Pourquoi la prochaine vente aux enchères Margiela est-elle exceptionnelle ?
Grâce à la collection privée des sœurs Angela et Elena Picozzi, la maison Maurice Auction organise une vente aux enchères inédite le 27 janvier 2025. Regroupant une multitude de créations du grand couturier Martin Margiela, l’événement promet d’affoler le monde de la mode. Pour Numéro, la mère des sœurs Picozzi, Graziella Picozzi, première grande admiratrice et soutien majeur du créateur, revient sur trois pièces qu’elle a vu naître…
Par Louise Menard.
Une vente exclusive des premières créations de Martin Margiela
Afin de célébrer l’un des personnages les plus adulés et mystérieux de la fashion sphere, l’artiste et couturier belge Martin Margiela, la maison Maurice Auction organise ce lundi 27 janvier une vente aux enchères inédite regroupant de nombreuses pièces rares imaginées par le créateur entre 1988 et 1994.
Alors que les fameuses chaussures Tabi, révélées au grand jour en 1989, continuent de figurer parmi les pièces les plus désirables année après année, la Maison Margiela ne cesse d’exercer son pouvoir de fascination, comme en témoigne récemment la frénésie qui a accompagné le dernier show haute couture printemps-été 2024 par John Galliano (qui a depuis quitté la direction artistique de la maison, en décembre dernier).
“Nous pensons que le monde de la mode doit être à nouveau exposé aux premières esthétiques de Martin Margiela.” estiment ainsi les sœurs Angela et Elena Picozzi, dont la collection personnelle constitue l’ensemble des lots de la vente. Ce grand moment, qui marquera le début de la prochaine Fashion Week haute couture printemps-été 2025 à Paris, aura lieu au sein d’un ancien bâtiment du onzième arrondissement, dans une atmosphère fidèle à la vision de génie de Martin Margiela, retiré de l’industrie de la mode depuis 2008.
Des pièces d’une rareté folle, de la jupe-rideau au blazer en toile peinte
Riche d’objets précieux comme des patrons en papier ou encore des croquis réalisés par Martin Margiela lui-même, la vente dévoile de nombreux vêtements iconiques. Parmi eux, certains sont issus des tous premiers shows du couturier et notamment de la collection printemps-été 1990, telle une longue robe blanche presque transparente, aux drapés et plissés évanescents, issue d’un look dont le visage est couvert d’un morceau de tissu – élément que l’on retrouve aussi quelques saisons plus tard lors du show automne-hiver 1995-1996 –, annonçant déjà la révolution qu’imposera le créateur à la mode.
Parmi la sélection, quelques pulls tricotés de la collection automne-hiver 1990-1991 mettent en évidence des fils de couture blancs, un geste audacieux pour l’époque visant à rendre hommage au savoir-faire et à la fabrication du vêtement. Depuis, les quatre points de couture blancs en lieu et place de l’étiquette sont devenus la signature de la maison. On retiendra également le blazer en toile peinte, si caractéristique de l’univers Margiela et qui constitue sans doute l’un des éléments les plus cultes de la vente. Pour Numéro, Graziella Picozzi, mère des sœurs Picozzi et première grande admiratrice du créateur, s’arrête quant à elle sur trois pièces qu’elle a vu naître…
3 créations rares de Martin Margiela vues par Graziella Picozzi
Le costume en laine
“Cet ensemble est très spécial pour moi car il a complètement changé ma façon de voir la veste pour homme. Chaque petit détail y est unique, des pinces aux proportions, en passant par les épaules étroites et l’intérieur doublé de coton. Martin était absolument convaincu de la valeur de cette veste et de sa modernité, même si à l’époque, de nombreuses personnes ne trouvaient pas l’idée aussi géniale…”
La robe en tulle
“Cette robe a été une véritable surprise. Pour moi c’est un petit chef-d’œuvre de féminité. Je me souviens de la joie et de l’excitation ressenties en la travaillant. C’était une nouveauté absolue, une création unique qui brisait toutes les règles. J’ai été profondément émue de voir comment une matière simple comme le coton, transformée en tulle et en rubans délicats, pouvait donner vie à un vêtement aussi élégant, éthéré et sophistiqué.”
La veste caban en coton
“J’ai tout de suite aimé cette veste en coton ornée de boutons de cuir que nous avons teints à la main, ce qui la rend encore plus précieuse. Bien qu’elle reprenne les éléments de la veste masculine classique, elle a été ici déconstruite et réinventée. Je n’avais jamais vu une construction aussi novatrice jusqu’alors. Martin était particulièrement attaché à ce modèle et l’a travaillé à chaque saison, avec différents tissus à chaque fois, comme si chacune des variations racontait une nouvelle histoire.”
Vente aux enchères Martin Margiela: The Early Years, le 27 janvier 2025, Maurice Auction, 81 boulevard Voltaire, Paris 11e.