Les créations flamboyantes du défilé-hommage à Alber Elbaz s’exposent au Palais Galliera
Début octobre, la Fashion Week parisienne se clôturait sur un spectacle émouvant : le défilé hommage à Alber Elbaz, disparu quelques mois plutôt. Organisé par le label de couture technologique AZ Factory, qu’il avait fondé en 2020, le spectacle invitait également 44 des plus grands créateurs et maisons de mode à faire défiler une silhouette inspirée par la mode du couturier. À partir du samedi 5 mars 2021, une quarantaine des silhouettes de ce show, dont 25 imaginées par l’équipe d’AZ Factory, seront exposées dans l’ordre alphabétique, entre le Salon d’Honneur et la Grande Galerie du Palais Galliera.
par La rédaction.
“Love brings love” : tel était le mantra d’Alber Elbaz. Si le monde de la mode ne brille pas toujours par ses qualités d’empathie, c’est bien sous la bannière de l’amour qu’il se réunissait à la fin de la Fashion Week parisienne, le 5 octobre, pour rendre hommage à l’iconique créateur trop tôt disparu. Pour rester fidèle à son esprit, à son humour et à son talent, la cérémonie a bien sûr pris la forme d’un défilé débordant de joie, de couleurs et de créativité. Aux côtés des vingt-cinq silhouettes imaginées par la team créative d’AZ Factory – le label visionnaire de sportswear couture que le regretté disparu venait de lancer – 45 des plus grands noms de la mode proposaient également leur propre interprétation du langage riche et personnel développé au fil de sa carrière par Alber Elbaz. Ce défilé collectif exceptionnel traduisait ainsi, mieux que tous les discours, l’amour et le respect que lui vouaient ses pairs, auxquels il aimait témoigner des gestes d’amitié et d’affection. “Love brings love”, son mantra, n’a jamais semblé si juste.
Par amour pour la mode, par sincère admiration de ses plus éminents talents, le créateur avait toujours voué un vif intérêt au Théâtre de la mode, l’exposition qui, en 1945, avait rassemblé les grands couturiers parisiens, qui, chacun, avaient signé des modèles réduits de robe pour cette manifestation. Ce moment de solidarité, suscité par les épreuves redoutables de la Seconde Guerre mondiale, résonnait fortement dans le cœur d’Alber Elbaz qui avait pour projet de le ressusciter un jour… et c’est finalement l’inverse qui s’est produit. Inspiré du Théâtre de la mode, le défilé collaboratif du 5 octobre a rassemblé des designers aux profils les plus divers, des pionniers comme Rei Kawakubo ou Dries Van Noten jusqu’aux jeunes Thebe Magugu et Grace Wales Bonner, prouvant à quel point l’empreinte du créateur est gravée dans l’histoire de la mode. De Jean Paul Gaultier à Demna Gvasalia, en passant par Pierpaolo Piccioli, Maria Grazia Chiuri, Anthony Vaccarello, Riccardo Tisci ou Virgil Abloh, tous les plus grands ont accepté de se prêter au jeu.
Inspirés par l’art du drapé, des volumes, des couleurs, ou encore par le nœud papillon qu’arborait toujours Alber Elbaz, les créateurs ont proposé des modèles très singuliers. Chez Dior, Maria Grazia Chiuri imagine une robe brodée de dessins réalisés à la main parmi lesquels se glissent les mots “I love you”. Tandis que Demna Gvasalia dévoile une spectaculaire robe- cape rose en taffetas de Nylon, Jean Paul Gaultier imagine, lui, une robe rouge à effet 3D composée d’une multitude de cœurs semblant jaillir de celle-ci. De son côté, Olivier Rousteing fusionne ses codes avec ceux de Balmain, dans une minirobe drapée dont les manches sculpturales évoquent un parterre de roses rouges – des ruchés d’organza de soie. Dries Van Noten, pour sa part, applique, sur un long manteau rouge, la silhouette d’Alber Elbaz croquée avec humour. Et, chez Lanvin, Bruno Sialelli rend hommage à celui qui, pendant quatorze ans, fut l’âme de cette maison, en imprimant en grand son visage souriant sur une aérienne robe à traîne blanche. Dans l’univers couture et fantasque de Viktor & Rolf, des cœurs immenses dessinent une aura d’amour sur tout le pourtour d’un long manteau en faux cuir. “Nous avons assisté à un dîner où Alber se voyait remettre une récompense”, explique le duo dans le très beau livre qui accompagnait le défilé. “Le mot qu’il a utilisé le plus fréquemment dans son discours était ‘amour’. L’amour de la mode, l’amour des gens, l’amour du savoir-faire… C’était comme un plaidoyer pour la douceur, dans un business sans merci.”
Dans ce livre abondent les témoignages émus des créateurs qui racontent, à travers leur propre expérience, toute la générosité dont Alber Elbaz a fait preuve envers eux. Giambattista Valli évoque les fleurs et le mot d’encouragement qu’il recevait de sa part avant chacun de ses défilés. Pierpaolo Piccioli se souvient avec émotion du “tablier de couturier” que lui avait envoyé Alber Elbaz avant son premier défilé solo pour Valentino : “Il avait pris le temps de décorer, de coudre et de broder un objet que je serais le seul à voir. Il n’attendait pas d’être sous les spotlights pour se montrer généreux : il l’était, point.” Maria Grazia Chiuri raconte le soutien qu’il lui avait apporté à une réception où elle se sentait perdue. “Une robe cœur s’est imposée, tant Alber en avait et en mettait dans toutes ses créations et ses collections”, résume, en une phrase parfaite, Jean Paul Gaultier.
“Love Brings Love” au Palais Galliera,
10 Av. Pierre 1er de Serbie, 75116 Paris
Du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h.