré sur le produit mais petit à petit, je vais enrichir mon langage. J’ai donc présenté pour la première fois des chaussures, ce qui était nécessaire pour le défilé. Elles ont été fabriquées dans une petite usine familiale à côté de Naples, conformément à mon exigence de produire mes pièces dans des unités de grande qualité.
Quelles étaient les inspirations de cette collection qui faisait encore la part belle au jersey? Vous avez notamment développé un tailoring souple.
Une nouvelle fois, les matières ont guidé ma main. Mon travail se rapproche d’une forme de sculpture fluide. Je sculpte les drapés en exploitant toutes les potentialités du jersey et de la coupe dans le biais, qui garantit une plus grande fluidité du vêtement, mais qui est aussi plus difficile à maîtriser. J’ai transformé des inspirations workwear de façon plus féminine. J’ai aussi travaillé le jersey tweed pour faire du tailoring, des manteaux et des vestes, à ma façon, où la structure n’entrave pas l’aisance presque sportive. Et le sport, le surf, surgissent toujours par bribes.
Vous avez aussi présenté des bijoux aux formes à la fois brutes et pures, qui font écho à vos vêtements.
J’ai pensé à des collisions frontales, guidé en partie par le film Crash, de David Cronenberg. C’est ce qui explique les torsions qui se révèlent aussi bien dans les coupes des vêtements que dans les bracelets, qui semblent figés dans un mouvement, travaillés par la vitesse. Le sculpteur John Chamberlain, connu pour ses sculptures réalisées à partir de carcasses de voitures écrasées et soudés, figure également parmi mes inspirations. La peinture noire ou orange vif pulvérisée sur le métal des bracelets est d’ailleurs une peinture industrielle destinée aux carrosseries.
Après avoir été lauréat du Prix Première collection de l’ANDAM en 2016, vous voici finaliste du Prix LVMH. Comment s’est passé le concours jusqu’à présent?
Je suis très heureux d’être sélectionné parmi les finalistes, évidemment. Avoir gagné un prix de l’ANDAM m’a permis de produire mon premier défilé, et je suis très reconnaissant de l’attention que m’accordent les professionnels de notre industrie. Je travaille de façon très instinctive, en essayant de grandir de façon organique et sans jamais perdre de vue l’importance du produit. Récemment, j’ai pris conscience que ma façon de travailler, notamment en faisant fabriquer mes pièces en France, participe à la promotion d’un certain art de vivre européen dans lequel j’ai foi.
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