18 déc 2019

Les plus belles collaborations entre les couturiers et la danse

Rick Owens pour l'Opéra de Paris, Rei Kawakubo pour Merce Cunningham, Gianni Versace pour Maurice Béjart… Alors que 2020 approche à grands pas, Numéro revient sur les huit collaborations les plus marquantes entre la danse et la haute couture. 

1. Rick Owens pour At the Hawk’s Well à l'Opéra de Paris

 

Du 19 septembre au 15 octobre dernier, les danseurs de l'Opéra de Paris ont revêtu les costumes extravagants du créateur américain Rick Owens. Mis en scène par Hiroshi Sugimoto, les Étoiles Hugo Marchand, Ludmila Pagliero et Alessio Carbone ont interprété les rôles principaux de At the Hawk’s Well, dont les mouvements ont été écrits par le chorégraphe italien Alessio Silvestrin – autrefois disciple du Ballet Béjart à Lausanne et de la compagnie Forsythe – et la musique composée par le vidéaste japonais Ryoji Ikeda. 

 

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Hugo Marchand dans “At the Hawk’s Well” © Julien Benhamou

2. Rei Kawakubo pour Scenario de Merce Cunningham

 

Interprétée pour la première fois à la Brooklyn Academy of Music à New York en 1997 et reprise en novembre dernier par le Ballet de l'Opéra de Lyon au théâtre du Châtelet (dans le cadre du Festival d'Automne), Scenario de Merce Cunningham scelle l'unique collaboration entre le pionnier de la danse moderne américaine et la créatrice de mode japonaise Rei Kawakubo. Pour l'occasion, elle réinvente ses “bumps dresses” (robes bouffantes) qui entourent les corps des danseurs comme des bouées, et dont la rondeur contraste avec leur posture élancée.

 

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“Scenario” (2019) de Merce Cunningham par le Ballet de l’Opéra de Lyon © Michel Cavalca

3. Alexander McQueen pour Eonnagata de Russell Maliphant, Sylvie Guillem et Robert Lepage

 

Un an avant sa disparition, le créateur britannique imagine les costumes d’un spectacle à la frontière entre le théâtre, la danse et les arts martiaux : Eonnagata. Créée au Canada par le chorégraphe britannique Russell Maliphant, l’Étoile Sylvie Guillem et le metteur en scène canadien Robert Lepage, la pièce revisite le mythe du chevalier Eon, le grimant en auteur, diplomate et espion français qui navigue entre féminité et masculinité. Pour Eonnagata, la seule pièce qui a fait du créateur un costumier, McQueen imagine des kimonos transparents dont la structure rigide en crinoline est recouverte d’organza. Aujourd'hui, ils ont tous disparu…

 

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“Eonnagata” (2009) de Russell Maliphant, Sylvie Guillem et Robert Lepage.

4. Gianni Versace pour plusieurs spectacles de Maurice Béjart

 

À sa mort prématurée un jour de juillet 1997, Gianni Versace est un couturier mondialement connu pour son esthétique glamour, over-sexy et colorée. Il approche des 40 ans quand il collabore pour la première fois avec Maurice Béjart. En 1984, le couturier italien frappe à la porte du chorégraphe qui a introduit la danse moderne en France il y a déjà dix ans. Ensemble, ils imaginent un premier ballet : Dionysos. Fort de sa première collaboration, le tandem Béjart-Versace se retrouve pour travailler sur plusieurs ballets : Malraux ou la métamorphose des dieux (1986), Chéreau-Mishima-Peron (1988), Pyramide (1990)… au total douze pièces du chorégraphe seront habillées par le créateur italien. Leur dernier coup de maître survient un an avant la mort du couturier : Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat est présentée à Lausanne pour la première fois en 1996. Véritable performance scénique, la pièce est reprise quelques temps après au théâtre de Chaillot où les danseurs sont accompagnés d’Elton John et du groupe de rock anglais Queen.

 

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« Le Presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat” (2016) de Maurice Béjart. Costumes de Henri Davila, design de Gianni Versace. © BBL – Ilia Chkolnik

5. Yves Saint Laurent pour Notre Dame de Roland Petit à l'Opéra de Paris 

 

En 1965, Roland Petit, grand figure de la danse néoclassique aux yeux cernés de khôl, frappe à la porte de l’atelier du jeune Yves Saint Laurent. À l’époque, le couturier français travaille à l’élaboration d’une ligne devenue célèbre depuis : la collection Mondrian. Inspirées des rectangles de couleurs du peintre néerlandais Piet Mondrian, les robes de Saint Laurent font l’effet d’une révolution dans la haute couture de l’époque. Roland Petit, lui, adore la mode, et compte bien s’en servir pour faire de Notre Dame une adaptation avant-gardiste de l’œuvre de Victor Hugo.

 

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Dessin des costumes de « Notre Dame” par Yves Saint Laurent © Musée Yves Saint Laurent

6. Ricardo Tisci pour le Boléro de Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet à l'Opéra Garnier

 

En mai 2017, Ricardo Tisci, alors directeur artistique de Givenchy, imagine les costumes du Boléro de Maurice Ravel, chorégraphié par ses contemporains : Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet. Directement inspirés d’une collection haute couture de Givenchy, ces costumes ont été adaptés d’après les souhaits du designer par les ateliers de l’Opéra de Paris : les motifs de squelettes imaginés par Riccardo Tisci sont faits de dentelle Chantilly sur une robe colonne, et de cristaux Swarovski sur un catsuit nécessitant quelque 1 600 heures de travail. Ils participent d’un hommage rendu par le designer à Frida Kahlo.

 

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“Boléro” (2017) de Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet © Laurent Philippe / OnP

7. Coco Chanel pour Le Train Bleu de Bronislava Nijinska, Jean Cocteau et Pablo Picasso 

 

Incarnation historique de l’avant-garde, Gabrielle Chanel est la première créatrice de mode à dessiner les costumes d’un ballet. En 1924, Serge de Diaghilev – alors directeur de la compagnie de l’Opéra de Saint-Pétersbourg – fait appel à elle pour habiller les danseurs du Train Bleu. À l’époque, la couturière française est déjà connue à l’Est pour ses créations : elle libère les corps et s’affranchit des clivages masculin/féminin.

 

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8. Olivier Rousteing pour Renaissance à l'Opéra de Paris

 

Désireux de créer un dialogue avec les plus grands couturiers, l’Opéra de Paris frappe à la porte d’Olivier Rousteing – jeune directeur artistique de la maison Balmain – en 2017. Sébastien Bertaud, danseur et chorégraphe pour l’Opéra de Paris, fait appel à Balmain pour habiller les danseurs de Renaissance de costumes à la fois classiques et sophistiqués. 

 

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