Le jour où Gianni Versace a créé les supermodels
Naomi Campbell, Cindy Crawford, Carla Bruni… Depuis les années 90, ces mannequins se sont imposés comme la référence du glamour et de la beauté. Au départ modèles pour les magazines, elles se sont finalement hissées sur les podiums des plus grandes maisons de luxe puis au sommet de la célébrité. Après un retour remarqué au milieu des années 2010, on les retrouve aujourd’hui sur les podiums, en couverture des magazines et, bien sûr, sur les réseaux sociaux. Retour sur ce jour où Gianni Versace a changé à jamais le monde des mannequins.
par Léa Zetlaoui.
Bella Hadid, Kaia Gerber, Kendall Jenner… ces icônes qui totalisent des millions de followers sur Instagram, défilent pour les plus grandes maisons, posent pour les plus beaux magazines et récoltent les meilleurs contrats. Leur vie glamour et ultra luxueuse, exhibée sans complexes, est ainsi scrutée par des fans partout à travers le monde, qui copient, commentent et analysent leurs moindres faits et gestes. Merveilleux outils d’amplification et d’accélération, les réseaux sociaux n’ont cependant pas inventé ce concept des mannequins-stars. Il faut en effet remonter au début des années 90 pour comprendre comment sont nés les supermodels, ces filles à la beauté sculpturale qui, aujourd’hui encore, fascinent le monde entier par leur physique hors du commun.
Le 30 octobre 1990, George Michael dévoilait le clip Freedom! ’90 réalisé par David Fincher. Inspiré par une iconique cover du Vogue britannique shootée par Peter Lindbergh, la pop star convie cinq mannequins pour sa vidéo : Naomi Campbell, Linda Evangelista, Tatjana Patitz, Christy Turlington et Cindy Crawford. Déjà célèbres pour avoir fait la couverture des plus grands magazines de mode, ces mannequins se font rares sur les podiums des défilés, qui privilégient les physiques plus menus et moins reconnaissables. “À cette époque, il y avait deux types de mannequins : ceux qu’on voyait dans les magazines et ceux qui défilaient sur les podiums. On a fait shooter Cindy [Crawford], Linda [Evangelista] par Richard Avedon, et quand Gianni a vu les photos, il m’a demandé : ‘Pourquoi ne pas mettre ces filles sur le podium ?’ Je lui ai répondu : “O.K., essayons !”, rappelait ainsi Donatella Versace dans un entretien accordé à Numéro. Début 1991, à l’occasion de son défilé automne-hiver 1991, Naomi Campbell, Cindy Crawford, Christy Turlington et Eva Evangelista s’illustrent ainsi lors de la Fashion Week, offrant un final magistral sur la fameuse musique de George Michael.
Au delà de l’impact culturel, faisant converger stars de la mode et stars de la musique, ce défilé transforma également la vie de ces mannequins, devenus désormais de véritables icônes dont les noms comme les visages sont partout. Entre contrats très juteux (Qui n’a jamais eu vent de cette phrase mythique de Linda Evangelista : “Je ne me lève pas le matin pour moins de 10 000$ par jour”?), lifestyle flamboyant étalé dans la presse, et carrière à la longévité exceptionnelle, les supermodels règneront pendant près de quinze ans sur la mode avant de décliner au milieu des années 2000. Leur grand retour sur le devant de la scène, c’est une fois de plus à Donatella Versace qu’on le doit. Pour son défilé printemps-été 2018, elle décide en effet de rendre un vibrant hommage à son frère assassiné vingt ans plus tôt. Pour l’occasion, elle convie Carla Bruni, Claudia Schiffer, Naomi Campbell, Cindy Crawford et Helena Christensen à clôturer le show, dans des robes lamé or dans le plus pur style de la maison. Il n’en fallait pas plus, Instagram aidant, pour relancer la machine.