“On a voulu m’enfermer dans un certain type de rôle.” Johnny Depp se confie à Numéro Homme
En exclusivité pour Numéro Homme, le sulfureux comédien revient sur son parcours singulier. Découvrez un extrait de l’interview de la cover star automne-hiver 2017-2018.
Par Victoria Brynner Jean-Baptiste Mondino.
Portraits : Jean-Baptiste Mondino.
Il fait partie de ces acteurs qui ont écrit leur propre destin. Mondialement connu dès l’âge de 24 ans, Johnny Depp a su éviter les pièges de la célébrité pour trouver sa propre voie dans un cinéma d’auteur ambitieux, auprès de Tim Burton ou encore Jim Jarmusch. Cette foi dans son métier d’acteur, l’égérie du parfum Sauvage de Dior a su la conserver intacte jusque dans le rôle du capitaine déjanté Jack Sparrow, dans les blockbusters Pirates des Caraïbes.
Numéro Homme : Quels sont les réalisateurs qui vous ont le plus fortement influencé ?
Johnny Depp : Tim Burton. Quand je l’ai rencontré, le seul premier rôle que j’avais tenu était celui de Cry-Baby. Avant cela, je jouais dans cette série télé [21 Jump Street], et la production avait la mainmise sur mon image. L’industrie de l’entertainment vend des produits, et j’étais devenu leur produit. Ils décidaient à ma place de ce que j’étais et de qui j’étais. Cela n’avait rien à voir avec moi, c’était une image. J’ai tout de suite su que je n’allais pas continuer comme cela. Je voulais trouver ma propre voie.
“L’industrie de l’entertainment vend des produits, et j’étais devenu leur produit.”
Est-ce important pour vous d’être libre de vos choix cinématographiques ?
Ce que j’ai trouvé insupportable, dès que la célébrité s’est abattue sur moi, c’est qu’on a voulu m’enfermer dans un certain type de rôle. On vous colle une étiquette, on dit que vous êtes le nouveau James Dean, ou une autre connerie du même genre… Comment voulez-vous avancer si vous êtes mis dans une case ?
Vous les regardez, vos films ?
Non, j’essaie d’éviter. J’ai dû le faire une ou deux fois pour m’assurer que le montage était correct, mais, en général, je préfère ignorer la version finale. Une fois qu’on m’a dit : “C’est dans la boîte”, c’est comme si ce n’était plus mon problème. Je me sens beaucoup mieux quand je ne vois pas le produit fini. Je préfère ne retenir que l’expérience. Ça me protège de cette obsession de la célébrité, et me préserve de certains fonctionnements de l’industrie. Ça me permet également de rester aussi lucide que possible. J’aurais tendance à me méfier d’un acteur qui adore regarder ses propres films. Il me semblerait totalement incongru de me voir à l’écran et de me dire : “Ah ouais, c’est vraiment super.”
Réalisation : Samantha McMillen. Coiffure : Gloria Casny chez Leslie Alyson. Maquillage : Ken Niederbaumer pour Dior. Décor : Colin Donahue chez Owl and the Elephant Inc. Production : Iconoclast Image
Retrouvez l’intégralité de cette interview dans Numéro Homme automne-hiver 2017-2018, disponible en kiosque et sur iPad à partir du 2 octobre.
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Numéro Homme : Which directors have had the biggest impact on you?
Johnny Depp : Tim Burton. When I met Tim I had just done Cry-Baby with John Waters. Before John I was on that TV show [21 Jump Street] and I was basically whatever they wanted to sell me as. The studios sell a product and I became their product. They dictated to people what I was and who I was. It wasn’t about me, it was about this image that had nothing to do with me, so I knew I was not on my road.
“The studios sell a product and I became their product. They dictated to people what I was and who I was. ”
How important is it for you to remain independent in your film choices?
One thing I could never stand when all the weirdness started happening, and people started recognizing me, were the categories they put you in. They'll do anything to label you as a certain type. It’s like when you come up the ranks and people say: "He's the new James Dean or this or that…" No, no, no. I never liked categories. I never like to think of the business of it, it gets in the way. It's an obstacle course for the work so I'm simply not interested in it.
Do you ever watch your own movies?
No, I try not to. I had to a couple of times because I wanted to make sure the cut was okay, but I would rather remain ignorant of what the final deal is. It’s easier for me to just do the job, play the character and once they say "you're done", it's almost like it's none of my business. I feel better not seeing what they call the "end product". I would rather just walk away with the experience, which allows me to remain less conscious of whatever those weird definitions people use are – like fame and all that stuff – and enables me to remain as clear as possible.
Read the full interview in the autumn-winter 2017-2018 issue of Numéro Homme, on newsstands from October 2th.