20 oct 2022

Le glamour selon Yves Saint Laurent à travers 5 créations exposées à Paris

Connu pour ses fêtes et son incomparable sens du glamour, Yves Saint Laurent a marqué à jamais la mode de son regard d’esthète. À travers l’exposition Gold, les ors d’Yves Saint Laurent, le musée Yves Saint Laurent à Paris dévoile l’attrait de l’iconique couturier français pour ce précieux métal. Jusqu’au 14 mai 2023, l’institution invite à redécouvrir l’héritage foisonnant du créateur entre vêtements, bijoux, coiffes et pièces de mobilier.

Véritable obsession du couturier, l’or illuminait chacune des collections d’Yves Saint LaurentRéminiscence de son enfance en Algérie et de l’éclat du soleil qui réchauffait les paysages, cette couleur incandescente se déclinait en touches délicates sur des matières précieuses comme des brocarts ou des cuirs, des ornements comme des broderies et des boutons, mais aussi sur des total looks avec des créations en sequins ou lamé et des accessoires comme des bijoux fantaisie. Célébrant cette année les soixante ans de sa première collection, le musée Yves Saint Laurent à Paris invite à redécouvrir l’héritage foisonnant du couturier à travers une exposition chronologique fascinante autour de l’or, au sein de laquelle la fête et l’opulence sont à l’honneur. Numéro a sélectionné cinq pièces de cette flamboyante exposition.

Collaboration avec Claude Lalanne, collection haute couture automne-hiver 1969 ©Matthieu Lavanchy ©Musée Yves Saint Laurent Paris

1. Les bijoux de Claude Lalanne pour la collection Yves Saint Laurent automne-hiver 1969-1970

 

Yves Saint Laurent admirait beaucoup le travail de Claude Lalanne. “Ce qui me touche en elle, c’est d’avoir su réunir dans la même exigence l’artisanat et la poésie. Ses belles mains de sculpteur semblent écarter les brumes du mystère pour atteindre les rivages de l’art”, déclarait-il à la presse à propos de la sculptrice. Quand le couturier invite cette artiste à collaborer à sa collection automne-hiver 1969-1970, elle fascine déjà le Tout-Paris avec ses sculptures surréalistes et oniriques, et leur travail aboutira à un rapprochement entre mode et art d’un genre nouveau. À cette occasion, Claude Lalanne conçoit des bijoux de doigts précieux, décorés de fleurs et de feuilles délicates, ainsi que des pièces particulièrement étonnantes : des moulages du ventre et de la poitrine de la mannequin Veruschka, qui viennent orner des robes en mousseline vaporeuses (inspirées des costumes de scène du ballet Lamentation imaginé par la chorégraphe Martha Graham en 1930). 

Robe de soirée portée par Violeta Sanchez, collection haute couture printemps-été 1981 ©Yves Saint Laurent ©Droits réservés

2. La robe du soir “Time To Shine” de la collection Yves Saint Laurent haute couture printemps-été 1981


 
Le soir doit briller, sans cela il serait un peu ridicule…” déclare Yves Saint Laurent. Accompagné de sa cour composée de muses et d’artistes parmi les plus en vogue de l’époque, le couturier faisait de la nuit un refuge sauvage où les folies étaient légion. La fin des années 1960 voit en effet fleurir des lieux branchés où le microcosme de la mode aime se réunir. Au cœur de ces nouveaux temples de la jouissance, comme Chez Régine et le Privilège, qui bouillonnent d’une joyeuse effervescence, chacun peut exprimer librement sa personnalité et son style. À la fin des années 70, toute la faune des branchés parisiens se réunit au Palace, où défilent des silhouettes aux couleurs vitaminées illuminées de strass et de paillettes. Une vie nocturne clinquante au sein de laquelle cette robe issue de la collection haute couture printemps-été 1981 a toute sa place. Portée par l’actrice Violeta Sanchez lors du défilé, cette création à manches chauve-souris bouffantes et aux épaules dénudées est propice à hypnotiser tous les dancefloors par les jeux de lumière or et carmin obtenus grâce à son tissu lamé précieux. 

