2 avr 2025

Les créatrices parisiennes à suivre : Lou Menais

Dans une interview, la créatrice de mode Lou Menais raconte son parcours et le lancement de sa nouvelle marque lancée en 2025.

  • par Léa Zetlaoui.

  • Lou Menais, une créatrice à suivre de près en 2025

    Le vendredi 14 février 2025 n’était pas seulement le jour de la Saint-Valentin, mais aussi celui où Lou Menais révélait la première collection de sa nouvelle marque. Onze ans après JOUR/NE, le label qu’elle avait cofondé avec deux associés, la créatrice de mode revient avec un projet plus personnel. Pour notre plus grand plaisir.

    Comme le précisent les légende des photos qu’elle publie sur son compte Instagram, cette nouvelle marque qui porte son nom s’inspire de sa vie et met en scène ses proches, notamment le rappeur Ichon. « My vision of beauty is my people. » (« Ma vision de la beauté, ce sont les personnes qui m’entourent »). Une nouvelle aventure que Lou Menais raconte à Numéro dans une interview.

    L’interview de Lou Menais

    Numéro : Quel est votre premier souvenir lié à la mode ?
    Lou Menais : Mon premier souvenir lié à la mode est certainement associé à ma mère et à sa bande de copines. Elles étaient en Xuly Bet et en Jean Paul Gaultier, je les trouvais trop cool et trop belles. J’ai aussi des souvenirs très précis de ma grand-mère qui m’achetait des jupes Souleiado dans le sud de la France. C’était pour moi hors de question de les retirer, hiver comme été, même les jours de sport. Ma mère m’a confié il n’y a pas longtemps que, les jours de sport, j’allais à l’école avec la jupe “qui tourne”, un jogging dessous et des bottes de pluie jaunes. Un sacré mélange, mais elle avait complètement cédé face à ma détermination.

    À quel moment de votre vie avez-vous décidé de faire carrière dans ce milieu et pourquoi ?
    Après le Bac, j’étais un peu perdue, je n’avais pas du tout envie de faire des études. Je voulais travailler, gagner ma vie. Très vite j’aspirais à une “vie d’adulte”. J’étais aussi un peu révoltée qu’on me demande de choisir si jeune ce que je voulais faire pour le reste de ma vie. J’ai donc fait des stages, dont un au magazine WAD : j’ai été émerveillée. Je fantasmais complètement la vie de toutes ces personnes qui y travaillaient. Puis, c’est la rédactrice en chef de l’époque qui m’a poussée à aller au Studio Berçot.

    Une carrière éclectique

    Votre parcours en quelques mots ?
    Après 2 ans au Studio Berçot, où je n’étais pas très régulière, j’ai été prise en stage aux lunettes (!) chez Marc Jacobs. Puis, je suis passée au prêt-à-porter à Paris et à New York. Et enfin, de retour à Paris, je m’occupais de la maroquinerie. Ce fut ma première expérience de travail en tant que designer, et elle a duré 4 ans et demi.

    En 2014, vous avez également lancé une première marque.
    Oui! En parallèle avec eux associés, nous avons créé la marque JOUR/NE. J’avais 24 ans et ça a été l’une des expériences les plus formatrices de ma vie. Bien que nous avons rencontré un succès très rapidement, je pense que nous n’avions pas la maturité nécessaire pour vivre une telle aventure.

    Qu’avez-vous après l’aventure JOUR/NE?
    J’ai fait un break, vendu du vintage de luxe depuis Marseille et fait de la direction artistique en freelance pour diverses marques, notamment dans la beauté. Puis, juste avant le Covid, on m’a proposé un poste de styliste chez Rouje, et je suis rapidement devenue head of design de la marque. Enfin, c’est aujourd’hui que je réalise un rêve : lancer ma propre marque.

    Comment est née l’envie de lancer votre propre marque ? 
    Avec toutes ces expériences assez complémentaires, j’ai beaucoup appris. J’ai aussi pris confiance en moi et en mon travail. J’ai envie de faire ressentir, de pouvoir montrer ce que je vois dans les gens, dans ma ville, à travers la mode.

    Que represente la mode pour vous ?
    Je pense que la mode est représentative d’une époque, d’un moment, qu’il y a un aspect politique à ce que l’on raconte. La narration dans une marque est très importante pour moi. Lancer ma propre marque est aussi pour moi un gage de liberté : travailler avec des gens que j’ai choisis, au rythme qui me plaît, en faisant ce que j’aime à 100 %.

    Une créatrice qui mélange genres et influences

    Pouvez-vous décrire le style de vos collections ?
    J’adore la prise de risques et les mélanges incongrus de couleurs et de motifs. J’aime les matières naturelles. Je suis plus “team héritage” que “team futuriste”, si j’ose dire. Les couleurs chaudes et méditerranéennes : très souvent, le bordeaux, le jaune, le rouge, le bleu marine sont des couleurs qui reviennent dans mes inspirations.

    Quelles sont vos inspirations ?
    Pour ce qui est des silhouettes, je trouve que la première collection ressemble vraiment à mon placard, c’est-à-dire un jogging ballerine le mardi et une robe de madone le jeudi. Quand je crée les collections, j’essaie vraiment de me dire que chaque produit doit être à lui-même : seul, hyper désirable. Je dois avoir envie de porter toutes mes pièces et de les trouver uniques.

    Que voulez-vous transmettre comme message à travers vos vêtements ?
    Un message fédérateur avant tout. Je ne veux pas que ma marque soit un gage de cercle fermé ou d’entre-soi. J’aimerais que ce soit une marque dont on soit fier de porter les pièces, car on aime l’image et les valeurs qu’elle véhicule.

    Depuis que vous avez lancé votre marque, avez-vous vécu un moment dont vous êtes particulièrement fière ?
    Je suis très fière de la première campagne pour laquelle j’ai photographié mes proches. J’avais envie de les voir beaux : coiffés, maquillés sur le set et rayonnants. Je sais que c’est un shooting qui ne vieillira pas. Et que je le regarderai avec autant d’émotions dans 10 ans.

    En tant qu’entrepreneuse dans la mode, quel est le plus gros challenge auquel vous êtes confrontée ?
    Je me pose énormément de questions sur ma stratégie wholesale, le calendrier de la Fashion Week. Comment y échapper ? Est-ce possible ? Et rester libre dans tout ça créativement, est-ce possible ?

    Les collections de Lou Menais sont disponibles sur loumenais.fr