Les robes iconiques d’Azzedine Alaïa immortalisées par Peter Lindbergh à découvrir dans une exposition
Depuis leur rencontre en 1979, le grand couturier Azzedine Alaïa et l’immense photographe Peter Lindbergh ont noué une amitié indéfectible qui a donné naissance à des images devenues iconiques. Cette complicité unique entre ces deux artistes exceptionnels se voit aujourd’hui célébrée dans une exposition à la fondation Azzedine Alaïa, à Paris, et dans un magnifique ouvrage publié aux éditions Taschen.
par Léa Zetlaoui.
Azzedine Alaia et Peter Lindbergh se sont rencontrés en 1979. À cette date, la mode faste qui caractérise la décennie 80 n’en est qu’à ses balbutiements. Rapidement, Thierry Mugler, Claude Montana et Jean Paul Gaultier viendront bouleverser l’univers policé de la haute couture française à coups de silhouettes dramatiques aux allures de costumes, mises en scène dans de véritables défilés performances. Face à ces trois designers devenus célèbres pour leurs collections flamboyantes, le couturier tunisien Azzedine Alaïa va se distinguer par des créations d’une grande sobriété où le noir s’impose comme teinte maîtresse. Quand sa route croise celle du photographe allemand Peter Lindbergh, il trouve enfin l’artiste capable d’exalter la beauté intemporelle de ces robes qui moulent ou drapent le corps de la femme et sculptent sa silhouette. Originaire de Duisburg, région industrielle d’Allemagne, Peter Lindbergh privilégiera durant toute sa carrière la technique du noir et blanc pour créer des images brutes, sincères, desquelles émanent force et poésie. Ensemble, ces deux artistes exceptionnels vont composer une œuvre qui révèle la puissance et la beauté de la femme, que l’on découvre aujourd’hui au sein de la fondation Azzedine Alaïa.
Accrochées sur de grands panneaux blancs disposés en oblique, les photographies de Peter Lindbergh se déploient au sein de ce vaste espace industriel, qui accueillait autrefois l’atelier et la maison d’Azzedine Alaïa jusqu’à sa disparition en 2017. On retrouve notamment, au fil de ces images iconiques, Tatjana Patiz et Linda Spierings (1996) en muses dramatiques, dans des robes et manteaux qui rappellent le travail de Cristobal Balenciaga dont Alaïa collectionnait les créations. On y croise aussi le top Naomi Campbell, grande amie du couturier, plusieurs fois photographiée à Paris, vêtue ici d’un ensemble moulant sanglé d’une ceinture ajourée, là, d’un short orné de perles. La pop star Madonna (1996) apparaît, elle aussi, sur un mur immaculé, simplement habillée d’un body en maille signature du couturier. Plus loin, Jade Jagger (1990) habillée d’une robe au profond décolleté d’où émerge un soutien-gorge en peau exotique, déambule dans les rues de Paris. Plus récemment, en 2013, c’est Lindsey Wixson dans un ensemble en maille de cuir et métal ou de peaux exotiques ou Dilone en 2016 vêtues de jupes frangées. La grande surprise de cette sublime exposition est de retrouver nichée entre chaque panneau la silhouette originale du couturier. Cet ensemble crée un jeu de miroir qui souligne l’importance de la photographie et de la vision artistique dans une industrie de la mode qui souffre aujourd’hui d’une uniformisation de son image tandis que la presse mode vit des heures difficiles.
Cette visite passionnante s’achève au premier étage consacré à la diva Tina Turner. Grande amie du couturier – il sculptait directement les vestes et robes sur elle – Tina Turner a été photographiée plusieurs fois par Peter Lindbergh. Notamment en 1989 sur la tour Eiffel, vêtue d’une robe perlée, aujourd’hui exposée.
Exposition Azzedine Alaïa, Peter Lindbergh à la Fondation Azzedine Alaïa, 18, rue de la Verrerie, Paris IVe, jusqu’au 14 novembre.
Livre Peter Lindbergh. Azzedine Alaïa, publié aux éditions Taschen, 240 pages.