La Moda Povera d’Olivier Saillard : l’émouvant hommage haute couture à sa mère
Dans le bâtiment des Archives nationales, le couturier français Olivier Saillard présente un morceau de sa propre histoire : les vêtements de sa mère, disparue il y a deux ans, qu’il a décousus, recousus et transformés en de nouvelles tenues.
Par Camille Bois-Martin.
Olivier Saillard présente sa 5e collection de Moda Povera aux Archives Nationales
La précision du geste. Du geste des ateliers haute couture, du geste d’Olivier Saillard qui ajuste un vêtement, et des gesta racontées par cette présentation : la chronique des étapes de la vie de la maman du couturier, Renée, disparue il y a deux an et, à qui il dédie cette collection. “Ses vêtements sont restés de longs mois orphelins dans une armoire” raconte-t-il au début de sa performance, “dans le grenier, gisaient des générations de jupes, de manteaux.” Une “assemblée de corps inertes” dont le créateur s’est emparé afin de les transformer, avec les techniques de haute couture, en de nouveaux ensembles plus contemporains. Ainsi, un drap brodé aux initiales de sa mère, devient une chemise drapée, des mouchoirs se transforment en gants, la doublure d’une jupe en robe… La garde-robe de sa maman reprend vie sans elle, pour lui rendre hommage.
Loin de la frénésie du défilé Schiaparelli qui se tenait au Petit Palais la veille ou de la magie du show Chanel organisé la même journée, la présentation de la dernière “collection” du Studio Olivier Saillard plonge sa poignée d’invités dans une temporalité allongée : près d’une demi-heure de présentation contre les dix petites minutes habituelles. Mais c’est le parti-pris d’Olivier Saillard, historien de la mode et ancien directeur du Palais Galliera, depuis ses débuts dans la couture en 2018 entamés avec sa première collection de “Moda Povera”. Inspiré par l’arte povera, mouvement d’avant-garde des années 60 qui privilégie une économie de moyens et de matériaux dans la création, il imagine des collections apparement simples mais techniquement complexes – à l’image de son défilé haute couture de 2019, pour lequel il présentait une collection de tee-shirts blancs.
La couture par Olivier Saillard, un hommage émouvant à sa maman
Dans le salon ovale de la princesse du précieux hôtel de Soubise, écrin des Archives Nationales depuis 1808, il présente ainsi sa cinquième collection de “Moda Povera”, imaginée et créée à partir des vêtements de sa mère. À l’intérieur du bâtiment, ni horde de photographes ni musique mais une seule mannequin, Axelle Doué, assistée d’Olivier Saillard et d’une personne récitant à voix haute les descriptions de chaque ensemble. Vêtue d’un justaucorps, de collants et d’une paire d’escarpins noirs, elle enfile et retire devant les invités les trente ensembles imaginés par le couturier qui, entre chaque changement de tenue, revient ajuster une jupe, fermer un bouton et recoiffer tendrement la modèle, incarnation de sa maman le temps de la présentation.
“Mélancolie des cols”, “Archives d’armoires”, “Monarchie des manches”, “Cadastre intime” : chaque look possède un titre et une description poétiques, écrits par le couturier et récités lors de la présentation. Pour un manteau transformé en cape et une jupe en robe, le texte de la collection décrit “un manteau long en tweet sablier réduit en cape d’espoir sculptée, doublure de satin brique conduite en robe d’après-midi, manches perdues”. Axelle Doué parade devant les invités, fait le tour du salon ovale, prend la pose… le tout trente fois. Puis Olivier Saillard, ému, revient saluer une foule toutes aussi secouée au sein de laquelle se trouvaient ses soeurs, bouleversées par le spectacle.
Olivier Saillard présente sa 5e collection de Moda Povera aux Archives Nationales
La précision du geste. Du geste des ateliers haute couture, du geste d’Olivier Saillard qui ajuste un vêtement, et des gesta racontées par cette présentation : la chronique des étapes de la vie de la maman du couturier, Renée, disparue il y a deux ans et à qui il dédie cette collection. “Ses vêtements sont restés de longs mois orphelins dans une armoire” raconte-t-il au début de sa performance, “dans le grenier, gisaient des générations de jupes, de manteaux.” Une assemblée de tissus désincarnés dont le créateur s’est emparé afin de les transformer, avec les techniques de la haute couture, en de nouveaux ensembles plus contemporains. Ainsi, un drap brodé aux initiales de sa mère devient une chemise drapée, des mouchoirs se transforment en gants, la doublure d’une jupe en robe… La garde-robe de sa maman reprend vie sans elle, pour lui rendre hommage.
Loin de la frénésie du défilé Schiaparelli qui se tenait au Petit Palais la veille ou de la magie du show Chanel organisé la même journée, la présentation de la dernière “collection” du Studio Olivier Saillard plonge sa poignée d’invités dans une temporalité allongée : près d’une demi-heure de présentation contre les dix petites minutes habituelles. Mais c’est le parti-pris d’Olivier Saillard, historien de la mode et ancien directeur du Palais Galliera, depuis ses débuts dans la couture en 2018 entamés avec sa première collection de “Moda Povera”. Inspiré par l’arte povera, mouvement d’avant-garde des années 60 qui privilégie une économie de moyens et de matériaux dans la création, il imagine des collections d’apparence simple mais techniquement complexes – à l’image de son défilé haute couture de 2019, pour lequel il présentait une collection de tee-shirts blancs.