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Saint Laurent : un défilé puissant face à la tour Eiffel
Ce lundi 29 septembre 2025, la Fashion Week printemps-été 2026 s’ouvrait avec son premier grand rendez-vous : le défilé Saint Laurent, présenté face à la Tour Eiffel. Retour sur un show éloquent, signé du créateur de mode belge Anthony Vaccarello.
© Stephane Cardinale – Corbis/Corbis via Getty Images.
par Léa Zetlaoui.
Publié le 30 septembre 2025. Modifié le 2 octobre 2025.
Saint Laurent, Paris et la tour Eiffel
Sans aucun doute, Anthony Vaccarello aime brouiller les codes de la féminité. Les héroïnes qu’il met en scène ne sont jamais celles que l’on attend. Leur style et leur allure se métamorphosent au fil des silhouettes, comme c’est aujourd’hui le cas avec ce défilé Saint Laurent printemps-été 2026.
Cette complexité évoque parfois la Belle de jour de Luis Buñuel (1967). Quoi de plus inattendue que cette bourgeoise devenue prostituée pour tromper l’ennui, incarnée par Catherine Deneuve, muse d’Yves Saint Laurent ? Mais Vaccarello convoque aussi, plus largement, le mythe de la Parisienne : une femme fatale fantasmée, insaisissable, qui n’aurait jamais besoin de forcer son charme.
Ce lundi 29 septembre 2025, Saint Laurent retrouvait le cadre mythique de la Fontaine du Trocadéro, et sa Tour Eiffel scintillante, pour un défilé des plus spectaculaires. Numéro vous raconte ce premier show majeur de la Fashion Week printemps-été 2026 à Paris.

Un jardin d’hortensias YSL
Composé de l’entrelacement des initiales du fondateur, le logo YSL est l’un des plus célèbres de l’histoire de la mode. Dessiné en 1961 par l’artiste-peintre d’origine ukrainienne Cassandre, ce logo mythique est indissociable de la maison, dont il partage l’histoire depuis les premiers jours. Délaissé pendant quelque temps par Hedi Slimane – directeur artistique de 2012 à 2016 –, il est réhabilité par Anthony Vaccarello. Un retour sur le devant de la scène qui contribue à rendre définitivement le logo YSL culte.
Et pour ce défilé printemps-été 2026, il revêt une dimension romantique, tandis qu’il se transforme en un décor floral d’hortensias blancs. On pense alors à Laetitia Casta en bikini de roses fraiches au défilé haute couture printemps-été 1999. Si l’actrice française ne prendra pas part au show de ce soir, nombreuses sont les célébrités à venir peupler ce jardin des délices parisiens. À commencer par Madonna et sa fille Lourdes Leone, mais aussi Charli xcx, Renée Zellweger et Charlotte Rampling. Enfin, on retrouve également les muses Saint Laurent que sont Kate Moss, Hailey Bieber et Zoë Kravitz.

Une collection printemps-été 2026 multifacette
Chaque collection Saint Laurent, Anthony Vaccarello semble s’inscrire dans une quête d’absolu. Le créateur belge pousse souvent le curseur de l’audace et de la rigueur, tandis qu’il propose un nombre très restreint de styles. Et ce, sans jamais tomber dans l’ennui ou la répétition. D’ailleurs, c’est là une des facettes de son talent. Pour ce défilé Saint Laurent printemps-été 2026, le créateur belge explore trois silhouettes distinctes – mais pas forcément opposées.


Du cuir insolent façon Mapplethorpe
Après avoir inspiré la collection homme automne-hiver 2025, Robert Mapplethorpe se voit une nouvelle fois citée pour cette collection femme. Et, tandis qu’en 1983, le sulfureux photographe américain shootait une campagne pour la maison, on retrouve ici des références à son style comme à son œuvre. Ainsi ce défilé s’ouvre-t-il sur des femmes en armures de cuir à la carrure 80’s. On remarque de discrets détails que l’on pourrait facilement qualifiés de BDSM. Parfois, elles troquent leur veste pour des blouses blanche épaulées, dont les lavallières rappellent les nœuds des robes de bal. L’allure est puissante, la démarche conquérante. Le tout se veut en total rupture avec la poésie du décor.


Le retour de la silhouette Rive Gauche
Puis viennent les trenchs et robes en tissus parachutes aux couleurs vives, réminiscences des créations Rive Gauche. Pour rappel, cette ligne lancée par Yves Saint Laurent en 1966 contribua fortement à démocratiser le prêt-à-porter. Fabriqués en série, les vêtements se simplifient : une petite révolution qui contribua à l’émancipation des femmes à cette époque. Soixante ans plus tard, on observe un retour inquiétant de la tradwife, notamment sur les réseaux sociaux, devenus un terrain fertile pour des idées conservatrices que l’on pensait oubliées. Dans ce contexte anxiogène, ces silhouettes légères et colorées, délicieusement mystérieuses et nonchalantes, offrent un souffle de liberté.


Robes dramatiques pour allure effrontée
Enfin, dernier acte du défilé Saint Laurent printemps-été 2026 : des robes de princesses volumineuses, dont le tissu technique balaie tout risque de désuétude. Si Anthony Vaccarello évoque la duchesse de Guermantes, personnage de Marcel Proust, ou la célèbre Madame X de Sargent (1883-1884), c’est une autre figure qui s’impose à notre esprit : Marie-Antoinette. Actuellement célébré au Victoria & Albert Museum, le style de la dernière reine de France incarne la parfaite héroïne dramatique. D’ailleurs, on imagine parfaitement ces robes apparaîtrent dans le film anachronique de Sofia Coppola (2006). Pour contrebalancer cette préciosité régalienne surannée, à mille lieux des codes Saint Laurent, les mannequins débarquent sur le podium à vive allure. Derrière elle, les pans de leurs robes flottent au rythme de leurs pas.
Les looks du défilé Saint Laurent printemps-été 2026

















































