Que faut-il retenir de Felipe Oliveira Baptista chez Lacoste ?
Après huit années passées en tant que directeur artistique des collections féminines et masculines de Lacoste, Felipe Oliveira Baptista quitte ses fonctions. En attendant la nomination d’un nouveau directeur artistique, retour en trois points sur cette fructueuse collaboration.
Par La rédaction.
C’est par le biais d’une photo postée sur Instagram que Felipe Oliveira Baptista a annoncé mercredi 2 mai son départ de Lacoste. Nommé directeur artistique de la marque au crocodile en août 2010 suite au départ de Christophe Lemaire chez Hermès, le Portugais originaire des Açores a doublé le chiffre d’affaires de Lacoste en sept ans (1 milliard d’euros en 2009, plus de 2 milliards d’euros en 2016). Diplômé de l’université de Kingston à Londres, Felipe Oliveira Baptista avait fait ses armes chez Max Mara et Cerruti avant de devenir l’assitant Christophe Lemaire. Lauréat du grand prix du festival d’Hyères en 2002 et de l’ANDAM a deux reprises, il avait lancé sa propre marque en 2003 avant de la mettre en veille en 2014. Retour sur trois faits marquants dans l’histoire de sa collaboration avec Lacoste.
Du sportswear à la mode
Alors que les créateurs et directeurs artistiques de maisons de mode et de luxe intègrent de plus en plus de sportswear dans leurs collections de prêt-à-porter, Felipe Oliveira Baptista a toujours emprunté le chemin inverse. Encore influencé à ses débuts par le minimalisme de Christophe Lemaire, le créateur s’en détache rapidement pour imposer sa vision. Au fil des collections, la silhouette est de plus en plus sophistiquée. En témoignent les robes en PVC de la collection printemps-été 2017, les manteaux deux-en-un en mouton retourné de l'automne-hiver 2016-2017 et les couleurs savamment agencées sur des robes en velours de la collection automne-hiver 2017-2018.
Le polo revisité
Son approche étonnante du vêtement et sa maîtrise des coupes et des imprimés conduisent Felipe Oliveira Baptista à repenser l’objet phare de Lacoste : le polo. Sans jeter aux oubliettes la quête de confort qui a vu naître cette pièce du vestiaire dans les années 30, le créateur met son savoir-faire de grand couturier au service de la marque. Pour le printemps-été 2018, qu'il fait défiler à Paris après treize ans consécutifs à New York : il propose de nouveaux portés. Dans le sillage d’une tendance adoptée, entre autres, par Glenn Martens chez Y/Project et Serge Ruffieux chez Carven, Felipe Oliveira Baptista dévie l’encolure sur le côté tandis que les manches intègrent de nombreux boutons. D’ailleurs, dès sa première collection pour Lacoste (printemps-été 2012), le créateur découpe le polo pour dévoiler les hanches de ses modèles. Pour l'automne-hiver 2015, le polo se mue en objet de revendication avec l'inscription "René did it first".
Les collaborations
Mais si Felipe Oliveira Baptista a si bien réussi à rénover et diversifier l’ADN de Lacoste, c’est également grâce à de nombreuses collaborations. En 2015, la marque invitait ainsi le brodeur Lesage – propriété des Métiers d’art de Chanel – à concevoir une ligne de polos haute couture. Après Sotchi en 2014 et Rio en 2016, c'est de nouveau lui qui dessine les tenues de la délégation française des J.O. de PyeongChang où il démontre qu'on peut allier technicité et esthétique. Avec le label Supreme, le créateur réhabilite à deux reprises le survêtement en Nylon Lacoste, qui peinait à se dissocier du stéréotype des jeunes de banlieue. Début 2018, la marque lançait, en partenariat avec l’Union internationale pour la conservation de la nature, une série de polos en édition limitée, dédiée à 10 espèces en voie d’extinction. Sans oublier diverses collaborations avec des célébrités telles que Jean-Paul Goude ou Yazbukey. Autant d'illustrations du renouveau impulsé sous l’ère de Felipe Oliveira Baptista.