Le Grand Numéro de Chanel au Grand Palais Ephémère : visite guidée de l’exposition consacrée au mythique flacon du N°5
Radical et avant-gardiste, le flacon du N°5, imaginé par Gabrielle Chanel en 1921, n’a eu de cesse d’inspirer les plus grands artistes, qui l’ont réinterprété à travers des œuvres audacieuses. Une trentaine d’entre elles sont à découvrir dans l’exposition Le Grand Numéro de Chanel.
Par Thibaut Wychowanok.
La sculpture en bronze chromé ne fait que 25 cm de hauteur mais irradie pourtant d’une force intemporelle. Puissant hommage à l’iconique N° 5 de Chanel, l’œuvre de l’artiste Sylvie Fleury, réplique à la même échelle du flacon, semble enfouir sous le métal l’insondable mystère de cette création exceptionnelle. Comme si le mythique N° 5 créé par Gabrielle Chanel en 1921 ne devait jamais révéler tous ses secrets. Intarissable source d’inspiration, des avant-gardes européennes au pop art, son flacon et son mystérieux chiffre 5 ont inspiré les plus grands artistes. La maison française en offre une démonstration brillante au Grand Palais Éphémère cet hiver, réunissant, au sein de l’événement Le Grand Numéro de Chanel, une trentaine d’œuvres produites entre 1927 et 2019 par Salvador Dalí, Andy Warhol, Robert Indiana, Laurie Simmons ou Sylvie Fleury, entre autres.
Celle-ci avait-elle connaissance de l’étui de voyage en nickel-chrome imaginé par Gabrielle Chanel dès la création du parfum dans les années 1920 ? La sculpture de l’artiste suisse semble lui rendre hommage, et célébrer la modernité folle de Gabrielle Chanel qui choisit un matériau industriel réservé au fuselage des avions pour transporter son parfum, entremêlant les univers féminin et masculin, du luxe et de la technologie, en véritable avant-gardiste.“Silhouette reconnaissable entre toutes, le flacon du N° 5 se voit réinvesti par Salvador Dalí dès les années 30”, explique Hélène Fulgence, directrice du patrimoine de la maison Chanel. “Le flacon se veut ici un concentré du génie de l’artiste.” Dans un photomontage de 1954, l’artiste apparaît même directement sur le flacon à travers sa moustache et son regard.
“Silhouette reconnaissable entre toutes, le flacon du N° 5 se voit réinvesti par Salvador Dalí dès les années 30”, explique Hélène Fulgence, directrice du patrimoine de la maison Chanel. “Le flacon se veut ici un concentré du génie de l’artiste.” Dans un photomontage de 1954, l’artiste apparaît même directement sur le flacon à travers sa moustache et son regard. Proche de Gabrielle Chanel, Dalí ne pouvait ignorer qu’elle s’était elle-même reconnue dans le N° 5 au point de considérer cette création comme son double olfactif et d’apposer
sur son bouchon le monogramme au double C, première apparition au monde du symbole.
Proche de Gabrielle Chanel, Dalí ne pouvait ignorer qu’elle s’était elle-même reconnue dans le N° 5 au point de considérer cette création comme son double olfactif et d’apposer sur son bouchon le monogramme au double C, première apparition au monde du symbole. Dalí s’amuse de cette gémellité entre un artiste et un parfum, et ouvre la voie à la personnification du N° 5. Cinquante ans plus tard, l’artiste Laurie Simmons dote le flacon d’une paire de jambes dans sa série Walking and Lying Objects.
Le N° 5 se voit incarné par une femme forte et libérée. Mais le N° 5, c’est aussi un chiffre, fétiche pour Gabrielle Chanel. Chiffre fort, puisque symbole du cinquième élément – la quintessence ou l’éther –, il insuffle à des artistes comme Oskar Schlemmer, membre important de l’école du Bauhaus, ou au célèbre peintre américain Jasper Johns des collages et des toiles fascinantes. Un 5 qui semble porter bonheur puisque le parfum, dévoilé le 5 mai 1921 (et ce n’est pas un hasard), s’est imposé en icône intemporelle qui n’a pas fini d’inspirer de nouvelles créations, à l’image de la récente et ludique Pompe à essence de parfum du Français Erik Salin.