Robe de soir long, collection haute couture automne-hiver 1986, photographiée par David Bailey. ©Yves Saint Laurent ©Nicolas Mathéus ©David Bailey

3. La Robe-Bijou de la collection Yves Saint Laurent haute couture automne-hiver 1966-1967


 
Cette pièce éblouissante a inspiré l’idée même de cette exposition. Issue de la collection haute couture automne-hiver 1966-1967, cette Robe-Bijou, intégralement ornée de sequins, se voit rehaussée d’un plastron et d’une ceinture de pierreries rouge rubis, vert émeraude et bleu saphir. Une robe qui évoque les costumes de l’actrice Elizabeth Taylor, dans le film Cléopâtre réalisée par Joseph L. Mankiewicz (1963), au sein duquel elle incarne la dernière reine d’Égypte. Capturée pour le magazine Vogue Paris par le photographe et réalisateur britannique David Bailey, en décembre 1966, cette robe se voit immédiatement propulsée au rang d’œuvre d’art. Derrière cette photo se cache d’ailleurs une savoureuse anecdote : c’est en effet lors du shooting de cette robe qu’Yves Saint Laurent rencontre pour la première fois l’actrice française Catherine Deneuve (qui deviendra l’une de ses muses), alors que celle-ci était en couple avec le photographe David Bailey.

Coiffe tressée, collection haute couture automne-hiver 1966-1967. Fils et chaînes de métal, passementerie et perles de plastique. ©Yves Saint Laurent

4. La Coiffe Tressée de la collection Yves Saint Laurent haute couture automne-hiver 1966-1967


 
Du noir moderne. Je l’allume toujours avec de l’or en boutons, en ceinture, en chaîne”… et pourquoi pas, également, avec des coiffes majestueuses ? En clôture de son défilé haute couture automne-hiver 1966-1967, Yves Saint Laurent coiffe en effet la mannequin d’une longue tresse ornée de chaînes dorées, de passementerie et de perles nacrées. Portée avec une robe de mariée en brocart et galons brodés, cette fascinante pièce évoque les cheveux blondis par le soleil brûlant, doux souvenir de la jeunesse du couturier à Oran, la ville algérienne où il est né. Rappelant la chevelure de la Vénus de Botticelli ou celle de Titien, Yves Saint Laurent invoque un imaginaire nourri par la littérature et les arts. 

Broche “épi de blé” signée de Loulou de la Falaise. ©Yves Saint Laurent

5. Les Bijoux “épi de blé” de Loulou de La Falaise pour Yves Saint Laurent


 
Les accessoires, c’est l’autre manière de s’habiller Saint Laurent” déclarait Loulou de La Falaise, la  célèbre mannequin franco-britannique qui fut l’une des muses du couturier et sa créatrice de bijoux. En effet, Yves Saint Laurent ne dessinait jamais de vêtements sans leur associer de bijoux. Entourée d’artisans tels l’orfèvre Goossens ou le parurier Roger Scemama, Loulou de La Falaise conçoit donc avec des bijoux fantaisie qui ponctuent les silhouettes du couturier de touches dorées. Amatrice de vintage et d’inspirations antiques et orientales, celle qui a dessiné les bijoux d’Yves Saint Laurent de 1972 à 2002 compose des collections en rupture totale avec la haute joaillerie de la place Vendôme. En témoignent ces légères broches à l’allure d’épis de blé revêtus d’or, symbole de réussite. Ces épis de blé étaient une obsession du couturier. Il était courant d’en trouver dans chaque pièce de son studio de création un épi de blé, tels des petits talismans protecteurs signes de chance et de protection. 
 


 

 

 “Gold, les ors d’Yves Saint Laurent”, jusqu’au 14 mai 2023 au musée Yves Saint Laurent, Paris 16e

Loulou de la Falaise, habillée d’un ensemble de soir issu de la collection haute couture automne-hiver 1988. Photographie d’Arthur Elgort, 1988. ©Arthur Elgort