L’artiste Laurent Grasso enchante la nouvelle campagne Louis Vuitton avec Lisa et Saoirse Ronan
Photographiée par Steven Meisel, la campagne Louis Vuitton printemps-été 2025 met en scène la chanteuse Lisa et l’actrice Saoirse Ronan dans des décors inspirés par la peinture de la Renaissance. Des créations inédites de l’artiste français Laurent Grasso, invité à collaborer sur plusieurs modèles de la collection.
Par Matthieu Jacquet.
Laurent Grasso, artiste invité sur la collection Louis Vuitton printemps-été 2025
Le 2 octobre dernier, dans la cour Carrée du Louvre, le défilé Louis Vuitton printemps-été 2025 se clôturait avec une image éblouissante. Après des dizaines de silhouettes riches en rencontres d’imprimés, en cuir d’exception et en coupes inspirées par la mode de la Renaissance, trois mannequins apparaissaient vêtues d’amples chemises à manches courtes flamboyantes. Sur leur surface irisée, on apercevait alors des paysages picturaux crépusculaires : des étendues d’eau rencontraient des ciels chargés, marqués par des percées de lumière. Réalisées par Laurent Grasso, ces imprimés venaient alors parachever un vestiaire pour le moins éblouissant. Quelques mois plus tard, c’est donc en toute logique que l’artiste français intervient sur la campagne de cette même collection printemps-été 2025, en imaginant cette fois-ci son décor.
Une campagne avec Lisa et Saoirse Ronan sous l’objectif de Steven Meisel
Photographiée par Steven Meisel, la campagne dévoilée ce mercredi 15 janvier met en scène deux stars : la chanteuse thaïlandaise Lisa, du célèbre groupe de k-pop Blackpink, et l’actrice américano-irlandaise Saoirse Ronan (Lady Bird, Les Filles du docteur March), aperçue plus récemment dans les films The Outrun et Blitz. Vêtues de pièces et accessoires phares de la nouvelle collection – on retiendra la robe-chemise rayée à manches bouffantes, le manteau cintré en cuir noir, ou encore les sautoirs sertis de pierre semi-précieuses –, les deux femmes apparaissent chacune au premier-plan d’un décor peint par l’artiste. Sur l’un, on discerne un étang bordé d’arbres et éclairé par une lumière douce, sur un autre, une mer et une falaise rosies par le soleil se couchant à l’horizon.
Baignés d’une aura atmosphérique, ces décors renvoient immanquablement à la tradition picturale du paysage, que l’artiste (né en 1972) n’a pas hésité à se réapproprier. Dans sa série au long cours Studies into the Past, entamée en 2009, Laurent Grasso imite, tel un copiste, le style de grands maîtres de la peinture des 15e et 16e siècle – de Fra Angelico à Brueghel l’Ancien – en représentant à l’huile sur bois des scènes en pleine nature. Dépeuplés et désormais dépourvus des récits et symboles religieux qui caractérisaient les tableaux de ses aînés, ces tableaux prennent sous le trait de son pinceau une toute nouvelle dimension, plus romantique et contemplative.
Des décors inspirés par les grands peintres de la Renaissance
Très inspiré de la Renaissance pour la collection printemps-été 2025, le créateur Nicolas Ghesquière a vu cette collaboration avec Laurent Grasso comme une évidence. Passionné d’histoire de l’art, le directeur artistique de Louis Vuitton femme aime comme lui jouer avec les époques et croiser des références pour construire de nouveaux univers. Ainsi, face aux décors peints par Grasso, on peut également penser aux vues de nature dépeintes par des grandes figures de la peinture classique du 17e siècle telles que Nicolas Poussin et Claude Gellée, dit “Le Lorrain”. La brume légère qui opacifie l’horizon et le grain de la surface appuient d’ailleurs, sur ces créations inédites pour Louis Vuitton, l’impression de profondeur dans le paysage.
Laurent Grasso : un artiste qui capte la part invisible du monde
Depuis ses débuts il y a une vingtaine d’années, Laurent Grasso pense ses œuvres comme des “machines” à travers lesquelles regarder le monde. Qu’il s’agisse de vidéos, d’installations, de dessins ou de peintures, souvent inspirées par la nature et les phénomènes physiques, celles-ci captent leur part d’invisible et d’impalpable afin de créer des situations ambiguës, entre rêve et réalité. On pense, par exemple, à son film Anima, dévoilé au Collège des Bernardins en 2022, récit aux portes du fantastique dans une forêt sombre. Au fil d’un lent travelling, on croisait entre les arbres un nuage étrange, des étincelles de feu, ou encore des renards fugaces…
Il y a deux mois, le plasticien dévoilait une collaboration avec un autre fleuron du groupe LVMH : une édition limitée de la montre Octo Finissimo, modèle iconique de la maison Bulgari – là aussi nimbée de la magie qui lui est propre. Dans un an et demi, il inaugurera son projet d’envergure pour le plafond de la toute nouvelle gare Châtillon–Montrouge au sud de Paris : un ciel en trompe-l’œil, là aussi inspiré par les peintures de la Renaissance, réalisé en tandem avec l’architecte David Trottin. Autant de domaines et de supports qui permettent à l’artiste français d’étendre son imaginaire sans borne.