Le créateur Alber Elbaz, star d’une exposition dans la ville de son enfance
En avril 2021, Alber Elbaz s’éteignait à l’âge de 59 ans. Le créateur de mode israélien, passé par Guy Laroche, Yves Saint Laurent, puis la direction artistique maison Lanvin pendant quatorze ans – qui lui valut une notoriété internationale – avant de créer son propre label AZ Factory, a marqué l’histoire de la mode par ses créations glamour et son esprit facétieux. Du 15 septembre 2022 au 25 février 2023, sa carrière est retracée par sa plus grande exposition à ce jour au Design Museum de Holon, la ville qui l’a vu grandir au sud de Tel-Aviv.
Par Matthieu Jacquet.
Créateur du rêve applaudi aux quatre coins de la planète pour son immense talent autant que son humour et sa générosité, Alber Elbaz est actuellement à l’affiche d’une seconde exposition depuis sa disparition en avril 2021 des suites du Covid-19. Après le Palais Galliera à Paris, qui accueillait au printemps dernier dans ses espaces l’intégralité des pièces du défilé-hommage rendu au designer par l’équipe de son propre label AZ Factory ainsi que 44 confrères et maisons de mode du monde entier telles que Jean Paul Gaultier, Balmain ou encore Saint Laurent, c’est au Design Museum de la petite ville de Holon, située dans la banlieue sud de Tel-Aviv, que l’on peut désormais parcourir les moments forts et émouvants de sa riche carrière entamée à la fin des années 80.
Inaugurée cette semaine et prévue pour durer jusqu’à la fin février, cette nouvelle exposition intitulée “Alber Elbaz: The Dream Factory” – inspirée par une expression du créateur – entre en écho direct avec sa vie : après sa naissance à Casablanca, Alber Elbaz a en effet grandi à Holon puis a étudié à l’école de mode Shenkar à Ramat Gan, sa ville limitrophe. C’est donc au cœur de ce pays qu’est né son intérêt pour la mode, avant que le jeune homme ne quitte son pays pour New York avant de s’installer Paris, où il fera ses armes chez Guy Laroche, Yves Saint Laurent et enfin Lanvin, dont il assurera la direction artistique pendant quatorze ans entre 2001 et 2015. Un travail qui lui apportera une reconnaissance internationale.
Si l’exposition “Love Brings Love” au Palais Galliera se concentrait sur la soixantaine de pièces du défilé-hommage présenté début octobre 2021 au Carreau du Temple, “Albert Elbaz: The Dream Factory” propose un aperçu plus complet de la carrière du créateur qui avait fait des rêves le cœur de ses inspirations. Au sein du bâtiment tout en courbes du musée imaginé par le designer israélien Ron Arad et inauguré en 2010, on découvre plus de cent pièces dont la majorité a été réalisée pour son label AZ Factory, lancé en 2020 dans le groupe Richemont. Fusionnant savoir-faire couture et technologie, ces pièces se démarquent par leur apparence aussi glamour que confortable, pensée pour sublimer toutes les femmes.
Riche de nombreuses archives, entre photographies rares, dessins de mode et objets personnels du créateur tels que son célèbre nœud papillon ou ses lunettes de vue Maison Bonnet, l’exposition dresse le portrait d’un homme facétieux et talentueux, qui aimait raconter des histoires à travers chaque collection. Témoin de sa vision de la féminité puissante et flamboyante et de son art du drapé, la robe dorée Lanvin arborée par l’actrice Meryl Streep trône par exemple au sein de cette exposition devant un décor argenté. Dans une autre salle baptisée “Food for thought” – littéralement présentées comme “de la nourriture pour réfléchir” –, une table de dîner accueille des saillies du créateur, projetées sur des assiettes vierges. Une manière originale de retranscrire le sens de l’humour unique d’un homme qui a autant marqué la mode par ses créations que son intelligence.