3 déc 2019

Lionel Messi, que porte le Ballon d’Or 2019 ?

Avant-hier avait lieu la cérémonie du Ballon d’or 2019, sorte d’Oscar du football. Le grand gagnant du prestigieux trophée qui consacre le meilleur joueur du monde (élu par les journalistes spécialisés) est cette année… Lionel Messi, un lauréat désormais coutumier de cet honneur. Décrochant son sixième Ballon d’or, l’attaquant argentin est désormais le plus primé de toute l’histoire de cette compétition, débutée en 1956.

Petit génie du ballon rond, dont les dribbles frénétiques déclenchent l’hystérie sur la planète entière, Lionel Messi se situe à la croisée de plusieurs sentiers bénis par les dieux du football. L’Argentine, tout d’abord, nation élue parmi les élues, guidée par la main invisible de la légende Diego Maradona – bien avant l’histoire de “la main de Thierry Henry”, Maradona avait inventé le concept du football joué avec les membres supérieurs… mais à l’époque, son statut intouchable lui avait permis de s’en tirer en évoquant “la mano de Dios”, la main de Dieu intervenu en personne pour faire gagner l’Argentine. Ensuite, le FC Barcelone dit “Barça” dont la devise professe fort justement qu’il s’agit de “bien plus qu’un club” [més que un club, en catalan].

 

Dans la capitale de la Catalogne, le club est le miroir de la forte identité de la région. Il est surtout, tout simplement, l’un des meilleurs que le football ait jamais compté – cinq fois vainqueur de la Ligue des Champions, et 26 fois champion d’Espagne. Avec un modèle économique original, le Barça appartient à ses fans, ses socios, qui élisent le président du club. Il est aussi un des principaux donateurs de l’Unicef, qui a longtemps été le seul logo affiché sur les maillots des joueurs. Enfin, il incarne un football magnifique, joueur, collectif, porté vers l’avant, reposant sur un système de passes courtes inspiré “football total”, système inventé par l’Ajax d’Amsterdam dans les années 70 et importé par l’un de ses anciens joueurs, Johan Cruyff, au FC Barcelone qu’il entraîne dans les années 80.

 

Bref, Leo Messi est le roi d’un club qui a tout de l’exception culturelle. Avec une telle élégance sur le terrain, restait à trouver une façon d’afficher le même chic lors de toute apparition publique, en dehors des terrains. En effet, la vie des footballeurs est scrutée à la loupe, et l’esprit d’une équipe doit s’inscrire dans chaque détail. Les déplacements des joueurs, lors des matchs du championnat ou de Ligue des Champions, sont autant d’occasions d’apercevoir ses idoles, par exemple, à leur descente d’avion. Le port d’un uniforme est donc de rigueur pour affirmer la cohésion des joueurs. Et en la matière, le Barça a encore une fois su montrer son excellence. En 2018, ses dirigeants ont demandé au designer américain Thom Browne de réaliser leurs costumes. La marque qu’il a créée, en 2011, s’appuie sur la tradition du tailoring sur mesure, et sur le chic intemporel de Steve McQueen dans L’Affaire Thomas Crown, ou de JF Kennedy lorsqu’il était encore jeune sénateur, dans les années 50.

 

Un chic basé sur le port du costume gris, uniforme du gentleman successful, du parfait Américain, du winner sophistiqué. Partant de cette observation, Thom Browne s’est employé depuis à renouveler cet uniforme qui a traversé les âges, en subvertissant subtilement ses proportions. Conservant l’excellence de la fabrication (américaine), et les détails soignés hérités du sur-mesure, le créateur a inventé une silhouette alliant une veste et un pantalon gris raccourcis, un cardigan assorti, une chemise blanche, et d’imposants derbies à bouts fleuris. A partir de cette grammaire, Thom Browne élabore des collections qui réinventent les codes masculins avec un esprit presque conceptuel, tout en gardant en tête les besoins de l’homme contemporain.

 

Fort de son excellence, le FC Barcelone a donc fait le choix d’un label respecté et pointu : le rapprochement du club de foot et du créateur fait figure de rencontre au sommet. “Je suis heureux de m’allier aux meilleurs athlètes du monde, et surtout, à des athlètes qui partagent les valeurs de ma marque, déclarait Thom Browne lors de la signature du partenariat. J’ai toujours pensé que les athlètes sont de vrais modèles, particulièrement inspirants. L’image des joueurs dans leurs uniformes exsude une confiance et une individualité qui inspireront la jeunesse.”

 

Ce partenariat, qui court encore pour deux saisons, suscite en effet probablement des cris d’hystérie, chaque fois que sont publiées les photos officielles des joueurs dans leurs beaux costumes gris. Ce début de saison, les cris devaient être particulièrement stridents en France, puisqu’Antoine Griezmann a rejoint le super-club catalan.